De mois en mois, d’années en années, le déficit commercial de la France se creuse. Essayons d’en explorer les raisons:
Est ce la faute du prix du pétrole ?
Non, même pas. En excluant les hydrocarbures, les échanges de l’Hexagone restent déficitaires de 1,35 milliard d’euros ! Les trois seuls secteurs de l’économie française qui présentent un excédent commercial en février sont : l’agroalimentaire, la chimie et la pharmacie. Partout ailleurs, la France accuse de lourds déficits. En particulier dans le secteur des biens d’équipement, y compris l’automobile qui fut dans un passé pas si lointain un secteur positif.
C’est de la faute de l’euro, alors ?
Pas plus. Il est toujours amusant de voir ceux qui se disent en permanence les défenseurs de l’Europe et de l’euro présenter la monnaie commune comme source de tous les maux lorsque paraissent les chiffres du commerce extérieur. Non, croyez-nous, si l’euro était en cause, nous n’hésiterions pas à vous le dire. La réalité est malheureusement bien plus dramatique que cela. D’une part l’euro fort nous protège en partie de l’augmentation du prix du pétrole qui, sinon, serait insupportable, mais nos voisins allemands qui enregistrent mois après mois des excédents commerciaux utilisent… la même monnaie. Pire, notre déficit avec nos partenaires de la zone euro s’est accru de plus de 300 millions d’euros en février avec une baisse de nos exportations françaises de 1 % sur un mois !
Alors, quoi, il n’y a pas de raison ?
Si, hélas. La raison est simple. Le coût de main d’œuvre en France est le plus lourd d’Europe. Bien sûr, affirmer cela à quelqu’un qui gagne le smic ou même 2x smic peut sembler indécent. Mais qui a pris le temps de lui expliquer que lorsqu’il touche 12 000€ dans l’année, il a coûté 24 000€ à l’entreprise qui a du les amortir sur 45 semaines ? Que ce calcul ne tient pas compte des frais de création de poste, des dispositions particulières des conventions collectives, des absences pour droit à la formation, des représentants permanents, etc etc… Le renchérissement permanent du coût de la main d’oeuvre a pour conséquence d’accélérer le phénomène des délocalisations. Ceci particulièrement parlant dans le domaine de l’industrie automobile. Il y a quelques années, nous exportions, aujourd’hui, nous importons, même des véhicules vendus sous des marques françaises.
Que faire, abandonner notre système de protection sociale?
Non, mais plutôt que de la faire payer par ceux qui travaillent, faisons le payer par ceux qui consomment ! Imaginez un instant que nos supprimions tous les charges sociales sur l’emploi salarié…. Et que nous augmentions de quatre points notre TVA. Même si, pour assurer la transition nous obligeons les entreprises à verser le montant du brut (soit une augmentation de 12%), les recettes de l’Etat seraient supérieures au montant des cotisations perdues. Pourquoi ? Parce que l’assiette de calcul s’élargirait à toutes formes de revenus. Celui qui travaille au noir ? Paierait ses charge en consommant. Celui qui trafique ? Paierait ses charges en consommant. Plus vous gagnez, plus vous consommez. Plus vous consommez, plus vous payez. De plus, ceci s’appliquerait à tous les produits, qu’ils soient fabriqués en France ou à l’étranger. Dès lors, nos produits gagneraient doublement en compétitivité. Moins chers à la production, ils se retrouveraient en face de produits étrangers chargés au même niveau, c’est à dire lus chers qu’aujourd’hui. La production française repartirait, les relocalisations démarreraient, les exportations repartiraient, l’emploi aussi. Nous entrerions dans un cercle vertueux. C’est, en plus nuancé, ce qu’à fait l’Allemagne de Schröder, avec les résultats que nous voyons.
On cesse de rêver?
On peut toujours rêver, car seuls les fous croient que les rêves sont impossibles. En attendant, nos dirigeants ne sont pas sur cette optique, ils raisonnent toujours selon la logique de l’ENA et nous inventent chaque jour de nouvelles taxes, de nouveaux impôts, de nouvelles charges. L’excédent du secteur agro-alimentaire diminue à chaque parution d’un nouvel indice. Nous perdons de la compétitivité dans le vin et le lait. La part des exportations françaises de marchandises dans les échanges mondiaux n’est plus que de 3,5% en 2010, contre 4% entre 2007 et 2009 et 6,3% en 1990. Lorsque nous vendons des produits de haute technologie, nous vendons le savoir faire avec.
Que dire à nos enfants? Va travailler ailleurs… Ou fait la révolution!
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