Jacques Bompard, député-maire non inscrit d’Orange (Vaucluse), est l’auteur d’amendements provocateurs comme la suppression du mariage ou le mariage “à plusieurs personnes”. Nouvelles de France l’a rencontré.
Jacques Bompard, ces amendements ne sont-ils pas excessifs ou exagérés ?
Ils sont à l’exacte mesure du projet de loi qui nous est soumis. Le gouvernement affirme qu’il faut légiférer pour deux raisons. La première est que l’amour donne un droit au mariage. La deuxième découle de la précédente : il ne saurait y avoir de discrimination entre les formes d’amour.
Il s’agit là d’une vision du mariage qui ne doit rien à la sociologie, au droit, à la philosophie ou à l’histoire, mais tout à une volonté de briser les cadres traditionnels de la société.
Alors, face à l’absurdité et la pauvreté intellectuelle de cette argumentation de soap-opera, il m’a semblé utile d’en mettre en relief la logique, en la poussant dans tous ses développements en utilisant le raisonnement par l’absurde. Ainsi, si l’amour est le critère créant le droit au mariage, alors, pourquoi la polygamie ou la polyandrie ne serait-elle pas légales ? Pourquoi le mariage avec un jeune mineur serait-il interdit ?
“Certains députés de l’UMP mènent un combat exemplaire dans cette affaire.”
Récemment, on a vu dans la rubrique des faits-divers l’histoire d’un père qui vivait avec sa fille et l’enfant qu’il avait eu d’elle. Sitôt sa peine de prison accomplie, le couple s’était reformée et la fille incestueuse déclarait à la presse aimer son papa. Si l’amour est le critère qui donne le droit au mariage, comment alors refuser le mariage à ce père et à cette fille ?
Avec ces quelques rapides exemples, on voit bien que cette loi vise à détruire la norme pour y substituer le no man’s land d’une humanité sans repères.
Comment jugez-vous l’attitude de l’UMP sur ce dossier ?
L’UMP est ce que fut le RPR, une boutique où on place en vitrine des produits pour tous les goûts. Cependant, il convient de dire que certains députés de l’UMP mènent un combat exemplaire dans cette affaire. D’autres suivent par discipline de groupe. Mais la triste réalité a été rappelée mardi par la majorité socialiste : si cette loi passe, jamais l’UMP n’aura le courage de revenir dessus, une fois revenue aux affaires.
Que peuvent encore espérer les défenseurs du mariage et des droits de l’enfant ?
À l’Assemblée nationale, rien. Le nombre est du côté de la gauche. Il ne reste donc que la pression populaire. Tout gouvernement répète que ce n’est pas la rue qui doit commander. Je suis entièrement d’accord avec cette évidence. À ceci près qu’il faut savoir ce que l’on entend par « la rue ». S’il s’agit de manifestations corporatistes ou politiques, on est là dans le cadre de l’expression publique et, en effet, 20 000 ou 50 000 ou même 200 000 représentants d’une corporation, d’une strate démographique ou d’un parti, ne sauraient, à eux seuls, incarner le peuple qui, par définition, est représenté par le gouvernement démocratiquement élu.
Mais nous ne sommes pas là dans ce cas de figure. On ne parle pas d’une loi sur les retraites ou d’une réforme des universités. Nous sommes en face d’un bouleversement complet de la base fondamentale de la société. Les gens qui sont descendus le 13 janvier pour refuser cette loi ne sont pas une catégorie de citoyens mais une partie importante du peuple français. Un million de personnes, c’est énorme. Mais au delà du nombre, on ne peut pas ne pas reconnaître la légitimité de cette foule et de son exigence de referendum.
“Il ne reste que la pression populaire.”
Quand il y a eu les «printemps arabes » et qu’en Tunisie et en Algérie, par exemple, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour protester, qu’ont dit ceux qui nous gouvernent ? D’une seule voix, ils ont proclamé l’obligation pour les gouvernements en place alors « d’écouter le peuple », c’est-à-dire de s’en aller.
Nous n’en demandons pas tant. Et je rappelle que notre république, la Ve comme beaucoup d’autres, est née de mouvements de foules, dont la légitimité a été consacré rétroactivement par une nouvelle légalité. En conséquence de quoi, je crois que le dernier espoir de faire reculer la gauche sur ce dossier est d’appeler ce peuple, majoritaire, qui a voté contre la gauche ou qui n’est pas allé voter, à un printemps français. Nous avons encore deux mois pour le préparer.
En tant que maire d’Orange, célèbrerez-vous des “mariages” homosexuels ?
Bien évidemment, non.
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