Que Roger Holeindre, chantre de notre belle devise : « Un drapeau, trois couleurs », étranger qu’il est à tout étiquetage ethnique ou religieux, ait ressenti le besoin – l’urgence – d’écrire un livre sous-titré Lettre ouverte aux Français musulmans, dit bien qu’il y a péril en la demeure…
Après avoir servi en Indochine, Roger sera au rendez-vous de l’Algérie française. Blessé grièvement lors d’un corps à corps, il aurait pu rentrer en métropole, se refaire la cerise et la santé, et penser un peu à lui. Cela aurait été mal le connaître.
Installé à Tébessa (la Théveste de saint Augustin), il va fonder un groupe inspiré du scoutisme : les Jeunesses françaises de Tébessa. Des dizaines de gosses ainsi répartis : 98 % de musulmans, 1 % de chrétiens, 1 % de juifs. Et ce conseil des parents des uns et des autres (et plus encore des parents musulmans) : « Fais-en des hommes, Roger ! »
Pour Roger Holeindre, patriote de l’espèce amoureuse, il n’y a justement pas – en France – des musulmans, des chrétiens, des juifs, des bouddhistes, des athées, mais d’abord – et avant tout – des Français. C’est la raison pour laquelle ce livre, La Réconciliation nationale – qui est aussi une lettre d’amour – n’est pas adressée « aux musulmans de France », mais aux Français musulmans.
C’est qu’il enrage – et qu’il n’en décolère pas – que des gosses, nés chez nous, élevés chez nous, avec nous, crachent sur la France. Lui, il a aidé des gens, quels qu’ils soient, quelles qu’aient été leurs origines et leurs religions, à s’en sortir. Né sur une terre chrétienne, il tend une main fraternelle à nos compatriotes musulmans en leur disant que l’appartenance à la nation française exclut le communautarisme qui, à terme, conduit à la guerre civile (aggravée pour le coup d’une guerre religieuse).
Il y a quelque chose d’émouvant dans ce cri – car Roger n’écrit pas, il canonne – où perce une infinie tendresse. Et aussi dans le souvenir, à la toute fin du livre, de ses camarades tombés – un drapeau, trois couleurs – sous les plis du tricolore : « Dinh, mon ami bouddhiste du 5e bataillon colonial des commandos parachutistes, tombé au Bavi en me sauvant la vie ; Brahim, mon ami de la harka de Lannoy, mort de façon affreuse, charcuté par le FLN pour avoir voulu rester français en rejoignant mon maquis ; Zouglach, fils d’un officier tcherkesse, au service de la France, rescapé d’Indochine, mort au Liban sous les tortures des tueurs palestiniens pour s’être rangé aux côtés des chrétiens et avoir refusé de renier la France. »
Ce livre est un avertissement sans frais. Avec des mots qui sonnent comme sonnait le tocsin quand l’ennemi approchait, qu’il était aux portes. Aujourd’hui, il est dans les murs, il est dans la place. Cette lettre doit être lue par les Français musulmans, bien sûr : elle leur est adressée. Mais pas seulement.
Editions Apopsix, 1, rue Lepilleur, 93120 La Courneuve.
Alain Sanders – Présent