Le Château de Coucy (Picardie) offre une attraction supplémentaire cette année. A l’occasion des fêtes pascales, le Centre de monuments nationaux a décidé d’organiser des jeux de piste dans certains domaines qu’il gère. Le Château de Coucy se prête à cette initiative. Nous avons interrogé Gaspard Kools, qui accueille les visiteurs dans la forteresse et qui réside à Coucy depuis près de 20 ans : « l’activité consistera à organiser un jeu de piste pour les enfants de 5 à 12 ans. Ils disposeront d’un livret incluant un questionnaire. La visite leur fournira des éléments de réponse à l’aide de panneaux qu’ils trouveront sur le site. L’idée est de faire découvrir Coucy de façon ludique. » Le nombre de visiteurs attendus semble appréciable si l’on en croit notre interlocuteur : « à partir du moment où cela se déroule un dimanche avec un temps favorable comme c’est le cas actuellement, on peut imaginer qu’il y aura du monde, d’autant plus que les activités sont gratuites et l’entrée également pour les moins de 26 ans. »
« Roi ne suis, ni prince, ni duc ni comte aussi, je suis le sire de Coucy »
Au-delà de l’initiative pascale, Coucy est également un lieu important du patrimoine français. Cet ensemble fortifié du XIIIème siècle a fait fort parler de lui en son temps. Il s’agissait, à l’époque de l’une des plus grande place forte d’Europe. Les seigneurs de Coucy avaient également quelques ambitions, entrant ainsi en conflit avec la Couronne à l’occasion de la régence de Blanche de Castille au XIIIème siècle. La fameuse devise des Coucy, « roi ne suis, ni prince, ni duc ni comte aussi, je suis le sire de Coucy », a longtemps été considérée comme le symbole des ambitions de cette famille. Cependant, lorsque l’on aborde le sujet avec Gaspard Kools, il nous corrige en affirmant « qu’il s’agit d’un jeu de mot entre les verbes « être » et « suivre », cela signifiait que le seigneur de Coucy voulait être indépendant en son domaine et pas qu’il comptait ceindre la couronne ».
Paradoxalement, la période la plus active en construction n’a laissé aucune trace dans les archives. Il faut attendre la fin du XIVème siècle avec Enguerrand VII de Coucy, qui vécut sous le règne de Charles V, pour trouver mention du château avec des pièces comptables. Pendant la guerre de 100 ans, Coucy a été successivement assiégé par les Bourguignons et occupé par les anglais. Le château est incorporé au domaine royal sous Louis XII, à la fin du XVème siècle.
De cette période date le déclin du château fort avec l’adaptation de l’enceinte à l’artillerie qui modifia l’architecture de celle-ci lorsqu’il fallu par exemple percer des canonnières. Une garnison royale était présente sur le site mais, à l’époque de la Fronde, le gouverneur de la place va résister aux troupes de royales envoyées par le Cardinal Mazarin et la forteresse fut démantelée. Les ducs d’Orléans, depuis Philippe, frère de Louis XIV, jusqu’à Philippe-Egalité deviennent apanagistes des restes de la seigneurie. Philippe-Egalité sera le dernier seigneur du lieu.
« Je renonce à te peindre Coucy, je t’en parlerai Il est comme l’Ongle au bout d’un doigt »
(Victor Hugo, lettre à son épouse)
A la veille de la Révolution cependant, il ne restait pas grand-chose du château. A la Restauration, Louis Philippe rachète les ruines du château et les remet en valeur. Tout au long du XIXème siècle, Viollet-le-Duc et d’autres architectes essaieront de préserver le château sans pour autant le restaurer.
Le poète Victor Hugo, en faisant ses ballades en Picardie en 1835 disait à sa femme : « je renonce à te peindre Coucy, je t’en parlerai Il est comme l’Ongle au bout d’un doigt » (Le donjon du château prolongeant ses remparts, se présentait comme tel au poète.)
Voila un lieu qui méritait bien que l’on s’y arrête déguster des œufs de Pâques. « Le public de proximité se réapproprie le monument et le touriste de passage se dit que Coucy est un lieu très sympathique », n’hésite pas à nous lancer notre interlocuteur.
Nul doute que les visiteurs qui feront le déplacement ne seront pas déçus.