Après le coup de tonnerre de la semaine dernière, beaucoup attendaient le Canard enchaîné de la semaine. Dans son édition du mercredi 1er février, l’hebdomadaire publie de nouvelles informations sur le « PenelopeGate ». Il affirme désormais que l’épouse de François Fillon, Penelope, soupçonnée d’emplois fictifs, a touché au total plus de 900 000 euros brut comme collaboratrice de son mari et à La Revue des deux mondes. Par ailleurs, le candidat de la droite à la présidentielle a rémunéré deux de ses enfants comme « assistants » parlementaires pour 84 000 euros brut quand il était sénateur de la Sarthe entre 2005 et 2007, affirme aussi l’hebdomadaire.
Après avoir évoqué la somme de « 500 000 euros brut » la semaine dernière, le Canard chiffre désormais à 831 440 euros brut la somme perçue par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari ou de son suppléant Marc Joulaud. Non pas seulement de 1998 à 2002, comme écrit la semaine dernière par la même source, mais aussi de 1988 à 1990. Marc Joulaud sera entendu mercredi 1er février par le parquet financier. L’épouse du candidat de la droite à l’élection présidentielle de 2017 a également perçu quelque 100 000 euros brut pour un emploi au sein de La Revue des deux mondes.
L’affaire Fillon, une catastrophe pour la France!
Pour Emmanuel Berretta, journaliste au Point, quel que soit le gagnant de la présidentielle en mai prochain, l’affaire plombe déjà le prochain quinquennat. Avec une crise de régime à venir.
La justice s’est emparée de l’affaire Fillon avec une célérité stupéfiante. François Fillon et ses proches soutiens y voient la main scélérate de François Hollande… Peu importe, si justice doit être faite, il faut qu’elle aille vite dans un sens ou dans l’autre. […]
Trois scénarios sont plausibles. Dans le premier cas, François Fillon résiste à la tempête, la justice traîne. Il avance blessé sous la mitraille nourrie de ses adversaires… Mais, tout de même, il se maintient dans le duo de tête et parvient, à 19 ou 20 %, à se qualifier pour le second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen. Il l’emporte le 7 mai. Avec un si faible score au premier tour de la présidentielle, c’est un président affaibli qui s’installera sous les dorures de l’Élysée. […]
Deuxième scénario : François Fillon ne se remet pas de cette tempête judiciaire, Emmanuel Macron lui dame le pion. Il apparaît alors comme le candidat de recours des réformistes de droite et de gauche. Le phénomène Macron se hisse au second tour sans vraiment éclaircir sa ligne politique « de gauche et de droite ». Face à Marine Le Pen, il triomphe. Mais que se passe-t-il aux législatives ? Avec qui peut-il gouverner ? Avec des candidats En marche ! issus de la société civile ? Avec d’anciens députés PS qui se seront collé l’étiquette Macron sur le front ? Avec des centristes qui auront fui – par opportunisme – la débâcle des Républicains ? Bref, c’est une majorité composite qui, éventuellement, se constituera autour d’Emmanuel Macron. […]
Enfin, il y a le scénario du Fraxit : la victoire de Marine Le Pen. Totalement exclue ? Le « plafond de verre » qui limite sa progression peut-il tenir longtemps dans un contexte où les scandales affaibliraient les partis traditionnels ? La crainte de perdre l’euro sera-t-elle suffisante pour retenir les votes ? Voyons le monde autour de nous : Donald Trump, populiste en chef, s’est imposé dans une démocratie comme les États-Unis. Partout, le vent du national-populisme souffle en Europe. Pourquoi la France serait-elle vaccinée à vie d’une rage révolutionnaire (car cela en serait une) ?
Pour l’ensemble de ces raisons, l’affaire Fillon est déjà une catastrophe pour le prochain quinquennat.