Au cœur de cette élection historique de Donald Trump couvait une guerre entre deux systèmes médiatiques : les grands médias officiels et la « sphère » de l’Alt-Right qui a été caricaturée et violentée par les premiers. Alors que Barack Obama fut le candidat du premier système médiatique, unanimement acclamé, Donald Trump a été pour sa part le candidat des sphères alternatives : l’Alt-right et les réseaux sociaux.
Trump a été insulté par les mêmes qui avaient acclamé Obama. La trumpophobie est à la hauteur de ce que fut l’Obamalâtrie.
Cependant Trump a su exploiter le nouvel espace de liberté offert par internet. L’élection de Trump a été la révélation de la corruption de la grande presse. Cette élection a enfin permis de poser des questions restées trop longtemps en suspens : quel rôle joue la grande presse ? Est-ce aux médias de distribuer les bons et les mauvais points ? Est-ce aux journalistes de trancher dans le vif de l’éternelle dichotomie du bien et du mal ? Comment peuvent-ils avoir l’outrecuidance de ne plus assurer la neutralité, ou du moins l’équilibre, d’un espace de délibération démocratique partagé par tous ? Comment les médias ont-ils saboté la démocratie ?
C’est dans le pays le plus épris de liberté que la liberté s’est recréée. Les Etats-Unis existent et perdurent sur l’histoire de spectaculaires re-créations de la démocratie ; la vigilance s’est toujours imposée, pour le peuple américain, comme le prix à payer pour garder la liberté. La trajectoire des États-Unis commence en 1773, avec le refus de l’impôt sur le thé : la Boston Tea Party. La révolution de Jefferson (1800) balayant l’élitisme aristocratique de John Adams ; le soulèvement démocratique d’Andrew Jackson (1824) ; la révolution de Lincoln qui fonde le Parti républicain en 1858 – ce qui apporte aux États-Unis une nouvelle naissance dans la liberté (« a new birth in freedom ») – et les « révolutions » de Roosevelt (1932) et de Ronald Reagan (1980).
Il faut aimer la liberté comme seuls les Américains peuvent l’aimer et il faut saisir l’essence rebelle de l’histoire des Etat-Unis pour comprendre la naissance des mouvements comme le Tea Party ou l’Alt-Right.
Les médias et les appareils partisans dérivant inéluctablement vers la gauche et le politiquement correct, le peuple (« de l’Amérique profonde », disent les journalistes avec mépris) a recréé son propre espace démocratique.
L’Alt-Right est le miroir de la violence et du mensonge des médias dominants
Mis en lumière par l’élection de Trump, l’Alt-right est un mouvement irréductiblement Américain, qui se présente comme nationaliste et anti-establishment. Cette expression désigne la sphère de sites, de blogs, de comptes sociaux (Twitter, Reddit, 4chan) qui se sont développés grâce aux possibilités de communication quasi-infinies que permet internet.
Pendant la campagne présidentielle US, elle a rassemblée sous la figure de Pepe The Frog des milliers de trolls sur les réseaux sociaux qui ont harcelé des journalistes, ont lancé des rumeurs, des visuels, etc. : l’Alt-right sur internet, sans règles et sans pensée unique, c’est l’état de nature hobbesien 2.0, twitto twitti lupus. Internet a permis de renouveler la démocratie à sa manière. Vu de loin, les réseaux sociaux ont véhiculé des campagnes ultra-violentes. Mais ce n’est somme toute que l’exact miroir de la violence que la classe médiatique a déversé sur Trump et ses soutiens.
Dans l’Alt-Right, le rapport à la vérité est plus que ténu – c’est le règne de la post-vérité. Des milliers de fausses informations ont circulé, des faux montages, des fausses citations, etc. Rappelons toutefois que le vrai n’est pas non plus l’apanage des médias officiels, bien au contraire. Le nombre de mensonges, de présentations biaisée, de moqueries, de lynchages ou d’insultes pures et simples venant des grands médias équivaut largement à la violence déployée dans l’Alt-Right. L’Alt-Right est le miroir de la violence médias dominants.
Face à l’ampleur du phénomène, la stratégie journalistique et clintonienne du « fact-checking » a été un véritable échec.
Pepe The Frog a trollé une démocratie corrompue
Face aux « experts » et aux « sachants », l’Alt-Right a présenté une grenouille. Avec sa figure multimorphe, Pepe The Frog est le « troll » de la démocratie. Puisque le champ démocratique est verrouillé par les médias, qui n’assurent plus le moindre équilibre dans le débat politique, le peuple a dû lui-même “troller” la démocratique dans les espaces de liberté qu’il lui restait : les réseaux sociaux. Les utilisations de Pepe The Frog en politique joue sur le croisement entre l’ironie, de la moquerie et du ridicule. Pepe The Frog est « photoshopé » sur des situations historiques, comiques ; il remplace des têtes connues et s’invite dans toutes les sphères du pouvoir : au G7, à la Maison-Blanche, au Congrès, sur les Unes du Times ou du New-York Times. Il ridiculise les stars Américaines qui se sont mobilisés en grande majorité contre Donald Trump.
Pepe The Frog est l’allégorie d’un peuple qui se moque dorénavant de ce que les « sachants » – sondeurs, journalistes, bureaucrates, acteurs – disent, veulent ou imposent. L’histoire est plutôt ironique : les sachants et les puissants, qui considèrent le peuple comme ringard, se sont fait ridiculisés par une grenouille.
Trump a gagné parce qu’il s’est appuyé sur l’Alt-right
C’est parce que Donald Trump s’est explicitement appuyé sur ces réseaux anti-médias que ces derniers ont eu un rôle majeur dans la vie démocratique américaine. Les liens entre Donald Trump, le site Breibart et Stephen Bannon (aujourd’hui chef de la stratégie à la Maison-Blanche) ont légitimé l’Alt-Right. Trump en est même venu à publier des liens vers le très influent Reddit « The Donald » sur son propre compte Twitter et à poster des photos de “Pepe The Frog”.
“@codyave: @drudgereport @BreitbartNews @Writeintrump “You Can’t Stump the Trump” https://t.co/0xITB7XeJV pic.twitter.com/iF6S05se2w“
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 13 octobre 2015
Donald Trump a bien compris le potentiel de cette sphère anti-médiatique ; ses propres clips martelaient que ce qu’il faisait n’était pas une campagne électorale classique, mais un mouvement : une prise en main du peuple lui-même contre les élites. Dans la suite du Tea Party, ce mouvement issu du peuple rejette le pouvoir des idéologues – médias, artistes officiels, experts du pouvoir, qualifié d’oligarchie, et la tutelle des bureaucrates.
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Les grands médias sont devenus accessoires. Les médias dominants – désignés comme des FAKE news en sont réduits à commenter a posteriori les tweets du Président des Etats-Unis. Le peuple a un accès direct à son président. Donald Trump a rendu la médiation accessoire.
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Le populisme positif. Contrairement à la France rousseauisée, aux Etats-Unis le peuple n’est pas un concept abstrait, universel, qui a aussi peu de consistance qu’une idée. Avec l’élection de Donald Trump et la victoire de l’Alt-Right sur les médias traditionnels, le peuple Américain a rappelé aux sachants l’existence de la réalité. Cette élection a rappelé à tous qu’on ne peut jouer avec un grand peuple que jusqu’à un certain point. Et que le peuple trouve toujours des moyens de déconstruire le système de manipulation qui est mis en place. Cette élection a ouvert la voie à ce que l’on peut appeler le populisme positif.
Vivien Hoch,
Fondateur du Comité Trump France
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