Après la longue période électorale qui vient de s’achever, la majorité des politiques s’apprêtent à prendre des vacances bien méritées. Sauf les malheureux qui doivent repartir au charbon pour deux élections cantonales partielles, comme à Brignoles, dans le Var, ou dans le canton de Munster, en Alsace.
Seul candidat de gauche, soutenu par le PS, Europe-Ecologie-Les Verts et le Front de gauche, le maire communiste de Brignoles, Claude Gilardo, est arrivé dimanche soir en tête du premier tour, avec 39,6%, devant le candidat du Front national, Jean-Paul Dispard (34,9%), qui avait été élu en mars 2011 avant de voir son élection invalidée.
Avec 25,4% des voix et moins de 12,5% des inscrits, la candidate UMP, Annie Giusti, n’est pas en position de se maintenir au second tour. Le report des voix de ses électeurs sera décisif et prend, aujourd’hui, valeur de test national concernant les rapprochements à droite.
A Munster, l’élection, en mars 2011, du conseiller général Pierre Gsell (Majorité alsacienne, proche de l’UMP) a été annulée par un arrêt du Conseil d’État. Au Front national, après un engagement derrière Marine Le Pen à la présidentielle et des législatives menées au pas de charge (20% dans la 2e circonscription du Haut-Rhin), c’est l’inoxydable Julia Abraham qui reprend du service pour cette cantonale partielle qui se jouera les 1er et 8 juillet.
Tout en commençant son job d’été ce vendredi, la jeune femme de 20 ans a précipitamment ressorti ses affiches et ses seaux de colle, puis remis des tracts dans sa besace avant de retourner arpenter les rues à la rencontre de ses concitoyens… Il y a un an, elle avait créé la surprise pour sa première élection, en passant au second tour de la cantonale avec 38,80% et en envoyant le candidat socialiste dans les choux.
Aujourd’hui, elle est clairement dans une logique d’implantation : « Je me présenterai à toutes les élections, même les plus petites, quels que soient les efforts à fournir et les contraintes à surmonter, jusqu’à ce que le Front national ait le nombre d’élus que je juge suffisant pour véritablement peser sur la vie politique de la région. Pour mon job d’été, si je suis occupée le jour, et bien je collerai la nuit et j’irai à la rencontre des gens après le boulot. »
Jouissant d’un fort capital sympathie dans la population et d’une notoriété croissante, elle a de bonnes chances d’améliorer son score, surtout après le psychodrame alsacien au centre duquel elle s’est récemment retrouvée.
Henri Stoll, conseiller général (Europe-Ecologie-Les Verts) du Haut-Rhin et maire de Kayserberg, a en effet été dénoncé dans la presse locale pour avoir osé… lui faire la bise ! Mi-amusé, mi-sérieux, le pervers pépère a fait repentance dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace : « J’ai fait une grosse boutade, immortalisée par un journal. C’est certainement mon côté strauss-kahnien : Julia Abraham est une belle femme et je lui ai dit qu’elle me donnait envie de lui faire la bise. »
Figure montante du FN, soutenue par Jean-Marie Le Pen, Julia Abraham pourrait profiter de cette nouvelle élection pour s’ancrer un peu plus dans ce qui, à terme, pourrait bien devenir un véritable fief.