Le salut viendra-t-il du Sud ? Après RMC, Sud Radio a décidé de donner la parole aux auditeurs, à tous les auditeurs. L’ancienne Radio des Vallées d’Andorre inaugurait mercredi devant la presse une grille renouvelée “à 80%”. La station généraliste dont le chiffre d’affaire s’est élevé à près de 10 millions d’euros en 2010 pour un résultat “à l’équilibre” semble bien décidée à crever le plafond des 1% même si la direction ne s’est pas fixé d’objectif chiffré. Elle espère “le maximum”, c’est-à-dire “gagner des bassins de population” (mission accomplie avec la nouvelle fréquence parisienne – 99.9 FM – sur laquelle émet “Sud Radio +”, “une société à part” mais aussi celles, récentes, de Clermont-Ferrand, Limoges, Marseille…) et “faire du mieux qu’on peut”. Un luxe que seul un groupe indépendant non côté en bourse comme “Sud Radio Groupe » (SRG, anciennement “Start”, propriétaire des stations Vibration, Ado FM, Voltage, Wit FM, Black Box, Latina et Forum) peut de nos jours se payer. Avec ses 180 salariés, il a réalisé 25 millions de chiffre d’affaire et 40 000 euros de résultat net en 2010, après une année 2009 “très difficile” et un “placement en sauvegarde ». SRG touche aujourd’hui 25 millions de Français dont 9 millions dans le sud-ouest contre une moyenne de 40 millions pour les autres généralistes.
Avec 450 000 auditeurs quotidiens, sa station phare Sud Radio a l’ambition de donner dans l’“anti-politiquement correct”, notamment grâce à “Mazet–Cardoze-Liberté de parole” chaque jour de 16h à 18h mais surtout à Robert Ménard, viré de RTL parce que trop “réac”, dans “Ménard en liberté” chaque matin de 7h à 8h30. Au menu de cette matinale : “Crise : faut-il faire casquer les Français ?”, “Faut-il brûler le pape ?”, “L’argent va-t-il sauver DSK ?” ou encore mercredi matin : “Montée de la violence : faut-il avoir peur ?” avec auditeurs remontés comme des coucous et invités prestigieux et politiquement incorrects à l’antenne… Une liberté de ton “sans commune mesure” avec celle que lui accordait “[ses] anciens employeurs” a expliqué Robert Ménard à midi dans les salons de l’hôtel Shangri-La, installé dans l’hôtel du prince Roland Bonaparte, avenue d’Iéna. Cette liberté de parole, “[il l’a] payée à RTL”. Et la direction de Sud de critiquer dans son sillage cette “liberté affichée” par les stations concurrentes mais que les faits ne vérifient pas et “l’autocensure” des animateurs et des journalistes. Avec cette nouvelle formule, “nous allons sentir où sont les limites de la liberté d’expression en France”.
Quelques journalistes parisiens présents ont dû avaler de travers quand Ménard a promis des débats “pas uniquement entre points de vue convenables”. Mais, prévient-il, contrairement à RMC, “[il ne donnera] pas systématiquement raison aux auditeurs”. “Si un auditeur dit une connerie, je lui dirai : ‘vous dites une connerie’ ». Pas de populisme donc, mais “aucune opinion interdite sur Sud Radio” car selon l’ancien Président de Reporters sans frontières, “il n’y a pas d’opinion qu’on ne puisse pas entendre”. Pour autant, Ménard assure qu’il respectera “toutes les lois” : “je peux combattre ces lois et prendre acte qu’elles existent”. “On restera dans la légalité” promet-il avant de glisser qu’il trouve “une partie de cette légalité tout à fait scandaleuse”.
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