Le conseil national de Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT) qui travaille à « défendre la ruralité et 15 millions de Français oubliés en dehors des campagnes électorales » a décidé, le 17 juin dernier, de présenter la candidature de Frédéric Nihous, son président, à l’élection présidentielle de 2012. Déjà candidat en 2007 (1,15 % des suffrages exprimés soit 420 645 voix), l’homme a bien voulu répondre aux questions des Nouvelles de France.
Frédéric Nihous, pourquoi une candidature à l’élection présidentielle ?
Je me présente pour porter un message et un programme, celui de CPNT, pour la ruralité et contre l’écologie punitive. Connaissant le fonctionnement politico-médiatique, si CPNT ne présentait pas de candidat, ces thématiques seraient complètement ignorées pendant la campagne. Or, la ruralité doit être une vraie priorité nationale maintenant et durant tout le prochain quinquennat.
Depuis 2007, nous avons pu faire entendre une partie de notre message au sein de la majorité présidentielle, dont CPNT est membre, ce qui explique le bilan globalement positif de ces dernières années, mais une partie seulement. Mais il ne faut pas que ça s’arrête, la parenthèse ne doit pas se refermer, comme certains signes récents ont pu en donner l’impression. Je pense notamment à la suppression du ministère de l’Espace rural (et de l’Aménagement du territoire, ndlr) à la faveur d’un remaniement (le 14 novembre 2010, lors de la formation du gouvernement Fillon III, ndlr). Nous souhaitons aller plus vite, plus loin et plus fort car le compte n’y est pas complètement…
Se présenter, n’est-ce pas faire courir à la droite le risque de la division ?
Absolument pas. Je ne suis pas un candidat de division mais le candidat du rassemblement pour cette ruralité. Si, aux dernières élections régionales et cantonales, l’électorat rural a aussi clairement sanctionné la majorité, c’est bien que celle-ci n’a pas répondu totalement à ses attentes. Nous allons partir à sa reconquête.
La ruralité française n’a besoin ni de « pansement », ni de « bouclier » mais d’un plan de développement ambitieux, respectueux de son identité et des 15 millions de Français qui y vivent. La ruralité, les traditions et le monde agricole sont l’identité de la France. Ils sont également stratégiques pour son avenir. C’est pourquoi ils se doivent d’être inscrits au cœur du débat public et politique de 2012 et être une priorité nationale.
« Nous souhaitons installer la ruralité dans le débat de l’élection présidentielle. »
Un objectif de score ?
Ce que je peux vous dire, c’est que nous allons tenter de faire le meilleur score possible. Bien malin qui connaît son score à l’avance… En attendant, place au débat : faisons-le vivre et installons-y la ruralité !
Les 500 signataires peuvent-ils être un obstacle à votre candidature ?
Trouver 500 signataires parmi 36 000 maires ruraux ne devrait pas être un problème et nous causer de soucis, à moins qu’il y ait des pressions politiques… J’espère qu’on dépassera ça. Comme nous allons le rappeler aux maires, le parrainage n’est pas un soutien militant mais un passeport démocratique, pour que vive le débat.
Êtes-vous toujours en contact avec le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers avec qui vous aviez fait liste commune aux élections européennes de 2009 ?
Nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Nous avons certaines divergences, et c’est bien naturel, mais nous sommes en phase sur l’essentiel, notamment l’Europe. Ce qui nous réunit doit être plus fort que ce qui nous sépare. Chacun est sur ses créneaux et ses idées. Si besoin, il y aura l’occasion de dire les choses à un moment ou à un autre.
Ça veut dire que vous n’excluez pas toute liste commune avec le MPF ?
Il n’y a pas de listes à la présidentielle mais la candidature d’un homme face au peuple ! Et CPNT n’a pas annoncé ma candidature pour la retirer en suivant ! De plus, ce n’est pas ce genre de considération de tambouille politicienne qui réglera les questions de ruralité. J’appelle au rassemblement des forces vives de la ruralité, de toute la ruralité.
Imaginons que vous soyez élu demain à l’Elysée. Quelles seraient vos trois premières mesures ?
Je vais vous en citer quatre :
• Je prendrais des mesures d’urgence en faveur des agriculteurs, des éleveurs, etc. victimes de la sécheresse mais aussi pour leur garantir des prix dignes leur permettant de vivre. Il en va de leur survie. J’engagerais le système européen et la solidarité nationale pour leur venir en aide.
• J’organiserais un sommet européen avec les chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne afin d’adopter des mesures concrètes et rapides en matière de protectionnisme commercial pour défendre nos entreprises. Près de deux Français sur trois sont favorables au relèvement des barrières douanières sur les produits en provenance des pays émergents et ils ont parfaitement raison.
• J’instaurerais une nouvelle gouvernance écologique : je serais plus à l’écoute et davantage au service des populations et des territoires ruraux qui doivent être acteurs des décisions qui vont les concerner au quotidien et influer sur leur vie. Deux exemples type de dossiers sur lesquels les décisions doivent changer radicalement de cap : la sanctuarisation inacceptable des territoires mise en œuvre par les écolos intégristes, et les dates de chasse qui doivent enfin être objectives, donc meilleures pour les chasseurs.
• Je remettrais à plat l’ensemble des mesures punitives prises sous la pression d’une écologie purement idéologique, totalement déconnectée de la vie réelle, en procédant à une concertation en association étroite avec tous les véritables acteurs de l’environnement et de la ruralité (agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, chasseurs, pêcheurs, associations, élus, etc.) pour tout projet engageant leur activité : le débat et l’expertise ne doivent plus être confisqués par quelques-uns.
• Enfin, je lancerais un plan Marshall pour la ruralité, c’est-à-dire un ambitieux plan de développement et d’aménagement équilibré des territoires. A ceux qui prétendent qu’il n’y a pas d’argent, je répondrai par la théorie des vases communicants : 90 milliards d’euros ont été engloutis depuis une vingtaine d’années dans la « politique de la ville », alors que, dans le même temps, la pauvreté, la misère parfois, et l’insécurité n’ont cessé de progresser dans les zones rurales. Il n’y a pas que les banlieues en France et les ruraux ne sont pas des Français de seconde zone !
Vous noterez que sous le deuxième quinquennat de Jacques Chirac et sous le premier quinquennat de Nicolas Sarkozy, les dérives dans les domaines de la politique de la ville et de l’écologie ont relevé de l’action gouvernementale de Jean-Louis Borloo…
« Je suis contre l’éolien : hors de question que nos champs deviennent des champs de ventilateurs ! »
On (re)parle du nucléaire. Où vous situez-vous dans ce débat ?
Nous sommes favorables au nucléaire civil et la catastrophe japonaise n’y change rien. La situation de la France n’est pas celle du Japon, il faut comparer ce qui est comparable. Le drame de Fukushima doit certes nous appeler à une vigilance accrue. Mais la France ne peut pas se passer du nucléaire. C’est l’autonomie énergétique de notre pays et le prix raisonnable de l’électricité qui sont en jeu. On ne va pas détruire tout cela pour des raisons idéologiques et parce que quelques écolos ont la nostalgie de la bougie !
Quant aux énergies renouvelables, je ne suis pas contre mais il faut être réaliste : ce sont des énergies complémentaires et en aucun cas des énergies de substitution. Je précise néanmoins que je suis contre l’éolien : hors de question que nos champs deviennent des champs de ventilateurs en raison de leur impact néfaste sur l’environnement et la biodiversité !
Les écolos vont apprécier…
Je n’ai pas à leur faire plaisir ! Avec leurs positions millénaristes, les écolos cherchent à faire peur et surfent sur les peurs des Français. Ce sont des irresponsables ! Ils sont dans la posture idéologique subjective en voulant nous faire repartir au Moyen Âge !
La théorie du gender qui fait son entrée en sciences de la vie et de la terre dans les programmes de 1ère, ça vous inspire quoi ?
Cette théorie est peut-être un sujet intéressant pour une classe de philo, certainement pas pour un programme de SVT. Et puis, pour se poser la question du contenu des programmes, encore faut-il qu’on ait des classes et des écoles. Je me bats d’abord pour qu’on ne nous les ferme pas !
« Sortir de l’euro ? Pourquoi ne pas revenir aux sesterces ou aux écus, pendant qu’on y est ? »
Le “mariage” homosexuel que souhaite légaliser le Parti socialiste, vous en pensez quoi ?
Le mariage répond à une définition du Code civil. Il y a déjà des dispositifs qui existent pour les autres situations de vie, comme le Pacs. Je crois qu’ils y répondent bien.
Est-ce que, comme Nicolas Dupont-Aignan, vous souhaitez que la France sorte de la zone euro ?
Il est hors de question de sortir de l’euro ! Pourquoi ne pas revenir aux sesterces ou aux écus, pendant qu’on y est ? Abandonner l’euro causerait trop de problèmes sociaux, économiques et géopolitiques à la France, nous devons trouver d’autres solutions. Le problème, par exemple, de la Grèce, ce n’est pas l’euro, ce sont plutôt la mondialisation, la concurrence déloyale de la part des pays hors-Union européenne et les banques !
L’Union européenne fonctionne mal, c’est vrai. Mais plutôt que pas d’Europe, CPNT demande mieux d’Europe.
Il est de mode aujourd’hui, dans certains milieux, de vouloir jeter l’euro, et, avec lui, plus d’un demi-siècle de construction européenne qui a été, dois-je le rappeler, plus d’un demi-siècle de paix. Que les apprentis sorciers qui veulent pulvériser l’Union européenne réfléchissent un peu aux conséquences prévisibles de leur funeste projet…
La priorité de l’Union européenne, c’est de se consacrer aux véritables urgences : les coopérations renforcées (Airbus, ça marche bien !) et l’allégement des normes empoisonnant le quotidien des peuples, comme en économie et en écologie !
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