par Alain Bournazel, du Comité de rédaction des Cahiers de l’Indépendance.
Le programme du parti socialiste s’ouvre par l’étalage d’une belle sottise : « L’avenir aime la France ». N’en déplaise aux laborieux rédacteurs de ce pesant document, l’avenir n’aime ou ne déteste personne ; il se construit.
Les mots ont leur importance ; c’est par les mots que s’exprime ou se cache la réalité. Le mot inlassablement répété dans le programme du parti socialiste est NOUS. Qu’elle est l’entité derrière ce nous : c’est le parti socialiste lui-même qui campant solitaire et tout puissant, un peu à la manière du parti communiste dans l’ancienne république des soviets, entend transformer en profondeur la totalité de la société française. J’exagère, direz-vous. A peine. Recensez, si vous en avez le courage et le temps, le nombre de nous et comparez avec la place furtivement accordée aux partenaires sociaux, aux citoyens, quand ils ne sont pas tout simplement oubliés. « En 2012, nous inventerons des relations nouvelles dans l’entreprise par une véritable démocratie sociale ». Le PS prétend tout simplement faire la loi dans les entreprises.
Ce culte du nous qui est en fait un culte du moi socialiste conduit parfois à des bévues. Ainsi peut-on lire : « Nous proposerons à l’OMC ». Les experts du parti socialiste semblent oublier que la France, hélas, ne siège pas à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) puisque la législation sur les échanges extérieurs relève de l’Union Européenne qui représente la France comme d’ailleurs tous les autres pays de l’Union dans cette institution internationale. Autant dire que la proposition socialiste n’a guère de chance d’être entendue. Nous avons droit à quelques beaux simplismes du genre : « La disparition de la monnaie unique prônée par l’extrême droite aboutirait à coup sûr à un effondrement de notre économie, une explosion du chômage et un assèchement total du pouvoir d’achat ». Par cette proclamation sonore, le PS se dispense de rendre compte que l’euro qui est beaucoup son œuvre, non seulement n’a pas rempli ses promesses de prospérité et d’emplois mais est largement responsable des crises qui secouent des pays qui l’ont adopté.
En fait, le parti socialiste apparaît dominé par deux aspirations contradictoires qui rendent compte au-delà de l’unité de façade, de la profonde division du mouvement. Des relents de collectivisme poussent vers le vieux modèle de l’économie administrée. Ainsi évoque-t-on une banque publique d’investissement, des nationalisations « partielles ou temporaires », les moyens de la puissance publique « pour intervenir si nécessaire directement sur l’économie et la société ». Mais il y a aussi la fascination de l’Europe supranationale avec la création d’un impôt européen, « le gouvernement économique de l’Europe que le PS appelle de ses vœux » et l’inclinaison pour le modèle allemand grâce à qui « en France et en Allemagne, les socialistes parleront d’une même voix ». Et nous savons bien quels seront les dominants et les dominés.
Saluons au passage une vérité : « Le parti socialiste déplore que la laïcité, ce joyau français dans le monde, ce ciment de la paix civile soit affaibli par l’encouragement aux revendications identitaires, communautaires ou religieuses ». C’est fort bien dit. Mais que les socialistes et au premier chef, la première secrétaire veuillent bien donner l’exemple. Quelques dérobades sont significatives. Le PS prône « une politique juste et efficace » en matière d’immigration. Le sujet mériterait des développements et non une formule lapidaire qui donne bonne conscience et ne veut rien dire. Le PS veut rendre aux fonctionnaires leur « fierté ». Nous en sommes très heureux pour eux. Mais ils sont les seuls à avoir droit à cette marque de considération.
Il est une liberté dont le PS ne parle pas. C’est la liberté d’expression, fort malmenée par la législation actuelle. Un mouvement qui développe des tendances totalitaires ne se sent jamais concerné par la liberté d’expression.
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