Le Canard Enchainé révèle que Mathieu Gallet, ne s’est pas contenté de rénover son actuel bureau de président de Radio France. Lors de son passage à l’INA entre 2010 et 2014, Mathieu Gallet s’était déjà fait remarquer en dépensant 125 000 euros pour restaurer ses bureaux et près de 795 000 euros en frais de conseil.
“Sous le gallet, la plage est encore loin”. Dès les premières lignes de la page 3 du Canard enchainé, à paraitre ce mercredi, le ton est donné. Après la rénovation de son bureau évalué à plus de 100 000 euros, le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, est de nouveau la cible des révélations du Canard Enchainé.
L’hebdomadaire satirique révèle qu’avant d’atterrir au sein de la Maison Ronde, Mathieu Gallet s’était déjà fait remarquer lors de son poste précédent, celui de PDG de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) de mai 2010 à mai 2014: selon les résultats de l’enquête de l’Inspection génératle des finances cités par le Canard Enchainé, Mathieu Gallet aurait bien “laissé des traces de sa passion pour les beaux bureaux et de son penchant pour les chers conseillers en communication”. Et le journal d’énumérer ces dépenses : “Sitôt arrivé, en 2010, Sa Seigneurerie Mathieu commence par s’attaquer au bureau du siège de l’Institut, situé à Bry-sur-Marne. Cloison abattue, moquette changée et peintures refaites : et bim ! Il en colle d’emblée pour 60 269 (HT) au contribuable. Pour les meubles, il va faire ses emplettes chez Silvera, spécialiste du design : et bam ! encore 27 924 euros. Mais le nouveau venu ne s’arrête pas là. Rue de Patay, dans le XIIIeme arrondissement, où l’INA dispose d’une antenne parisienne, de menus travaux d’aménagement sont lancés : et boum ! 36 725 euros de plus. Montant total de la douloureuse : 124 918 euros rien que pour les bureaux!”
Interpellée par les révélations du « Canard enchaîné » sur le train de vie du jeune patron, Fleur Pellerin a réclamé une enquête administrative sur les frais de la présidence.
Après avoir dépensé sans compter pour la rénovation de son bureau et été démenti par son prédécesseur Jean-Luc Hees sur la date de signature des travaux, Mathieu Gallet peut-il rester au poste qu’il occupe ?
FLEUR PELLERIN. Ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Je comprends que les Français aient été choqués par ces révélations, qui interviennent à un moment où des efforts sont demandés à tous. C’est sans doute pour cela que le président de Radio France a présenté ses excuses aux salariés. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai demandé à l’inspection générale des finances d’examiner les dépenses de la présidence et du comité exécutif et de me rendre ses conclusions d’ici dix jours. Dans les périodes difficiles, il faut de l’exemplarité.
Radio France entame son treizième jour de grève et vous avez convoqué la semaine dernière son président. Qu’attendez-vous de lui ?
Les personnels sont inquiets. J’attends de Mathieu Gallet un projet stratégique clair qu’il doit me soumettre dans les prochains jours. Et j’attends qu’il discute sereinement avec les salariés de Radio France des réformes qu’il compte mener.
Il a évoqué des pistes d’économie dans la presse avant de vous en parler ou d’en discuter avec les partenaires sociaux. Comment avez-vous réagi ?
Il est nécessaire de retrouver un peu de sérénité et de méthode. Radio France a besoin d’une ambition, pas de mesures isolées, un jour sur Fip, un jour sur France Musique et le lendemain sur les orchestres… Il faut tracer des objectifs et les partager avec les 4 500 salariés de l’entreprise. La qualité du dialogue social a un impact majeur ensuite sur l’implication des salariés dans ces réformes.
Quelle est votre exigence concernant Radio France ?
Je suis très attachée à la singularité, l’audace et l’exigence de ce service public. Je souhaite que Radio France continue d’offrir un accès à la culture, à la musique, à la connaissance, au décryptage de l’actualité comme le fait, par exemple, France Info. Radio France est aussi un détecteur de talents musicaux, de The Do à Christine and the Queens. Je souhaite qu’elle poursuive sa politique culturelle ambitieuse, qu’elle reste une fenêtre d’exposition pour les intellectuels et les artistes. Et j’attends une stratégie étayée sur le numérique qui s’adapte aux nouveaux usages. Pas simplement sur les podcasts.
La dotation de l’Etat a diminué depuis 2012 et un déficit de 21 MEUR est annoncé pour 2015. Les réformes doivent être avant tout financières, non ?
Radio France a avant tout besoin d’un plan stratégique. Depuis 2012, nous avons stabilisé les moyens et stoppé la trajectoire folle d’augmentation de 13 % envisagée par le gouvernement Fillon en 2010 sans en prévoir le financement. On peut réformer sans demander plus d’argent aux Français.
Parmi les pistes d’économie, Mathieu Gallet a évoqué la suppression d’un des deux orchestres, un plan de départ volontaire de 200 à 300 personnes ou la suppression d’antennes comme France Musique, Fip ou le Mouv’. Y êtes-vous favorable ?
Comme beaucoup de Français, je suis très attachée à la diversité des antennes de Radio France. On a tous nos émissions préférées : « le Masque et la Plume », « les Petits Bateaux », « Sur les épaules de Darwin », les matins de France Culture… Mais ce n’est pas au gouvernement de faire ses choix, sinon nous serions revenus au temps de l’ORTF.
Trouvez-vous normal que le coût des travaux de rénovation de la maison ronde ait explosé, passant de 175 à 575 MEUR ?
Ces travaux, lancés en 2008, étaient nécessaires pour des raisons de sécurité et de santé à cause des risques incendie et de l’amiante. C’est un chantier difficile, qui a exigé le déménagement d’équipes entières alors qu’elles continuent à y travailler. On verra ce que la Cour des comptes en dira, dans le rapport qu’elle rendra public jeudi. Ce qui est sûr, c’est qu’il est temps d’en venir à bout.
Renouvelez-vous votre confiance à Mathieu Gallet ?
Ce n’est pas la question. La question, c’est l’avenir de l’entreprise. Avec le président de la République, nous avons souhaité redonner de l’indépendance à l’audiovisuel public en chargeant un organisme indépendant, le CSA, de la nomination de ses patrons et en assurant son financement par la redevance et non plus par des dotations budgétaires. C’est un choix politique. Je ne suis ni le CSA ni les salariés de Radio France, mais j’ai de l’ambition pour ce service public d’excellence.