par Alain Bournazel, du Comité de rédaction des Cahiers de l’Indépendance.
Le problème, aujourd’hui, n’est plus de savoir s’il faut ou non sortir de l’euro. La vraie question est : combien de temps l’euro peut-il encore durer ? Florin Aftalion, professeur émérite à l’Essec et dont la qualité des travaux est reconnue, estime que cette fin est non seulement possible mais inéluctable. L’ensemble du système financier européen est obéré par une montagne de dettes. Sans les aides accordées au sein de l’Union européenne avec parfois le concours du FMI, certains Etats seraient tout simplement en situation de cessation de paiement. Ces aides qui ne sont pas gratuites ne règlent pas les problèmes de fond mais au contraire les accentuent dans la mesure où elles accroissent les dettes d’Etats déjà en situation critique. Les coûts d’emprunt du Portugal se sont élevés à quelque 10%. Pour la Grèce, c’est pire. Le taux de rendement à deux ans des obligations de ce pays a dépassé à la fin du mois d’avril le chiffre insensé de 25% !
Les aides au sein de la zone euro ont fragilisé l’ensemble du dispositif. Elles constituent un palliatif pour les pays aidés dans le même temps qu’elles rendent plus vulnérable les pays qui prêtent. La France s’est engagée si nécessaire à prêter à la Grèce 18,8 milliard d’euros. Faute d’avoir cette disponibilité, elle devra elle-même emprunter la somme sur le marché international. La situation financière des pays de la zone euro porte en germe une situation de faillite en chaîne où l’effondrement de l’un entraîne par vagues successives la chute des autres. Si on veut regarder la réalité en face, la zone euro repose pratiquement sur la seule Allemagne qui porte l’ensemble du système européen à bout de bras.
L’Allemagne paiera, disait-on naguère dans l’entre-deux-guerres. Combien de temps l’Allemagne paiera-elle encore ? Et combien de temps, les autres pays européens qui ont accepté un système monétaire finalement adapté qu’à la seule Allemagne toléreront-ils de vivre au rythme des diktats allemands ? Une chose est certaine, plus l’euro durera et plus les Européens s’appauvriront au regard du reste du monde. La monnaie unique qui procède des illusions politiques et non des exigences économiques constitue une lourde erreur. Rien n’est pire que de persister dans l’erreur.
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