par Alain Bournazel, du Comité de rédaction des Cahiers de l’Indépendance.
Au cours de sa courte existence, Jeanne d’Arc n’a jamais accompli de miracle au sens des prodiges célestes tels qu’ils peuvent être relatés dans la Bible. En revanche, elle fut un miracle permanent dans la mesure où elle totalisa une foule impressionnantes d’exploits dont les perspectives de réalisation étaient faibles ou nulles. Qu’on en juge : convaincre de la réalité de sa mission Robert de Baudricourt, l’entourage du roi, les docteurs de Poitiers, les capitaines du roi (et ce n’était pas les plus faciles à persuader), délivrer en une petite semaine Orléans assiégée depuis sept mois, balayer en quelques semaines les forces armées anglaises occupant la vallée de la Loire, et faire sacrer le roi à Reims… qui aurait pu imaginer sur une période aussi ramassée un tel chapelet de triomphes ?
Le miracle dure encore. Quels sont les personnages de l’histoire du monde qui sont aujourd’hui célébrés avec autant de ferveur 580 ans après leur disparition ? Cette persistance du souvenir porte témoignage de la force du message.
Outre le plaisir de retrouver la ville harmonieuse et aérée de la belle vallée de la Loire, toute vibrante des festivités commémoratives, une autre raison me conduisait cette année à Orléans. La Maison Jeanne d’Arc avait organisé une exposition sur la contribution apportée par Écosse au royaume de France pendant le Guerre de Cent Ans. Cet engagement mal connu fut pourtant décisif sous le règne de Charles VII. Les Écossais furent de toutes les grandes batailles que ce soit les victoires (il y en eut quelques unes) ou les défaites (il y en eut beaucoup) où ils payèrent le prix fort sur le plan des pertes humaines. Mais dans la France vaincue mais non détruite après le désastre d’Azincourt (1415) le concours des forces écossaises permit au royaume de tenir… en attendant Jeanne d’Arc.
En 1942, à Édimbourg, Charles de Gaulle rappelait en termes forts cet engagement : « Dans chacun des combats où, pendant cinq siècles, le destin de la France fut en jeu, il y eu toujours des hommes d’Écosse pour combattre côte à côte avec les hommes de France ». Aujourd’hui, l’Auld Alliance (1) perpétue ce souvenir et permet de faire connaître cette vieille et solide alliance entre la France et l’Écosse mais aussi d’entretenir et de développer les liens d’amitié entre les deux nations par des actions culturelles, éducatives et historiques. En ce beau mois de mai 2011, à travers Orléans richement décorée, les Écossais en tenue traditionnelle criaient « Vive la France ! ».
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(1) Auld Alliance, présidée par M. Patrick Gilles : Maison des Associations 46 ter rue Sainte Catherine 45 000 Orléans. [email protected]
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