En exclusivité, Nouvelles de France publie cet extrait de L’euro, les banquiers et la mondialisation : L’arnaque du siècle, le nouveau livre de Nicolas Dupont-Aignan qui doit paraître début avril :
Vous connaissez le scandale Mediator ? Voici le scandale « France trésor » !
Même silence coupable, mêmes conflits d’intérêts, mêmes conséquences dramatiques.
Comme le Mediator, le système euro est un médicament qui tue ceux qu’il prétend soigner.
Comme le Mediator, ceux qui autorisent et évaluent sont aussi ceux qui profitent.
Comme le Mediator, les puissances d’argent et les autorités censées les réguler se tiennent par la main, puis se renvoient mutuellement la responsabilité.Comme le Mediator, tout le monde savait depuis longtemps mais laissait faire et se taisait. Jusqu’au jour où il fut impossible de cacher le nombre des victimes.
Jusqu’au jour où un survivant put enfin parler, au nom de ceux, trop nombreux, qui avaient disparu.
(…)
Dans un modèle de « conflit d’intérêt », que la France fait mine de pointer du doigt depuis le scandale du Mediator, il existe une agence de l’État, sous l’autorité de Bercy, qui s’occupe de placer la dette de la France sur les marchés internationaux des capitaux. Cet organe public français, officiel, porte un nom tout symbolique, mais qui apparaîtra à de nombreux Français quelque peu contradictoire : c’est l’agence France trésor. Pour les membres de ce noble établissement, les deux mots résonnent bien ensemble, pourtant. On aurait peut-être même dû l’appeler France magot ! Cette instance abrite une brochette du nec plus ultra de la finance française et mondiale, dont chacun jugera de la parfaite impartialité. La mission – impossible – consiste pour ces grands banquiers à «gérer la dette et la trésorerie de l’État au mieux des intérêts du contribuable», tout en feignant d’oublier qu’ils appartiennent chacun, d’abord et avant tout, à l’une de ces mêmes banques qui n’a rien à gagner à ce que la dette en France s’amenuise ! Qu’on en juge à la lecture de la composition du comité stratégique, chargé « en particulier de donner sa lecture propre des principes qui gouvernent la politique d’émission de l’État et la gestion de sa trésorerie, ainsi que de se prononcer sur les pratiques en cours et les éventuelles évolutions à venir » (voir : www.francetresor.gouv.fr) :
Président :
M. Jacques de Larosière
Ancien gouverneur de la banque de France et conseiller du président BNP ParibasMembres :
M. Peter R. Fisher
Co-responsable de la gestion obligataire chez Blackrock (fonds spéculatif américain, de ceux que Nicolas Sarkozy dit pis que pendre lorsqu’il lui prend de les morigéner !)
Ancien sous-secrétaire du trésor américainM. Jean-Louis Fort
Ancien secrétaire général de la commission bancaireM. Francesco Giavazzi
Professeur d’économie à l’université Bocconi (Milan)M. Jean-Pierre Halbron
Ancien directeur général adjoint d’AlcatelM. Emmanuel Hau
Membre du directoire de la compagnie financière Edmond de RothschildM. Philipp Hildebrand
Vice-président de la direction générale de la banque nationale suisseM. René Karsenti
Président exécutif de l’international capital market associationM. Ng Kok Song
Directeur général de Government of Singapore Investment Corp.M. Bertrand de Mazières
Directeur général des finances à la Banque européenne d’investissement (BEI)Le président de ce comité stratégique, Jacques de Larosière, occupe par ailleurs la fonction de conseiller du président de BNP Paribas, sans paraître y ressentir un conflit d’intérêt. Alors que BNP Paribas est simultanément au nombre de la vingtaine de « spécialistes en valeurs du trésor » (les SVT) agréés par Bercy. Dans ce cercle réservé, ce cénacle, se retrouvent les HSBC, JP Morgan, Société Générale, Goldman Sachs, ou encore la Royal Bank of Scotland, aujourd’hui nationalisée de facto, dont le contribuable britannique a été prié de combler les trous, à hauteur de quelques dizaines de milliards de livres sterling. Cette vénérable institution financière avait perdu plus de 90 % de sa valeur en bourse. La Royal Bank of Scotland s’est depuis battue pour conserver le droit de distribuer des bonus à ses traders, et vient d’annoncer sa décision d’accorder cette année, à son PDG, l’équivalent de 2 millions d’euros en actions.
(…)
Toutes ces cartes de visite se passent de commentaire. Ainsi, au mépris de la séparation des intérêts privés et de l’intérêt public, la dette française, et surtout ses intérêts (qui atteignent 50 milliards aujourd’hui!), ne peuvent qu’enfler sempiternellement. À ce petit jeu, ne pouvant monétiser sa dette publique comme le font la plupart des autres pays dans le monde, la France s’est lourdement endettée depuis une trentaine d’années et ne pourra, au rythme actuel, se défaire de ce fardeau avant des dizaines et des dizaines d’années. Les oligarques ont, en réalité, tout intérêt à veiller à ce que l’euro, notre problème et leur poule aux oeufs d’or, demeure à jamais notre monnaie afin que cette situation ne change pas.
Ces données ne sont pas fantasmagoriques. Elles sont publiques. La collusion, pour ne pas dire la consanguinité, entre décideurs politiques et puissances d’argent, apparaissant de plus en plus éclatante, comment douter que l’euro, emblème et clé de voûte d’une construction européenne qui verrouille un modèle à la fois ultralibéral et soviétique, ne leur soit essentiel pour assurer leur domination sur les peuples ?
Comment ne pas admettre que nos dirigeants sont prisonniers des vrais maîtres de l’euro, de ces oligopoles de l’industrie, de la banque et de la finance, avec lesquels ils entretiennent des relations très étroites. Fantasme d’un complot des puissants ? Non, dérèglement continu d’une chose publique, d’une république, où le désintérêt des citoyens ouvre la voie à la captation des pouvoirs par les intrigants, les opportunistes, les ambitieux et les goinfres.
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