Quatre époques dans la vie d’une jeune femme, c’est ce qu’a choisi de montrer Arnaud des Pallières dans Orpheline. Il reprend à rebours la vie de son héroïne jouée à 27 ans par Adèle Haenel, à 20 ans par Adèle Exarchopoulos, à 13 ans par Solène Rigot et à 6 ans par la débutante Vega Cuzytek. Tour à tour directrice d’école poursuivie par son passé d’ex-détenue, jeune femme débordante d’énergie, adolescente fugueuse et gamine campagnarde…
Soucieux de brouiller les pistes, le réalisateur de Michael Kohlhaas (2013) s’est amusé à ne pas donner les mêmes prénoms aux différentes représentations de son personnage auquel il fait croiser les chemins de Gemma Arterton, Nicolas Duvauchelle et Jalil Lespert. POURQUOI ??
« Cette femme est orpheline parce que ses parents n’ont jamais compris ou su qui elle était », déclare le réalisateur qui s’est appuyé sur la vie de sa coscénariste, Christelle Berthevas pour écrire l’histoire de cette femme indomptable et pétrie de générosité.
Arnaud des Pallières n’a pas non plus joué sur une quelconque ressemblance physique entre ses comédiennes, ce qui rend une fois de plus son film particulièrement déroutant. « Je voulais la meilleure actrice pour chaque âge de l’héroïne. Les choisir sur le critère d’une ressemblance physique ne m’aurait pas permis d’avoir les meilleures », déclare-t-il.
Que l’on trouve le procédé fascinant ou agaçant, la singularité du projet ne fait aucun doute. On se laisse emporter dans la vie de cette femme que chacune des comédiennes modèle. On comprend progressivement ses origines et ses réactions au travers de ses différentes personnalités
« Un des objectifs du film est de donner une dignité à la quête sensuelle, sexuelle, amoureuse, sociale, politique de cette jeune femme », insiste le réalisateur qui met son héroïne à rude épreuve en lui faisant rencontrer des hommes qui la malmènent et l’obligent à conquérir sa liberté.
« Je voulais un film au plus près de la réalité, convaincu qu’une vraisemblance documentaire était gage de force et de durée. Que la caméra épouse le point de vue du personnage principal, pour renforcer la cohérence du jeu des quatre actrices », insiste-il. En sortant de la salle, le spectateur se surprend à imaginer quel quatuor il aurait choisi, lui, s’il avait été dans la peau d’Arnaud des Pallières.