Interrogé par un journaliste sur les attaques de Washington envers Téhéran et sa clémence envers Riyad, un fonctionnaire du département d’Etat s’est trouvé en grande difficulté, gardant le silence pendant vingt longues secondes.
Au cours d’une conférence de presse à propos du récent voyage de Donald Trump en Arabie saoudite, Stuart Jones, secrétaire d’Etat-adjoint pour le Moyen-Orient, s’est trouvé en grande difficulté. Alors qu’un journaliste de l’AFP l’interrogeait sur les critiques très sévères formulées par l’administration américaine à l’encontre de l’Iran, ce haut responsable s’est figé pendant 20 secondes avant de bredouiller une réponse, visiblement très déstabilisé par la question qui venait de lui être posée.
«Le Secrétaire d’Etat [Rex Tillerson] a critiqué la conduite des élections iraniennes et le rapport de l’Iran avec la démocratie en présence des hauts dignitaires saoudiens : comment qualifieriez-vous le rapport de l’Arabie saoudite à la démocratie et pensez-vous que la démocratie soit un obstacle à la lutte contre l’extrémisme ?» Mettant en avant l’apparente incohérence des exigences démocratiques de Washington, qui semblent dépendre de ses interlocuteurs, la question pointait du doigt un aspect délicat de la diplomatie américaine. Pour autant, la gêne dans laquelle elle a plongé Stuart Jones a de quoi surprendre… et devrait rester dans les anales.
Après 20 secondes de silence impassible, le haut responsable a finalement repris ses esprits, sans toutefois dissimuler l’embarras qui était le sien : «Euh… Euh… Je dirais qu’à l’occasion de cette rencontre, nous avons pu progresser de manière sensible avec les Saoudiens et nos partenaires, puisque nous avons fait une déclaration forte contre l’extrémisme mais aussi… aussi en mettant en place certaines mesures qui nous permettrons de combattre l’extrémisme.»
Il a conclu en assurant que l’Iran constituait une «menace terroriste», cette dernière émanant par ailleurs d’«une des composantes de l’appareil d’Etat non-responsable devant les électeurs». Il n’a pas non plus directement répondu à la question sur la démocratie en Arabie saoudite, une monarchie absolue héréditaire.
Dans son discours du 21 mai à Riyad devant les représentants d’une cinquantaine d’Etats à majorité musulmane, Donald Trump s’en était violemment pris à l’Iran qu’il accusait de «soutenir le terrorisme»,pour le grand plaisir des monarchies sunnites du Golfe qui redoutent l’influence de leur grand rival chiite au Moyen-Orient. «En attendant que le régime iranien montre sa volonté d’être un partenaire dans la paix, toutes les nations dotées d’un sens des responsabilités doivent travailler ensemble pour l’isoler», avait-il notamment déclaré.