La date butoir des dépôts d’offres de reprise de Desseilles Laces, un des derniers dentelliers de Calais, est passée depuis ce lundi. À moins d’un improbable retournement de situation, aucun repreneur ne se sera manifesté avant mercredi, ce qui entraînera le placement de l’entreprise en liquidation et la mise au chômage de ses 74 salariés. Ce serait à un coup très dur porté à un fleuron de l’artisanat français.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le déclin progressif de l’entreprise Desseilles Laces : cinq salariés protégés ont dû être réintégrés suite à une décision de justice alors que le contexte économique est particulièrement difficile, le secteur de la mode privilégie de plus en plus la broderie à la dentelle, la concurrence chinoise copie la dentelle tricotée qui représente la deuxième qualité de Desseilles Laces.
Renato Fragoli, employé historique de la société et représentant du collectif « Les oubliés de Desseilles » déclarait ainsi au Figaro : « Lorsque je suis arrivé à Desseilles, nous étions 500, aujourd’hui nous sommes 74 ». L’industrie de la dentelle employait 30.000 personnes dans les années 1950 pour 600 aujourd’hui.
L’Etat n’a rien fait pour sauver Desseilles Laces. L’entreprise a tout fait pour survivre suite à un placement en redressement judiciaire en 2013. Contrainte d’effectuer un plan de licenciement, Desseilles Laces dut se séparer de neuf salariés. Un plan approuvé par l’Inspection du Travail et le ministère du travail aujourd’hui contesté par une décision du Tribunal administratif de Lille en date de décembre 2015. Forcée de réintégrer cinq salariés protégés immédiatement et de leur verser des indemnités se chiffrant à 350.000 Euros, Desseilles Laces pourrait ne pas y survivre. Incroyable.
Lâchée par son actionnaire chinois, Desseilles Laces a lancé une campagne de financement participatif et une pétition. Résultat ? Un peu plus de 30.000 Euros récoltés. Pas assez pour maintenir l’activité. Président directeur général du groupe, Jean-Louis Dussart estime que « Les Français ne sont pas attachés à leur patrimoine ». C’est plutôt l’Etat qui n’est plus attaché à son patrimoine immatériel et à son industrie. La fin de Desseilles Laces sonnera le glas de la dentelle de Calais. La dentelle tissée constitue un savoir faire qui sera oublié. Un savoir faire français appartenant à notre culture nationale. Nous devons instaurer un patriotisme économique qui protègera notre exception culturelle.
Il est symbolique que cette fermeture ait lieu à Calais, ville assiégée par les migrants clandestins. Le gouvernement ne manque pas de mots pour témoigner de sa compassion à l’égard de personnes qui n’ont rien à faire sur notre territoire. Pour les Calaisiens, rien. Calais se paupérise, Calais perd son patrimoine. Est-ce encore une ville Française ?