Génération GAV : «Une génération entière se lève et se bat, uniquement pour défendre des valeurs»

Nouvelles de France a rencontré Marie, la jeune femme à l’origine du site “Génération GAV”.

Comment vous est venue cette idée ?

Cette idée a pris un certain temps à mûrir dans mon esprit et s’est élaborée au fil des événements. Le déclic fut sans doute l’épisode du 24 mars : je me suis retrouvée sur les Champs-Élysées auprès de centaines d’autres jeunes qui comme moi avaient soif d’être écoutés. Tous pacifiques. Mais rapidement gazés par les forces de l’ordre. Une partie d’entre nous, prise au hasard dans la foule, fut emmenée en garde à vue. J’y ai d’ailleurs échappé de peu. Notre seul crime : être demeurés assis, en chantant autour d’un feu… Comment ne pas être révoltés face à tel traitement ? Et cette révolte n’a fait que grandir lorsque nous avons appris grâce à internet que la répression violente du gouvernement ne s’arrêtait pas là, et que les gardes à vue et violences se comptaient par dizaines.

Bientôt, c’est une amie qui a subi la répression, financièrement, cette fois : tandis que seule elle attendait un ministre de passage à Lille, sans le moindre signe distinctif sur elle, elle eu droit à deux amendes de 90 euros pour des prétextes idiots. Son témoignage est visible sur notre site.

C’est à ce moment-là que j’ai pensé sérieusement à trouver un moyen de communiquer sur internet au sujet de toutes ces injustices. Restait plus qu’à savoir comment. Je connaissais le site internet “Un paquet de Gauloises”, épouses de militaires révoltées parce que leur mari ne recevait pas leur solde, et qui décidèrent de protester en inscrivant des messages sur leurs dos. C’est de là qu’est venue l’idée de faire des témoignages en image : nous sommes dans une société fort marquée par l’image, c’est pourquoi des photos peuvent avoir un impact important, et comme l’on dit souvent : “une image vaut mieux qu’un long discours”.

Pour ce qui est de la mise en place du projet, j’ai très peu de connaissances en informatique, c’est pourquoi j’ai fait appel à une équipe d’amis qui se sont fort investis pour la conception du site internet, notamment, et sans eux, le projet n’aurait jamais pu être mené à bien !

“Il est difficilement croyable de voir à quel point la presse est muette au sujet de la répression.”

Quel est votre objectif ?

L’objectif de ce site internet est d’essayer au maximum de toucher l’opinion publique par l’un des seuls moyens qu’il nous reste pour nous exprimer : internet. J’espère que ces images de jeunes gens sans histoire, ayant subi une peine totalement disproportionnée par rapport à leurs actes, pourront marquer les esprits.

Il est en effet difficilement croyable de voir à quel point la presse est muette à ce sujet. Pour ne parler que du 26 mai par exemple, partout l’on n’entend parler uniquement de policiers et journalistes blessés, sans évoquer une seule fois les gardes à vue totalement arbitraires, les nombreux manifestants blessés aux Invalides, et les violences physiques des policiers sur des manifestants par terre et sans arme. Pour faire éclater la vérité, nous n’avons donc plus qu’un moyen : internet, et heureusement, de nombreuses initiatives complémentaires s’en chargent.

Votre premier bilan ?

Il est difficile d’établir un bilan pour le moment, puisque l’entreprise vient d’être lancée. Tout ce que je puis dire, c’est que cela semble très prometteur, et que le concept enthousiasme beaucoup de monde : cela permet à chaque personne de participer au projet de la façon dont il le souhaite, le site n’a été diffusé que mercredi matin, et nous recevons déjà de nombreuses photos de gardés à vue !

Selon vous, l’époque que nous vivons est passionnante, inquiétante ou les deux ?

Jamais rien n’est tout blanc ou tout noir, donc je dirais un peu des deux, même si je penche davantage pour la première proposition. En effet, notre génération a été éduquée dans un monde individualiste et consummériste où chacun vit pour soi et où le bonheur consiste uniquement à s’acheter le dernier plaisir. Cette loi était bien sûr un pas en avant dans cet esprit de consommation à outrance avec la marchandisation du corps humain. Et c’est magnifique et enthousiasmant de voir qu’une génération entière se lève et se bat, non pas pour obtenir des droits personnels, mais uniquement pour défendre des valeurs, pour défendre une certaine idée qu’ils se font du monde, sans rien demander en retour. Vu sous cet angle, c’est évidemment passionnant, et peut-être que grâce aux événements récents l’on pourra enfin dire “Le changement, c’est maintenant !”

Bien sûr, on avance un peu vers l’inconnu, et ça a de quoi faire peur, de même que l’entêtement du gouvernement : jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour nous faire taire ?

Heureusement, nous ne sommes pas seuls, et ce chant qui s’élève depuis quelques semaines de toutes les villes de France et qui est devenu notre hymne nous le rappelle bien : “Même le plus noir nuage à toujours sa frange d’or”.

> le site de Génération GAV

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41 Comments

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  • Pierre A , 2 juin 2013 @ 16 h 41 min

    @Yaki : je pense, par exemple, qu’un PACS amélioré aurait été un bon compromis. Que cela aurait apaisé les manifestants, sans que le gouvernement ne perde la face.
    Cela n’a pas été fait, et pour le coup, des divisions, il y en a encore un peu plus dans notre société (on avait bien besoin de ça…)

  • Yaki , 3 juin 2013 @ 8 h 08 min

    @Pierre A
    Vous devez être un des rares de votre camp à pensez cela.
    La Bargeot a dû quitter le mouvement, car sa proposition d’union civile est rejetée par la majorité du mouvement.
    De plus, cette proposition est aussi celle de la Boutin. Ce serait louable si elle n’avait pas pesé de tous son poids, comme nombre d’électeurs de droite, contre l’union civile proposée par le candidat Sarkozy. Cette union, accompagnée d’un statut du beau parent, n’a jamais été présentée par l’ancien président pendant 5 ans, alors que cela faisait partie de son programme.
    Les opposants aux unions homos cherchent toujours à empêcher les homos d’être socialement reconnu dans leur couple.
    C’est toujours le minimum que les opposants veulent, parce qu’ils ne peuvent faire autrement, parce qu’ils se sentent forcer de concéder des choses. Il y a 14 ans, ces opposants ne voulaient pas du Pacs, maintenant, ils veulent bien d’un Pacs amélioré, voire une union civlle, mais pas du mariage.
    Pendant 5 ans, le projet de Sarkozy a été bloqué. si ce projet était passé, la question du mariage se serait certainement posée mais pas de la même façon; les opposants au mariage n’ont pas voulu de compromis pendant 5ans. ils perdent tous maintenant. Ils ont joué, ils ont perdu.

  • Blanc , 3 juin 2013 @ 11 h 52 min

    vous considérez cette loi “démocratique”??!! Renseignez-vous donc avant de parler!!

  • Yaki , 3 juin 2013 @ 19 h 47 min

    En quoi n’est-elle pas démocratique ?
    Parce qu’elle n’a pas été soumise au peuple, mais votée par ses représentants ?
    Mais c’est le cas de quasiment toutes les lois… Donc toutes nos lois ne sont démocratiques.

    Je n’ai pas entendu beaucoup de gens se plaindre que Nicolas Sarkozy avait réformé les retraites, alors qu’il avait qu’il ne le ferait pas parce qu’il n’avait pas le mandat du peuple pour cela.
    Cette démocratie là ne vous pose pas de problème, mais un président applique des promesses électorales qui ne vous plaisent pas n’est pas démocratique.
    Sans parler du blocage de la promesse de Sarkozy d’une union civile, accompagnée d’un statut du beau-parent, promesse bloquée par les opposants aux droits homosexuels.
    Nous n’avons décidément pas le même vision de la démocratie et de la dictature.
    Vous avez voulu ne rien céder pendant les 5 ans de Sarkozy, éviter de donner des droits “minimum”, et bien subissez en les conséquences en prenant en pleine gueule le “maximum”.

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