Un billet d’Éric Martin*
Ces derniers jours, un vent liberticide souffle sur la France. Des manifestations contre les caricatures de Charlie Hebdo ont été interdites à Paris et à Lille. À la liberté d’expression de certains répondait donc une interdiction d’expression d’autres. On me rétorquera que les manifestants en question n’étaient pas animés des meilleures intentions du monde. Et alors ? Est-ce à l’État de juger les intentions ou la cause défendue par ces personnes ? De toute évidence, non. L’État est censé se préoccuper de la sécurité des citoyens (donc des manifestants comme des passants et des biens le long du cortège) et de la garantie des libertés fondamentales comme celle de pouvoir penser ou s’exprimer librement. Et, comme on dit parfois, “peut mieux faire”…
Samedi, toutes les femmes voilées (mais au visage identifiable) qui passaient – même par hasard – au Trocadéro étaient refoulées du Parvis des Droits de l’Homme. Autant, je me suis toujours opposé à cette immigration extra-européenne massive qui met en danger notre identité et la cohésion nationale (je suis d’ailleurs favorable à l’organisation d’un référendum sur la question de l’immigration), autant ces interdictions de manifestation et même de circulation en raison du port d’un habit me mettent mal à l’aise. Jugez par vous-même :
Marine Le Pen s’est quant à elle mise en tête de demander l’interdiction du voile et de la kippa dans la rue. Comme si l’État devait nous dire comment nous habiller, nous autres laïcs (car la mesure ne viserait pas les religieux, assure la Présidente du Front national. Pour l’instant ?). Tant que l’accoutrement n’est pas contraire aux bonnes mœurs (ex : les militantes de Femen qui ont fait un second happening en France les seins nus la semaine dernière) ou problématique au niveau de la sécurité (ne permettant pas l’identification de l’individu. Ex : le niqab ou la burka), il ne doit pas être interdit. La République, qui proclame ne reconnaître aucun culte dans la loi de 1905, n’a pas à les reconnaître subitement lorsqu’ils s’expriment par l’habit dans l’espace public. Car si on pousse le relativisme républicain à l’égard des religions jusqu’au bout, il lui faudrait tout interdire, par exemple la casquette dès lors qu’une une secte la considère comme essentielle à sa pratique.
À la démagogie des tenants du hors-système – leur existence médiatique est parfois à ce prix, s’ajoute la malice des partisans du système qui réussissent, chaque jour un peu plus, à faire accepter au peuple de France la perte de certaines libertés (celle de ne pas être filmé, surveillé, etc.) à cause d’un phénomène (l’immigration) dont il n’a jamais voulu et ne veut toujours pas. Pour son bien, pour sa sécurité. Autant dire que le citoyen français applaudit, sans constater que, question sécurité, ceux qui en parlent le plus ne sont pas forcément ceux qui y contribuent le mieux. Nous sommes même exactement dans la situation des trois premiers épisodes de La Guerre des étoiles : le sénateur Palpatine résume à lui-seul les politiciens du Système, lui qui arme discrètement la Fédération du commerce et les séparatistes (Cf. nos aides à des pays riches concurrents et l’immigration) afin, un jour, de demander à la République (provisoirement, dira-t-il) les pleins pouvoirs au nom de la sécurité physique et/ou économique du peuple et devenir le cruel Empereur. Quand on voit avec quelle facilité les Américains, pourtant attachés à la liberté, ont accepté les mesures liberticides prises par l’administration Bush aux États-Unis après le traumatisme des attentats du 11 septembre au nom de la lutte contre le terrorisme, il y a de quoi s’inquiéter pour les Français qui n’ont jamais envisagé l’État comme un ennemi potentiel ou même comme autre chose qu’un instrument d’égalité…
*Éric Martin est rédacteur en chef des Nouvelles de France.
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