par Pierre-Yves Rougeyron, du Cercle Aristote.
Un débat pour rien, on s’y attendait. Des cris de ralliement de circonstances jusqu’aux propositions de contournement du dispositif légal, tout était prévisible. La méthode Sarkozy de faire de l’urgence pour masquer l’impuissance nous prouve une nouvelle fois que les pires ennemis de la loi, s’ils sont contres elles, sont tout contre.
De la nuance entre islam et islamisme jusqu’à l’Islam des Lumières (IDL), tous les poncifs sur la question se sont donnés rencart rue de la Boétie (question servitude volontaire à l’UMP on est servi). Les plus courageux ont parlé de libertés publiques (pensons à Xavier Lemoine) mais les questions les plus profondes ont été savamment éludées.
En effet, les lois sont le réceptacle d’un précipité (au sens scientifique) culturel particulier. A travers la laïcité, la question qu’il fallait poser est pourquoi avons été incapables et sommes nous incapables de défendre nos principes.
Cette question là on l’évite, nous semble-t-il pour plusieurs raisons secondaires et une raison essentielle.
Les raisons secondaires sont l’aveu qu’une politique patronale a fait venir des populations inaptes à l’assimilation pour briser la lutte des classes, un tropisme oriental qui, depuis les turqueries des rois de France pour légitimer la politique d’indépendance des alliances face aux puissances européennes, jusqu’à l’épopée coloniale fait partie de l’imaginaire politique français, l’antiracisme vigilant …
On pourrait les multiplier mais la raison essentielle est pourquoi pensons nous que nos principes ne valent plus d’être défendus et à travers eux la France comme communauté politique singulière au regard de l’histoire.
C’est cette auto-démission pour cause de culpabilité dont ont essayé de nous faire prendre conscience deux grands esprits français à travers leurs dernières publications. Françoise Bonardel avec Des héritiers sans passé (éditions de la Transparence) et Jean-François Mattei avec Le procès de l’Europe (PUF).
Dans ces ouvrages de deux grands témoins de la culture européenne se trouve bien des réponses à notre refus continuel de s’interroger sur nous même, sur ce que nous voulons transmettre et par cela ce que nous devons défendre.
C’est cet angle mort du débat laïc actuel qu’il convient de sonder en se raccrochant à cette « pensée française » telle que l’entendait le général de Gaulle en n’oubliant jamais que comme l’écrivait Christian Combaz : « une civilisation est faite de citadelles qui résistent ».
Nous vous invitons à rencontrer certains des grands intellectuels qui posent les débats contemporains dans le cadre du Cercle Aristote ([email protected]) ainsi qu’à lire l’introduction à ces questions dans la revue Perspectives Libres.