L’affaire pourrait rapidement faire beaucoup de bruit étant donné les changements qu’elle implique sur la conception de l’histoire récente de l’Afrique du Sud. L’ancien président sud-africain (1989-1994) Frédérik De Klerk, prix nobel de la paix avec Nelson Mandela en 1993 et grand tombeur du régime de l’apartheid, s’est confié dans une interview à CNN le 10 mai dernier. Il y défendait “le concept de deux-Etats-nations séparés(…) un blanc et un noir” et affirmait de ne pas avoir à s’excuser pour cette position. Une série de réactions hostiles l’avait contraint à une mise au point durant laquelle il condamnait explicitement le régime de l’apartheid mais sans renier ses propos. Le 25 juillet dernier, lors d’une conférence de sa fondation, l’ancien chef d’état sud-africain récidiva et précisa sa pensée: “Malheureusement, le temps de la réconciliation de Mandela et Mbeki est terminé”, “Les hommes blancs sont très injustement accusés de la triple crise du chômage, des inégalités et de la pauvreté”. Ce faisant, il réagissait également aux propos du président Jacob Zuma qui, le 26 juin dernier, avait déclaré que “l’économie est encore largement la propriété d’hommes blancs” et “la structure de l’économie de l’apartheid est encore en grande partie intacte”. Allant plus loin, De Klerk déclara que “tous les sud-africains doivent maintenant devenir politiquement actifs” et qu’ils doivent choisir “le parti le plus proche de ce en quoi (ils) croient”.
Il est aisé de supposer que ce type de déclaration peu conformiste va encore susciter du scandale, mais elle aura au moins le mérite de rompre avec la chape de plomb du politiquement correct et de l’illusoire réconciliation ratée en Afrique du Sud, ainsi que de dénoncer le sort des populations blanches de ce pays, largement défavorisées et discriminées par le pouvoir noir. Elle démontre aussi l’aspect artificiel et politiquement dangereux d’un état multi-ethnique, en dépit de l’ensemble des actions politiques et de la propagande médiatique qui l’entourèrent, d’autant plus qu’elle provient d’une haute autorité politique et morale d’Afrique du Sud.
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