Scolarisé à la maison, Domenic Johansson a été retiré de la garde de ses parents, qui tentent depuis sept ans de le récupérer. Le 25 juin 2009, la famille Johansson prend place dans un avion qui doit les emmener jusqu’au pays d’origine de Mme Annie Johansson, l’Inde. La police suédoise les interroge au commissariat de l’aéroport d’Arlanda. La mère de Domenic se confie au Daily Mail : « Une femme est entrée et nous a affirmé que les services sociaux voulaient parler avec Domenic pendant dix minutes. Il n’est jamais revenu après cela ». Ils apprendront par la suite que leur fils a été placé dans une famille d’accueil. Pour justifier cette décision, les autorités expliquent la cause : ses parents l’auraient privé de lien social et l’auraient délaissé car il n’était pas à jour dans ses vaccins.
Sept ans de recherche
L’attitude des parents dément ces accusations : ils ont tout fait pour récupérer leur enfant. Autorisés à le visiter deux heures par semaine jusqu’en novembre 2010, ils ont ensuite été interdits d’approcher leur fils unique. Même lors du décès de sa grand-mère, Domenic n’a pas pu revoir sa famille pour les funérailles. Ses parents en ont fait appel aux gouvernements suédois et indien, en vain jusqu’à présent. Domenic a désormais 14 ans, et il n’a pas vu ses parents depuis plus de cinq ans.
L’avocat de la famille Johansson, Ruby Harrold-Claesson, explique la série de refus par la posture de la Cour suédoise : « Cette Cour a eu de multiples opportunités de corriger une énorme injustice, et s’en est détournée à chaque fois. […] Même si elle revenait sur sa décision, elle aurait commis un mal irréparable ». La Cour européenne des droits de l’homme a, quant à elle, refusé de se saisir de cette affaire, laissant la famille démunie « brisée en un million de pièces », selon l’expression de Christer Johansson.
« Le gouvernement pense qu’il éduque mieux les enfants que leurs parents »
En juin 2010, un an après l’arrestation de Domenic Johansson, la pratique de la scolarisation des enfants à la maison a été interdite en Suède, sauf dérogation pour raison de santé, mais en réalité ces exceptions ne sont pratiquement jamais accordées. Les Suédois qui souhaitent continuer à pratiquer l’école à la maison doivent quitter le pays : « La Suède a fabriqué un nouveau genre de réfugiés politiques », déplore Jonas Himmelstrand, président de ROHUS, une association pour la scolarisation à domicile. « Fondamentalement, le problème est que le gouvernement suédois pense qu’il éduque mieux les enfants que les parents », explique-t-il.
Bientôt la crèche obligatoire ?
Jonas Himmelstrand témoigne de l’appel d’une mère de famille : alors qu’elle se rendait à la visite médicale des 18 mois de son enfant, elle a été encouragée à le mettre à la crèche. « Il en a besoin et vous avez besoin de travailler. » Il constate que les mères suédoises qui choisissent de rester au foyer sont mal vues, et que l’on commence à leur opposer l’argument que leurs enfants « ont le droit à la socialisation, en crèche ». Le « droit à la crèche », de même que le « droit à l’école » glisse vers une obligation, dénonce-t-il.