Cette Wonder Wheel, soit, à peu près, la « roue merveilleuse » en français, renvoie à l’univers de la fête foraine et joue implicitement sur le thème de la roue du destin. L’action se déroule en effet dans le milieu des forains qui exerçaient leur métier sur l’île des loisirs de New-York, Coney Island, dans les années 1950. Le réalisateur vedette Woody Allen qui est, fait bien connu, un des très nombreux Juifs de New-York, a voulu évoquer sa fascination d’enfant pour ce monde de manèges et de boutiques de gourmandises. Or derrière la façade de la fête et les sourires contraints, la vie des forains est certainement difficile.
Quoique l’on pense du personnage, particulièrement controversé actuellement pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le cinéma, et du réalisateur, sa démarche est ici plutôt sympathique. Nous attirons l’attention des spectateurs sur le fait qu’il s’agit d’un drame, à la limite du drame social, et non d’une comédie, grande spécialité de Woody Allen.
Wonder Wheel, une vraie tragédie, un spectacle est indiscutablement réussi
Un couple de forains survit difficilement. Les affaires marchent mal. Lui (James Belushi) est un ancien alcoolique qui doit se surveiller en permanence et être surveillé par sa femme. Elle (Kate Winslet) va fêter ses quarante ans. Elle n’a pas envie de les célébrer, se sentant ainsi vieillir. Mais elle ne peut le dire directement à son mari, plein de bonne volonté, ni à ses amis. Nostalgique d’une union précédente brisée par son inconstance, elle se console avec un maître-nageur d’une plage voisine. Plus âgée, elle craint d’être abandonnée du jour au lendemain. Dans ce contexte, le fils, enfin le fils de madame qui ne reconnaît pas l’autorité de son beau-père, est perturbé ; il souffre de pyromanie, passion pour le moins dangereuse, totalement indéfendable… Comment le corriger ? C’est alors que survient la fille de monsieur (Juno Temple). Elle est l’épouse en fuite d’un gangster notoire. Ce dernier risque de ne pas apprécier et de la faire rechercher et ce d’autant plus, que, bavarde chronique, il lui est arrivé de parler à la police. Elle est hélas une morte en sursis, tout en se conduisant avec une insouciance formidable. Voici les nœuds du drame. Nous ne raconterons surtout pas le film, qui propose un certain nombre de développements logiques et de surprises.
Autour de gens simples, remarquablement interprétés par de grands acteurs, Woody Allen a composé efficacement une vraie tragédie. Il manque à Wonder Wheel un petit quelque chose pour faire un grand film, mais le spectacle est indiscutablement réussi.
Lu sur RITV