Jean Rouch aurait eu cent ans en 2017. Auteur de 180 films tournés principalement en Afrique, Jean Rouch a lié le cinéma et l’ethnographie d’une manière unique. Entre ses mains, la caméra est devenue un nouvel outil d’investigation sur les hommes, leurs croyances, leurs imaginaires. Se moquant des prétentions à la neutralité de la science, Jean Rouch a assumé avec enjouement sa subjectivité et une relation de partage avec ceux qu’il filmait.
Son terrain d’étude avait beau se situer sur un autre continent : ses films Les maîtres fous (1957), Moi, un Noir (1959), Chronique d’un été (1960) ont résonné comme des coups de tonnerre dans le cinéma français à l’aube de la Nouvelle Vague. Toute sa vie, Jean Rouch est resté attaché à un cinéma léger, à des caméras mobiles et autonomes, et à un travail collectif qui faisait la part belle à l’invention au fil du tournage. Il préfigurait ainsi des pratiques de l’image qui sont les nôtres aujourd’hui.