C’est un événement assez exceptionnel qui vient de se dérouler Monténégro. Le 12 juillet dernier, le Parlement de ce pays des Balkans a voté une loi visant à réhabiliter l’ancienne famille royale.
Vendredi 22 juillet, le Premier ministre monténégrin, Igor Luksic, qui recevait le Prince héritier Nicolas, lui a déclaré : « je crois que l’adoption de la loi non seulement rectifie une grande injustice historique, mais prévoit une réhabilitation morale et historique de votre famille». Le Prince a quant à lui manifesté sa satisfaction : « je suis heureux de tout ce qui se passe aujourd’hui et je suis impatient de ce qui est à venir », a-t-il répondu à cette occasion.
Il ne s’agit pas seulement de l’abrogation d’une loi d’exil ou encore d’une loi spectacle visant à légiférer sur le passé. Non, le Parlement monténégrin a clairement choisi de renouer avec son histoire en permettant à l’ancienne famille royale de jouer un rôle institutionnel dans le futur, en donnant à statut spécial à ses représentants.
La famille Petrovic-Njegos :
La famille royale des Petrović-Njegos est issue de la descendance de Danilo Scepcev, prince-évêque du Monténégro. Cette famille construisit sa renommée dans la lutte contre les musulmans. D’abord prince-évêque, de 1696 à 1852, la dynastie s’est octroyée le titre de prince souverain en 1852, sous le règne de Danilo Ier. Le fils de ce dernier, Nikola 1er, a été couronné Roi en 1910. Faisant participer le Monténégro à la Première guerre mondiale aux côtés des alliés, le monarque n’en a pas été récompensé puisque son royaume fut annexé à la Serbie le 28 novembre 1918. Son fils, Danilo II lui succéda brièvement. N’ayant pas d’héritier, ce dernier transmit ses droits à son neveu, Mihailo Petrovic-Njegos, plus connu sous le nom de Michel du Monténégro, décédé en 1986. Ce dernier a épousé une française qui a donné naissance à l’actuel prince héritier, Nicolas Petrovic-Njegos.
Le Prince Nicolas, né en 1944, a découvert son rôle en 1989, date à laquelle le gouvernement monténégrin lui avait demandé l’autorisation de faire rapatrier les restes du Roi Nicolas Ier, son arrière grand-père.
Réhabilitation morale, financière et protocolaire :
La loi votée le 12 juillet par le Parlement monténégrin offre, fait inédit en Europe ces dernières années, une reconnaissance juridique des héritiers de la dynastie Petrovic-Njegos.
Le prince héritier et ses descendants pourront, à l’avenir, représenter l’Etat monténégrin dans certaines circonstances protocolaires. La loi reconnaît également la descendance mâle (et leurs épouses) du Roi Nikola Ier, tout en donnant à l’actuel Prince Nicolas le statut d’héritier, officiellement légitimité, de l’ancienne maison régnante du Monténégro. Le gouvernement va financer une fondation Petrovic-Njegos à hauteur de 4.3 millions d’euros sur les sept prochaines années. Le Prince héritier sera également doté d’un revenu mensuel correspondant à celui du Président du Monténégro. La famille aura le la possibilité d’utiliser certains édifices publics et le Prince Nicolas, architecte de formation, pourra construire une résidence sur un terrain qui lui a été donné à Cetinje, « capitale historique » du Monténégro et qui accueille aujourd’hui la résidence principale du Président de la République. Cette ville est d’ailleurs mentionnée à l’article 5 de la Constitution du Monténégro qui lui donne le statut « d’ancienne capital royale ». Voici un exemple de restauration de certains privilèges que l’on imagine assez mal en République française. Le Monténégro serait-il en avance sur son temps ?
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