Quand Lilian Thuram passe, mieux vaut reconnaître le bonhomme et ne pas lésiner sur les révérences. Car le racisme n’est jamais loin. Le restaurant La Paix à Bruxelles en a fait les frais mardi.
Pour avoir utilisé sans demander les toilettes dudit restaurant, la star du ballon s’est fait tancer par une employée de la maison… qui n’a pas reconnu le footballeur. Le joueur est revenu sur l’incident devant la presse, y voyant une nouvelle marque de racisme. Sa version est reprise par France24, Yahoo! (repris par L’Equipe et Boursorama), Le Figaro. Seul le quotidien belge Le Soir a demandé à l’établissement sa version des faits.
Contacté par Nouvelles de France, le restaurateur parle d’un simple malentendu. Thuram aurait été confondu avec un badaud du quartier, dont la population est majoritairement immigrée : “Il y a une forte activité dans notre rue et nous en étions devenus les toilettes publiques. Ca dérangeait la clientèle, donc j’ai dit au personnel de ne plus autoriser l’accès. Quand Monsieur Thuram est rentré, il est directement allé aux toilettes, et c’est après que ma belle-mère lui a fait remarquer qu’elles étaient réservées aux clients.”
« Thuram ou pas, pour moi, c’est le même tarif : je protège juste mes toilettes ! »
Néerlandophone, la belle-maman aurait eu l’outrecuidance de tutoyer la star. “J’imagine que c’est ce qui a choqué M. Thuram, qu’il a fait un lien avec sa couleur de peau. Moi je ne savais pas qui c’était, je ne connais rien au foot. Un de mes gars m’a fait remarquer que c’est M. Thuram, mais pour moi, Thuram ou pas, c’est le même tarif : il est le bienvenu, le restaurant est ouvert à tout le monde chez moi, je protège juste mes toilettes ! Il a souri, m’a serré la main et il est parti quand même.”
Alors, Thuram victime une nouvelle fois d’un comportement raciste ? Pourtant, à l’entendre, le restaurateur n’a pas le profil type du xénophobe prostré chez lui, un fusil chargé à la main : “J’ai dans mon équipe 20 collaborateurs d’Afrique du Nord et j’habite dans ce quartier majoritairement noir depuis 5 ans sans aucun problème. J’ai été élevé dans un HLM avec des Algériens, je comprends l’arabe, j’ai grandi dans une caravane, j’étais dans la rue pour Malek Oussekine il y a 30 ans, alors, le racisme, s’il vous plaît, pas à moi !”
Son accusateur, “un être sensible […] que j’ai vraiment envie de rencontrer”
Pas rancunier de voir son enseigne s’étaler à tort dans la presse, le restaurateur dit avoir vu dans le footballeur “une âme sensible qui défend quelque chose de tout à fait honorable“: “J’aimerais vraiment le rencontrer, m’asseoir avec lui, mais en privé,” assure-t-il. Il dit ne pas vouloir faire de l’incident de comptoir “une affaire médiatique“. Lilian Thuram, lui, ne semble pas de cet avis.
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