Le classement des grandes fortunes du monde par Forbes s’accompagne d’une étude sociologique sur les riches. Plus qu’intéressante. Sur tous les tableaux, les résultats de la politique économique et sociale suicidaire que mènent depuis 40 ans nos gouvernements successifs se traduit clairement lorsque l’on compare les riches français à leurs homologues d’autres pays.
Si vous voulez rêver, c’est le moment. Forbes, associé à “Societe generale private banking” (ils doivent probablement mieux gérer l’argent de leurs clients depuis qu’ils ont anglicisé leur nom…) vient de publier le classement des grandes fortunes mondiales et, par la même occasion, un rapport complet sur leur structure et leur passé (background?). Réalisé à partir des données chiffrées détenues par Forbes Media dans le cadre de la publication des listes de grandes fortunes du magazine Forbes, ce rapport s’intéresse aux caractéristiques d’une population de 1 200 grandes fortunes issues de douze pays (ou régions) : l’Allemagne, le Brésil, la Chine, les Etats-Unis, la France, Hong-Kong, l’Inde, le Mexique, le Moyen-Orient, la Russie, le Royaume-Uni et Singapour. Afin de permettre une analyse complémentaire et qualitative de l’évolution de cette population, dix-sept interviews privilégiées ont été menées auprès de grandes fortunes issues des douze pays, chacune possédant un montant minimum de 60 millions de dollars US nets d’avoirs financiers disponibles.
Nous n’allons pas reprendre le classement que vous trouverez probablement dans toute la presse grand public, mais plutôt nous intéresser à deux aspects du rapport:
1) L’évolution géographique des grandes fortunes:
“La richesse mondiale ne se situe plus uniquement au sein des économies traditionnelles occidentales mais prend désormais en compte les marchés émergents. La croissance sans précédent de l’économie chinoise, l’expansion de l’Inde et la progression continue des marchés russe, brésilien et autres pays émergents, ont changé la nature des particuliers et des familles les plus fortunés de la planète”, nous indique l’étude.
“Les Etats-Unis détiennent le plus grand nombre de particuliers très fortunés mais la Chine (avec 115 grandes fortunes), l’Inde et la Russie (101 grandes fortunes) produisent plus de milliardaires que l’Europe occidentale. Ce phénomène marque un changement fondamental des caractéristiques sociodémographiques des grandes fortunes à travers le monde.” L’Europe poursuit son déclin. Le dynamisme, la réussite, l’envie d’entreprendre ne sont plus ses moteurs.
2) Qu’en est il de la France?
La France est représentée dans le club des riches. Sa particularité ne vient pas de là. Ce qui est spécifiques à la France, c’est la sclérosification de sa classe de riches. Seules 33 % des plus grosses fortunes françaises sont des “self-made men”, contre 67 % provenant d’héritages familiaux. Par comparaison, la proportion est de 100 % en Russie (bon, d’accord, après la terreur rouge qui a sévi pendant 74 ans, il n’y a guère de possibilité de transmission de fortune), mais 80 % des riches du Royaume-Uni sont des self-made men et 68 % aux Etats-Unis ! Étonnant, non, quand depuis des lustres, “on” nous justifie le système fiscal français (le plus lourd du monde) et la fiscalité de la transmission comme étant nécessaires à une répartition de la richesse ? Et bien non, le système français bouche inexorablement toute possibilité de “devenir” riche, sans empêcher ceux qui le sont de transmettre leur fortune à leurs descendants. A contrario, il apparaît que les pays disposant d’une fiscalité moins lourde et plus adaptée génèrent un dynamisme qui permet à certains de devenir riches, à d’autres de perdre leur fortune, bref, d’assurer une répartition naturelle de l’argent. Ajoutons à cela que la réussite de certains en motivent d’autres qui, à leur tour, se lancent dans l’entreprenariat. Cela crée un courant dynamique et vertueux.
Ah, n’ai-je pas parlé d’entreprenariat? C’est là une autre particularité des riches français selon l’étude Forbes/Soc Gen:
L’implication des fortunés français dans la gestion de leurs entreprises se révèle inférieure à celle de leurs homologues étrangers : 58 % en France, contre 93 % en Russie, 85 % en Chine, 76 % aux Etats-Unis et 71 % au Royaume-Uni. Ce n’est pas en créant des entreprises et de l’activité économique que l’on est riche en France! Mais cela, nous le savons bien. La politique menée par nos dirigeants depuis 40 ans a consisté à tuer systématiquement l’initiative économique et à vilipender chaque pauvre malheureux qui avait le tort de “réussir”. Signe révélateur, comptez le nombre de créateurs d’entreprise détenteurs de la majorité ou de plus de 33% des parts de leur entreprise au sein du MEDEF. L’institution du patronat français (qui d’ailleurs a changé de nom parce qu’il n’y avait plus de “patrons” en son sein) regroupe une bande de salariés superprivilégiés mais qui jamais, lorsqu’ils prennent une décision, ne jouent avec leur tripes. Notre économie est sclérosée parce que notre système fiscal et social empêche toute réussite. Cela se répercute sur toute la chaîne sociologique. L’ascenseur social est en panne.
Dernière particularité française: la moyenne d’âge de nos riches est la plus élevée : 74 ans, contre 65/66 ans aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et 49/50 ans en Chine et en Russie. Nos riches ont pu le devenir à une époque où subsistait une sorte de liberté. Et ce n’est pas avec les programmes électoraux que d’aucun nous présentent en ce moment que nous allons relever le défi de la relance et du dynamisme économique dans les années qui viennent…
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