Passé en quelques mois d’illustre inconnu en homme traqué par la justice suédoise et américaine, Julian Assange est un personnage sombre et complexe. Retour sur la vie et l’ascension du porte-parole de Wikileaks.
Quand la justice suédoise s’attaque en août 2010 au co-fondateur de Wikileaks, on ne sait rien de cet homme blond au regard froid et mystérieux. Sauf qu’il représente une menace pour certains des secrets les mieux gardés de la diplomatie américaine et mondiale. Julien Assange a un passé trouble, dérangeant. Lui qui s’amuse à révéler ce que l’on essaye de masquer a pour sa part bien des choses à cacher. Une affaire de viol par exemple. Ce que l’on prend pour une cabale médiatique prend vite une ampleur qui dépasse le cadre de la justice suédoise. Les États-Unis demandent son extradition alors qu’au même moment, Wikileaks continue ses publications, toujours plus marquantes et controversées ; abreuve la sphère journalistique d’infos et de câbles diplomatiques top secret.
Créé en 2006, le site publie rapidement différentes informations controversées, qui vont vite faire le tour de la planète. Julian Assange, au fur et à mesure des révélations, va devenir une véritable icône et le représentant de la liberté d’information et d’expression. Le natif de Townsville, en Australie, enchaîne interviews et invitations de la part des télévisions du monde entier. Une réussite qu’il entretient grâce à un charisme peu banal.
La suite des évènements pour Julian Assange et son bébé Wikileaks laisse à penser que l’Australien s’est attaqué à trop fort pour lui : le secret-défense américain. 5 Avril 2010 : Wikileaks publie une vidéo de l’armée américaine tirant sur des civils afghans. Bilan : plusieurs morts dont un journaliste. Plus qu’une simple bavure, ce sont les pratiques barbares de certains soldats US qui sont étalées au grand jour. C’est le point de départ de la chute de Julian Assange. En Août 2010, le fondateur de Wikileaks est accusé de « viol et agression » par la justice suédoise, pays où il réside. Novembre 2010 : nouveau rebondissement dans l’actualité désormais mouvementée d’Assange. Alors que les poursuites pour viol avaient été abandonnées, la justice suédoise décide de rouvrir l’enquête et lance un mandat d’arrêt international contre lui. Traqué, Julian Assange se cache en Angleterre. Il noue un lien d’exclusivité entre le New York Times, The Guardian, Der Spiegel et Wikileaks. Assange a plusieurs tours dans son sac. En amadouant des titres prestigieux et reconnus, sa défense au sein de la presse mondiale est assurée. Reste à s’extirper des mains de la justice suédoise.
Depuis le début de l’affaire, un épais brouillard entoure la possible culpabilité de Julian Assange. Le bonhomme, hacker dans sa jeunesse, a déjà eu maille à faire avec les autorités judiciaires, sans être condamné. Pour l’ancien bras droit d’Assange, Daniel Domscheit-Berg, le porte-parole de Wikileaks est « un mythomane, capable de raconter trois histoires différentes sur son passé ». Son histoire est floue, tout comme les accusations portées contre lui. Assange clame que les deux jeunes femmes étaient consentantes lors de la relation sexuelle. Sa parole contre la leur. Avec ses avocats, Julian Assange combat la demande d’extradition de la justice suédoise. En liberté conditionnelle à Londres, il a interjeté appel début mars de son extradition. Un retour en Suède qui permettait aux États-Unis de l’extrader, pour le juger des « méfaits » de Wikileaks. Si tant est que l’Oncle Sam ait de quoi l’inculper. Le risque ? Un internement à Guantanamo. La volonté des États-Unis de faire taire Wikileaks est en tout cas réelle.
Formidable défenseur de la liberté d’expression ou cyber-terroriste sans scrupule ? Le débat fait rage. Et l’Australien n’a pas fini de faire parler de lui. Selon Le Point, Steven Spielberg aurait acheté, via son studio Dreamworks, les droits d’auteur pour l’adaptation au cinéma de WikiLeaks: Inside Julian Assange’s war on secrecy, un livre retraçant l’histoire de Julian Assange. Innocent ou non ,le médiatique porte-parole sera sur le devant de la scène pour encore un long moment.