1er Pocheton par Sarcelleslite!!!!

Une arme exhibée fièrement, des liasses de billets entre les mains, l’apologie de la drogue, de la violence et du sexe. Ce cocktail est fréquent dans le rap, mais un clip mis en ligne début janvier franchit un cap supplémentaire. Cette fois, ce ne sont pas des professionnels devant la caméra, mais des enfants de Sarcelles.Dans ce clip de cinq minutes tourné au coeur du Grand-Ensemble, les petits — une douzaine — jouent aux grands dealeurs, visent la caméra avec leur arme. Le morceau du groupe Sarcelleslite s’appelle « 1er Pocheton », expression qui définit un sachet en plastique contenant de la drogue. Il a été déjà visionné plus de 79 000 fois. Un record pour Treize K, une chaîne YouTube dont les vidéos affichent plus souvent quelques centaines de vues, voire beaucoup moins.

Les paroles sont provocantes. « Il faut se faire soseillo (NDLR : de l’oseille). Sors pas un taret, si t’as pas les c… de tirer. Ici, c’est sans pitié, on t’allume au mortier », lance un des gamins en rappant. Autour de lui, le groupe saute en exhibant des coupures de 20 € : « Sarcelles-lite, on fait le kiff, 9-5-2 on fait du biff, on fait des lletbi, on fait que des lletbi […] On te canarde, y’a pas de pitié, on vise pas les ieps (pieds), on vise la teuté (tête) », enchaîne un autre jeune assis devant le toboggan d’un espace pour enfants. Viens le couplet sur les femmes : « Dans le peura, je laisse des cetras, comme sur le c… à ta reuseu », lâche un jeune. Une « punchline » qui se traduit par : « Dans le rap, je laisse des traces comme sur le c… de ta sœur ».

Certains cagoulés font des roues arrière sur leurs scooters. A plusieurs reprises, les gamins font référence à la secte Abdoulaïe, le surnom d’un quartier de Sarcelles, qui avait déjà donné son nom au Secteur A, le célèbre collectif de rappeurs des années 1990 avec Passi et Stomy Bugsy. A la fin du clip, un adulte, capuche sur la tête, apparaît au milieu de la troupe de mineurs surexcités. « Demande à Manouch, le rebeu carlouche », s’amusent les jeunes. Sur YouTube, sous la vidéo, il se présente comme le producteur de ce clip et délaisse sa page Facebook. Contacté cette semaine, il n’a pas donné suite à nos appels.

Cette vidéo, où on a bien du mal à trouver une once de second degré, pose question. Les parents ont-ils donné leurs autorisations, obligatoires, pour que leurs enfants tournent le clip ? Une chose est sûre : les autorités n’ont pas été prévenues. « C’est scandaleux. Ce type de vidéo est inadmissible », tempête François Pupponi, député-maire (PS) de Sarcelles. « Nous allons saisir le procureur pour qu’il y ait des sanctions pénales exemplaires. On ne peut pas laisser faire ça. Il y a des gens qui font de l’argent avec ça. »

« Il faut visionner attentivement ce clip pour déterminer si des poursuites pénales peuvent être engagées, prendre en compte les propos qui sont tenus, déterminer de quelle arme il s’agit, si elle est vraie ou factice », précise pour sa part Yves Jannier, le procureur de Pontoise. Il évoque, comme procédure possible, les infractions liées à l’arme et à sa détention, mais aussi l’incitation à la débauche, l’apologie de crime.

Le deal, les armes… Les stars du rap français comme Kaaris ou Booba usent régulièrement de ces codes. Tous se défendent en avançant l’argument de la fiction. Un argument qui passe mal quand on mêle des enfants à cet univers.

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