Les Champs-Élysées : lugubre, laide et mal-famée, c’est la pire avenue du monde !
Les Champs Élysées, dans la mythologie grecque, c’est un lieu où les âmes vertueuses profitent d’un repos éternel après leur mort. Seulement à Paris, l’avenue des Champs-Élysées a quelque chose d’un peu moins tranquille. Probablement l’endroit le plus lugubre de Paris.
Ah la plus belle avenue du monde, probablement l’un des lieux les plus connus de Paris. Si vous voyagez, c’est l’un des premiers mots que l’on vous citera lorsque vous évoquerez la France. Les Champs, la Tour Eiffel, la mode, et Dorcel.
J’ai moi-même été un inconditionnel de cet endroit mythique dans mon enfance : aller à Paris signifiait alors descendre les Champs et parcourir ses magnifiques boutiques : celle du PSG, puis la FNAC, puis (feu) le Virgin Megastore, puis le Quick. Le tout pendant de longues heures, parfois même le soir…
C’est donc avec une certaine nostalgie que j’ai appris en janvier dernier que j’allais revenir sur les Champs dans un cadre professionnel. Pourtant, j’ai vite déchanté : cette avenue est lugubre, laide et mal-famée. Explications.
La ligne 1, un fleuron qui ne fonctionne jamais
Quand on travaille sur les Champs-Élysées, il faut soit être très riche pour habiter dans le quartier, soit prendre le métro tous les jours pour s’y rendre. C’est le cas de 99% des salariés.
La ligne dédiée aux Champs pour les habitants de Paris, celle qui dessert le plus grand nombre de quartiers, c’est la ligne 1, un fleuron de notre industrie qui se conduit tout seul.
La RATP est très fière de sa ligne automatisée puisque toutes les stations le fanfaronnent. Le problème, c’est que “la Une” est un enfer à prendre au quotidien : le fonctionnement est paralysé par divers incidents techniques plusieurs fois par semaine, voire par jour.
Le système de fermeture des portes est totalement aléatoire : les Parisiens, qui ont comme grand jeu de monter n’importe comment dans le métro, se coincent régulièrement entre les deux portes, qui se ferment avec une violence inouïe. Elles sont lourdes et rien n’est prévu en cas de passage au moment de leur fermeture. Notre fleuron national n’est même pas foutu de concurrencer la technologie d’un vieil ascenseur…
Autre point noir : le freinage, qui est tellement violent que la RATP a du mettre des autocollants partout pour prévenir les usagers.
“Le freinage peut être brutal” indique le message : le terme “brutal” aurait pu être remplacé par “extrêmement dangereux” à voir le nombre de Japonais et de personnes âgées qui se cassent la gueule à chaque arrêt.
Quand le système d’arrêt d’urgence est actionné, on se croirait carrément embarqué dans “Space Moutain” entre la violence de l’arrêt, la lumière qui s’éteint et les cris des touristes. Un vrai bonheur…
La plus belle avenue du monde n’est qu’une succession de multinationales
Nous voilà enfin arrivés sur la plus belle avenue du monde. Il est 9h du matin, les éboueurs terminent leur travail, et vous découvrez la vue magnifique de l’Arc de Triomphe (en travaux depuis des mois, certes, mais ça reste beau).
Conseil à ce moment précis : gardez les yeux en hauteur et ne regardez surtout pas l’état de la rue : les pavés qui recouvrent les Champs sont défoncés de bas en haut, toutes les rues adjacentes sont dans le même état déplorable, et on peut vraiment se demander comment la mairie du VIIIe arrondissement peut laisser ce monument du tourisme dans un tel état.
Pour le reste, les serveurs font la gueule et pensent que le trottoir leur appartient. Il n’y a rien à voir à part des boutiques à la con. Peugeot, Celio, Disney, etc. La monde semble si triste quand sa plus belle avenue n’est qu’une succession de multinationales.
On ne va pas se mentir : travailler sur les Champs implique peu de fréquenter la rue en elle-même, puisqu’on est le plus clair du temps enfermé au bureau… Et heureusement, parce que les quelques rapports qu’on a avec l’avenue sont épouvantables.
Impossible de trouver un repas à un prix honnête le midi : un sandwich jambon-beurre au pain congelé coûte environ 5,70 euros, une formule en boulangerie avoisine les 10 euros, et un menu dans une saladerie tourne autour des 13 euros.
À ce tarif-là, je n’ai même pas eu le courage d’aller voir le prix des restaurants.
Une boutique de 100 m² se loue 80.000 euros par mois .
Sur les Champs, les commerçants ne sont pas là pour les Français qui travaillent mais pour arnaquer les touristes. Et n’allez pas croire que seules les petites enseignes se le permettent.
Voici une anecdote assez hallucinante sur le McDonald’s qui enfume quotidiennement ses clients : à l’entrée ils ont installé un McCafé, le mot «CAFÉ» est écrit en énorme, du coup tous les touristes y vont. Le café allongé y est facturé 2,60 euros alors que le même café ne coûte que 1,60 euro au comptoir.
De la même manière, les bornes (disponibles dans toutes les langues) surfacturent les McMornings en cumulant les articles au lieu d’appliquer le tarif des menus.
Un vrai scandale, mais pas autant que les bouteilles d’Évian 50 centilitres facturées à 3,25 euros l’unité. Et si vous saviez le nombre de touristes qui en achètent…
Une avenue qui n’a rien de rassurant
Voilà, vous venez de terminer votre journée de travail, c’est le moment de retrouver l’avenue pour rentrer à la maison. Travailler aux abords des Champs permet de scruter avec malice les putes en terrasse dans les bars de luxe. L’affaire Zahia n’a visiblement pas traumatisé les tenanciers à voir le nombre de jeunes femmes d’à peine 20 ans en compagnie de vieux messieurs en costume.
Sur votre route, vous croisez 60 camions de police, ce qui ne manque pas de vous rappeler que vous passez vos journées à l’endroit qui intéresse tous les terroristes ayant des projets en France. Une pensée vite évacuée en découvrant que votre open-space côtoie le bâtiment d’une ambassade exotique : j’ai par exemple la chance d’avoir l’ambassade du Pakistan comme voisin de derrière. L’Égypte, le Kazakhstan, ou encore le Qatar se trouvent aux alentours.
La police donc, est en surnombre. Elle protège les milliers de touristes qui marchent à deux à l’heure, massés les uns à côté des autres, et qui ne résistent jamais à l’envie s’arrêter au milieu du passage pour faire un selfie.
L’insécurité partout
De l’autre côté, on croise de nombreux Roms qui font signer leurs “pétitions”. Et, le soir venu, des racailles. Beaucoup : l’avenue devient particulièrement appréciée de de ceux qu’on appelle les “harceleurs de rue”.
Récemment, une journaliste d’une célèbre radio située dans le quartier m’a confié avoir peur en sortant du travail pour la première fois de sa vie. Une autre m’a raconté qu’elle passait toujours des coups de téléphone pour rejoindre le métro afin d’éviter d’être importunée.
Les zombies de la 1
Il est 20h, vous êtes exténué et votre rêve est de rejoindre un canapé confortable pour glander devant la Ligue des Champions. Oui, eh bien vous allez d’abord refaire un petit tour sur la ligne 1, et quelle surprise : un incident technique vient de se produire !
t donc collé-serré contre un cadre de la Défense que vous rentrerez chez vous. Vous pouvez deviner son haleine tiède glisser sur votre nuque. En face, une jeune femme se concentre sur un jeu pour smartphone en écoutant de la musique.
En dévisageant peu à peu la rame, vous vous rendez compte que vous êtes entouré de zombies. Des regards totalement vides, des mains qui s’accrochent mécaniquement aux barres, des gens dont on se doute qu’ils ne pensent à rien.
Et si on parlait un jour de l’état mental des salariés du tertiaire dans ce pays ? Tous les jours, je repère les hommes et les femmes que je soupçonne de se défoncer pour tenir le coup. Il doit y avoir plus de d’alcooliques et de cocaïnomanes sur la ligne 1 à 18h30 que dans une boite des Champs quelques heures plus tard.
Des roms et des flics comme dans une émission de TMC
Énorme surprise : le voyage se transforme soudainement en reportage de “90 minutes enquêtes”. Un gang de petites roms vient d’entrer dans la rame pour dévaliser les touristes chinois. Elles sont en train de travailler sous le regard de Parisiens écœurés mais impuissants. Que faut-il faire ? Prendre le risque d’intervenir ? Je me souviens alors de cette jeune femme violée dans le métro de Lille dans l’indifférence des autres usagers.
J’ai depuis longtemps opté pour une solution intermédiaire : j’indique aux touristes qui m’entourent de “please check your stuff” [“faites attention à vos affaires”], avant de quitter la rame dans un soupir.
Voilà, et vivement demain que ça recommence !