Dans son avion le ramenant de Corée, le pape François a répondu à une conférence de presse, lors de laquelle lui ont été posées les trois questions suivantes sur la situation irakienne
:
- Approuvez-vous les bombardements contre les terroristes en Irak, pour prévenir un génocide et préserver les minorités, dont les chrétiens ?
- Êtes-vous favorables à une intervention terrestre ?
- Vous rendrez-vous en Irak ?
Soutenant l’idée de l’intervention armée contre les djihadistes de l’EIIL, il met toutefois en garde contre les risques d’ingérence :
“Je peux dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur. Je souligne le verbe : arrêter, je ne dis pas bombarder. Nous devons avoir de la mémoire, n’est-ce pas ? Tant de fois sous cette excuse, des puissances se sont emparées des peuples et ont mené des vraies guerres de conquête !”
Ajoutant, dans une référence évidente à l’intervention américaine en Irak en 2003, à laquelle Jean-Paul II s’était fermement opposé :
“Une seule nation ne peut pas décider comment arrêter cela »
Le Saint-Père ajoute qu’il faut ne pas s’occuper uniquement du sort — extrêmement préoccupant — des chrétiens, mais aussi de l’ensemble des minorités, concluant :
“Arrêter l’agresseur injuste est un droit qu’à l’humanité, mais aussi qu’à l’agresseur d’être arrêté »
Enfin le pape François ne dément pas la possibilité d’une visite apostolique en Irak, malgré les évidentes difficultés (logistiques, diplomatiques…) qu’elle poserait.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=7R_sQeTnKNI]
Voir aussi
→ “Les kurdes ont besoin de la solidarité internationale, non seulement sur le plan humanitaire, mais aussi des points de vue politique et militaire » – Cardinal Filoni (envoyé par le pape auprès des irakiens)
→ Message du pape au secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki Moon, 13 août 2014
Message du pape François à M. Ban Ki-moon
A Son Excellence
Monsieur Ban Ki-moon
Secrétaire général
de l’Organisation des Nations Unies.
[dropcap]C[/dropcap]’est le cœur lourd et plein d’angoisse que j’ai suivi les événements dramatiques de ces derniers jours dans le nord de l’Irak, où les chrétiens et les autres minorités religieuses ont été contraints à fuir leurs maisons et à assister à la destruction de leurs lieux de culte et de leur patrimoine religieux. Ému par leur situation, j’ai demandé à son Éminence le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, qui a servi comme Représentant de mes prédécesseurs, le Pape Saint Jean-Paul II et le Pape Benoît XVI, auprès du peuple d’Irak, de manifester ma proximité spirituelle et d’exprimer ma préoccupation, et celle de toute l’Eglise catholique, pour les souffrances intolérables de ceux qui désirent seulement vivre en paix, en harmonie et libres sur les terres de leurs ancêtres.
[dropcap]D[/dropcap]ans ce même esprit, je vous écris, Monsieur le Secrétaire général, et je dépose devant vous les larmes, les souffrances et les cris de désespoir des chrétiens et des autres minorités religieuses de la terre bien-aimée d’Irak. En renouvelant mon appel urgent à la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à la tragédie humanitaire en cours, j’encourage tous les organes compétents des Nations Unies, en particulier ceux qui sont responsables de la sécurité, de la paix, du droit humanitaire et de l’assistance aux réfugiés, à continuer leurs efforts conformément au préambule et aux articles pertinents de la Charte des Nations Unies.
[dropcap]L[/dropcap]es violentes attaques qui balaient le nord de l’Irak ne peuvent pas ne pas réveiller les consciences de tous les hommes et femmes de bonne volonté à mettre en œuvre des actions concrètes de solidarité pour protéger ceux qui sont touchés ou menacés par la violence et pour assurer l’assistance nécessaire et urgente à toutes les personnes déplacées, tout comme leur retour sûr dans leurs villes et leurs foyers. Les expériences tragiques du XXème siècle, et la compréhension la plus élémentaire de la dignité humaine, contraint la communauté internationale, en particulier en vertu des normes et des mécanismes du droit international, à faire tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter et prévenir d’ultérieures violences systématiques contre les minorités ethniques et religieuses.
Confiant que mon appel, que je joins à ceux des Patriarches d’Orient et des autres leaders religieux, rencontrera une réponse positive, je profite de l’occasion pour renouveler à Votre Excellence l’assurance de ma plus haute considération.
Au Vatican, le 9 août 2014
FRANCISCUS PP.
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