Lu ailleurs / I. Frankenstein (3D)

Présent

Par Pierre Malpouge

Le monstre est (toujours) vivant ! Souvent appelé, à tort, Frankenstein, le « monstre » de Frankenstein est apparu pour la première fois en 1818 dans le roman de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne.

L’histoire, tout le monde la connaît : un savant fou, le baron Victor Frankenstein, crée un être « vivant » à partir d’organes et de morceaux de cadavres prélevés dans les cimetières. Une « aberration » à laquelle il donne la vie par une nuit d’orage très… électrique. Mais, face à la laideur effrayante du résultat, le docteur Frankenstein, ayant perdu le contrôle de sa créature, abandonne celle-ci. Rejeté par tous, le « monstre », d’une force herculéenne et ne s’exprimant que par borborygmes gutturaux, décide de se venger et assassine le jeune frère du savant. Il lui promet ensuite de laisser les humains en paix s’il lui « fabrique » une petite « fiancée ». Le baron s’exécute mais détruit sa nouvelle créature au dernier moment. Coup de colère du « monstre » qui, pour se venger, assassine le meilleur ami du savant et sa fiancée. Fou de rage, Frankenstein poursuit sa créature jusqu’au Pôle Nord où elle termine son existence façon Hibernatus

De cette histoire, comme pour le mythe de Dracula, le cinéma s’est emparé et les dix doigts des mains ne suffisent pas à compter les nombreuses adaptations (une bonne trentaine) allant du film d’épouvante et d’horreur à la comédie en passant par la parodie.

Parmi les plus connus : Frankenstein (1931) de James Whale, avec dans le rôle du monstre Boris Karloff, suivi en 1935 par La Fiancée de Frankenstein, toujours de James Whale, avec toujours Boris Karloff dans la peau de la créature et Basil Rathbone dans le rôle du fils de Frankenstein.

Parmi les plus célèbres interprètes du monstre, outre Boris Karloff, citons Robert De Niro dans la version 1994 signée Kenneth Brannagh et, pour l’anecdote, Eddy Mitchell dans Frankenstein 90, une loufoquerie signée Alain Jessua (1984).

Quatre-vingt-trois ans après sa première apparition à l’écran, et après avoir pris la poussière notamment dans les rayons des productions de la Hammer, l’histoire de Frankenstein prend un sacré coup de jeune devant la caméra de Stuart Beattie.

Hibernatus

Dans cette version 2014, adaptée d’une BD de Kevin Grevioux, exit les écrous et les boulons, la tronche cicatrisée façon « Google Map », le mutisme et la lourdeur de la créature. Aujourd’hui, le « monstre », alias Adam, a un visage de gravure de mode, en l’occurrence les traits d’Aaron Eckhart. Quant à l’action, elle se situe de « nos jours ».

Or donc, Adam a survécu à sa « glaciation ». Athlétique, plus dynamique qu’un édredon et s’exprimant avec aisance, il parcourt la planète depuis deux cents ans et a appris toutes les subtilités de la vie. Bref, il se porte comme un charme et pratique le « kali », art martial qui consiste à se battre avec des bâtons.

Son chemin l’a mené jusqu’à une métropole gothique et crépusculaire. Plus exactement jusqu’à une « cathédrale » plus verrouillée qu’une porte de couvent pour jeunes filles et dont les gargouilles ne sont pas que des blocs de pierre taillée…

Recueilli par les occupants des lieux, il se retrouve être l’enjeu d’une guerre séculaire entre deux clans d’immortels : les « anges gardiens », qui l’ont recueilli, et les démons de l’Enfer. Une guerre dans laquelle il va être obligé de prendre parti s’il ne veut pas se faire perforer la carcasse. S’engage alors une bataille épique dont dépend la survie de l’humanité. Et ça va pas être du nougat…

Anges et démons ! Dans un fatras mystico-religieux, Stuart Beattie revisite le mythe du « Prométhée moderne » imaginé par Mary Shelley et nous sert, à grand renfort d’effets spéciaux et d’une bande son à vous déchausser les ratiches, un film d’action rondement mené – mais pas inoubliable – plus proche de la Dark Fantasy que du film d’horreur. Au final, un spectacle du genre « I. Popcorn » à des années lumières de l’œuvre originale.

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