Tribune libre de Christian Vanneste*
Si la situation de la France n’était pas aussi dramatique, l’actualité fournirait bien des occasions de rire.
La gauche joue en boucle l’arroseur arrosé. Après le ministre du Budget d’un gouvernement qui fait la guerre aux riches pris la main dans le sac d’un compte à l’étranger, voici proclamé l’appel au respect de la légitimité républicaine par un parti, le PS qui n’a cessé depuis 1968, d’en appeler à la rue contre les gouvernements de « droite ». Lorsque la mauvaise foi devient caricaturale, elle est d’un effet comique irrésistible. Voir les mêmes qui ont soutenu les manifestations et les ont parfois organisées, en obtenant le retrait de ses lois par une « droite » trouillarde, jouer maintenant les vierges effarouchées et drapées dans leurs voiles,dresser un rempart de vertu autour de la République qu’on veut violer, fait naître bien des sourires sur les visages de manifestants dont les débordements dénoncés à grands cris sont sans rapport avec l’irruption des loubards de banlieue dans les cortèges du PS contre le CPE.
Quand des professeurs de vertu mentent « en bloc et en détail » sur les chiffres des manifestants, quand le rapporteur du texte au Sénat, ose dire que la loi n’est que l’expression d’un rapport de force, les masques tombent. Les « démocrates » de la gauche française, les partisans du « front républicain », jamais las d’agiter les épouvantails désuets des années noires et de l’extrême-droite, sont bel et bien les derniers marxistes en Europe, prêts à tout pour affaiblir un pouvoir dont ils veulent s’emparer, prêts à pis encore pour s’y maintenir, une fois la place conquise, prêts enfin à ruiner la société qu’ils veulent conduire et détruire à la fois. La loi, un rapport de force ? Voilà une formule qui rappelle 1981, « les têtes qui vont tomber », « vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaires ». Si la loi c’est de la force, et non du droit, alors la rue devient légitime dans une tradition bien française. Si c’est uniquement un rapport des forces parlementaires, alors il faudrait rappeler à l’ancien magistrat Michel quelques notions qu’il a oubliées : qu’il y a une hiérarchie des normes qui fait que la loi peut être censurée par le Conseil constitutionnel, qu’il y a dans la genèse d’un droit vraiment « républicain », une prudence nécessaire.
“Les jeunes et les moins jeunes qui défient le pouvoir crient aujourd’hui que le roi est nu, que la gauche est bête, que la théorie du genre est une absurdité qui ne résiste pas à la moindre analyse…”
La majorité des Français est hostile à la loi, parce qu’elle ne veut pas de l’adoption des enfants, indissociable du mariage. Les Français, qui ont élu Hollande et lui ont donné une majorité parlementaire, voulaient un président « normal » qui leur donne du travail et du pouvoir d’achat et ne voulaient plus d’un président apparemment trop proche des riches et à la personnalité « hors-normes ». Encore faut-il préciser que l’écart des voix n’a pas été considérable. Aujourd’hui, ces mêmes Français constatent que l’élu est anormalement en-dessous des qualités requises pour exercer la fonction et que ses résultats dans le domaine économique et social sont plus mauvais que ceux de son prédécesseur. Ils acceptaient le « mariage homo ». Ils ne veulent pas de ce cadeau provocateur qui empoisonne la société française, divise la population et occupe les policiers quand les cambriolages augmentent. Ce qui devait être un dérivatif pour faire moderne et généreux devient un tonneau de poudre. Hollande a voulu jouer les artificiers et offrir un beau feu d’artifices au maire de Paris.Voilà que çà leur explose à la gueule ! Ils parlaient de changer de civilisation et entendaient y procéder entre eux, dans la quiétude des chambres. Les Français tiennent à leur civilisation, mais sont maintenant décidés à changer de gouvernement, moins d’un an après son arrivée. Un changement de civilisation, ça se vit, ça ne décrète pas, sauf dans les régimes totalitaires qui finissent toujours mal. En démocratie, ça exige, au moins, la lente maturation d’un référendum à la suisse.
Depuis 1968, et peut-être même avant, la France a été dominée culturellement par les intellectuels engagés à gauche. J’utilise volontairement ce pléonasme politiquement correct en étant sûr qu’il s’agit d’un oxymore. Il faut, en effet, les écouter rabâcher leurs sornettes. Les « intellectuels de gauche » ont tellement « déconstruit » qu’il n’y a plus rien debout qui puisse être offert à la « fabrique des crétins » pour donner aux générations qui arrivent la peine de penser et le goût de vivre. Seule, l’inculture pyramidale de la prétendue droite a maintenu l’illusion. Les jeunes et les moins jeunes qui défient le pouvoir crient aujourd’hui que le roi est nu, que la gauche est bête, que la théorie du genre est une absurdité qui ne résiste pas à la moindre analyse, que les socialistes ont détruit ce que la France avait de meilleur : sa langue, faite pour penser clairement et distinctement, et qui est réduite à des mots-stimulus, à un langage réflexe dont la réflexion est bannie, de Désir à Delanoë : égalité, droit, discrimination, homophobie. Il y a plusieurs manières de censurer : obliger à parler d’une certaine manière, arrêter les contestataires, les poursuivre en justice et les empêcher de se défendre. La pensée unique de la majorité des grands médias, les gardes à vue de manifestants, la ténébreuse affaire de la perte de mon dossier par le TGI de Nanterre sont des aveux : La République, la démocratie, l’État de droit existent-ils encore en France ? Si la réponse est non, alors tout est permis. Il faut y prendre garde.
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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