Zoom sur… Rue89

Rue89 a été fondée par d’anciens journalistes de Libération. Enquêtes, scoops, dossiers, blogs, Rue89 est un site d’actualité généraliste et gratuit qui s’attaque à tout, sur toutes les formes. Plutôt à gauche, il se veut indépendant et participatif. Participatif, car Rue89 fait appel à ses lecteurs concernant des idées de sujets, par exemple. En s’inscrivant, l’internaute peut par la suite publier des commentaires, des articles (triés par la rédaction au préalable).

Les articles publiés sont parfois agrémentés de vidéos, afin de mieux rendre compte des évènements. Une particularité de Rue89 est son Mur. Pour soutenir financièrement le site, pour passer un message personnel, ou tout simplement pour promouvoir un évènement, son entreprise, les internautes ont la possibilité d’acheter des briques de cette page. Le Mur se présentant comme une page web classique divisé en polygone ; chaque brique coûtant une certaine somme proportionnelle à sa taille.

Le Business Model de Rue89 se différencie des autres médias de par sa grande diversité. En plus de son Mur et de la publicité, le média travaille à la création de sites internet. 

Pourquoi ne pas aller sur Rue89 : fourni et complet, mais mal présenté. Trop d’infos, trop de rubriques. On est submergé par la quantité d’article présent, sans vraiment réussir à s’y retrouver. Le traitement de l’information, légèrement partisane ou en tout cas marqué à gauche, pourra en rebuter plus d’un.

Depuis  Juin 2010, Rue89 a lancé un mensuel papier. Le magazine reprend des articles parues sur le site de Rue89 en y ajoutant des articles écrits pour le mensuel.

 

Pour compléter la présentation de chaque site, nous avons interrogé les rédacteurs en chef ou directeurs de rédaction de chaque site. Rencontre avec Pascal Riché.

«Internet est un formidable terrain d’aventures»

Combien de journalistes travaillent pour Rue89 ?

Seize journalistes et quatre-cinq pigistes permanents. Plus d’autres pigistes irréguliers.

Que cherche à mettre en avant Rue89 ?

Le cœur du site, c’est l’information participative. L’idée que l’on peut produire de l’info en s’appuyant sur nos lecteurs. On écoute leurs critiques, leurs réactions, leurs témoignages etc.

Quel est le business model de Rue89 ?

60% des revenus proviennent de la publicité et 25% de la formation. Concrètement, nous formons des journalistes d’autres médias à l’écriture en ligne. 10% des rentrées d’argents découlent de prestations techniques, des conceptions de sites internet notamment.

Et le mur de Rue89 contribue à quelle hauteur ?

Le mur 89 rapporte très peu. Il représente environ 1% de nos revenus.

Pourquoi avoir sorti un format papier de Rue89 ?

Si des gens ont l’envie de lire sous ce format là, pourquoi pas… Nous possédons la matière première, qui à déjà été publiée sur le site ou qui va l’être. C’est une sorte de produit dérivé, qui permet d’offrir aux lecteurs un autre format, une autre présentation.

Ce format papier était prévu au lancement du site ?

Ce projet était dans « nos cartons » mais plutôt sous la forme d’un hebdomadaire. Et sur un concours de circonstance, on a décidé de reprendre le projet, sous la forme d’un mensuel.

Quels sont les avantages de publier sur Internet aujourd’hui, au-delà des aspects économiques ?

Il y a deux choses essentielles. La première, c’est l’aspect multimédia. On sort d’une forme écrite pour publier aussi des vidéos, du son, du flash… Pour le reportage, on a le choix du format le plus approprié : vidéo, texte… en fonction du sujet. Le second point, c’est l’absence de toutes contraintes. Le web n’impose aucune limite. Nous n’avons aucune « deadline », la longueur des textes n’est pas un problème. Les papiers peuvent être longs, et les liens apportent beaucoup et enrichissent énormément les textes.

Quand j’entends des journalistes de la presse traditionnelle dire : « pour les sujets de fond, rien ne vaut la presse papier », c’est évidemment faux. Pour les « sujets de fond », rien de vaut Internet ! Le web permet d’écrire des dossiers très complet, avec des liens vers des sources. Il faut citer aussi le caractère participatif du web, qui est immédiat et constant. Ici, nous sommes tout le temps en conversation avec le lecteur. C’est aussi une forme de révolution sur la façon dont on fait du journalisme.

Peut-être que les pures players sont encore perçu comme de l’amateurisme ?

Oui mais c’est comme si l’on disait que le marteau est un outil d’amateur ! Il peut être aussi un outil de professionnel, selon ceux qui l’utilise. Selon nous, les journalistes doivent aller vers internet, puisque c’est un outil qui peut être formidable pour le journalisme. C’est un terrain d’aventures, d’expérimentations.

Vous parlez de terrains d’expérimentations… Vous avez d’autres projets pour Rue89 ?

Oui beaucoup. Dans l’immédiat, nous allons lancer une deuxième version du site, plus sophistiquée. On va passer de la 2CV à la Porsche si puis-je dire. Le lancement est prévu pour juin. Nous avons des projets éditoriaux, comme la couverture de la campagne électorale de 2012. Rue89 va aussi lancer un site sur les primaires, le Webstern socialiste.

D’autres projets, non datés, sont en cours de réflexion. Nous voulons créer un site sur le sport par exemple, dans la même veine qu’Eco89.

Rue89 a acquis une certaine notoriété grâce à ses scoops. Avez-vous déjà subi des formes de pression ?

Quand France 3 a porté plainte contre nous, cela a été assez désagréable. Rue89 a diffusé une vidéo de Nicolas Sarkozy s’exprimant avant son interview pour la chaîne. Les images n’était évidemment pas destinées à être diffusées et visiblement France 3 a porté plainte sous pression de l’Elysée. Mais on ne désespère de gagner les procès qui nous sont intentés.

Que répondez-vous à ceux qui considèrent Rue89 comme un simple média d’opposition ?

(Soupir) D’abord, nous ne sommes pas un média militant mais critique. Quand vous êtes critique envers le pouvoir, vous avez forcément des opposants. Il se trouve que lorsque vous dénoncez certains scandales, ou critiquez des politiques, vous êtes classés comme de gauche. C’est vrai que nous venons de Libération, qui n’est pas un journal de droite. On n’échappe pas à son ADN, mais d’un autre coté, nous ne sommes pas du tout dans le jeu partisan. Rue89 n’a jamais soutenu un candidat, une personnalité politique. On a simplement un œil critique sur la manière dont le pouvoir s’exerce aujourd’hui.

 

Rue89 en quelques infos :

Site créé le 6 Mai 2007

Fondateurs : Pierre Haski, Pascal Riché, Arnaud Aubron, Michel Lévy-Provençal, Laurent Mauriac

Directeur de la rédaction : Pascal Riché

Audience (visiteurs uniques/mois) : 1,9 millions selon Nielsen

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