Tribune libre de Robert Ménard*
Ça recommence ! Après la fatwa contre Salman Rushdie, la cinquantaine de morts qui ont suivi la publication des caricatures de Mahomet, les menaces à l’égard de Robert Redeker, l’incendie des locaux de Charlie Hebdo, le monde musulman s’enflamme, une nouvelle fois, au lendemain de la diffusion sur internet d’un film résolument anti-islam.
Aussi, je veux le dire, sans précaution et sans détour : rien, absolument rien ne saurait justifier les violences de ces « fous de Dieu ». Pas plus à Benghazi, qu’à Tunis ou à Paris. Et les prétendues explications de ces actes – « impérialisme US », « pauvreté endémique », « relégation des musulmans », « mépris pour le monde arabe »… – finissent par ressembler un peu trop à des excuses. Comme si, au fond, nous portions notre part de responsabilité – et, à écouter certains, la plus grande part – dans la sauvagerie de ces comportements.
On a le droit, n’en déplaise aux salafistes, de moquer, de critiquer, de ridiculiser le prophète Mahomet. Dieu merci, les lois condamnant le « blasphème » n’ont plus cours dans la plupart de nos pays.
On a même le droit, faut-il le leur rappeler, de s’interroger sur cette « religion de paix et de tolérance »… C’est blessant pour les musulmans. Ils se sentent outragés. Soit. Est-ce que cela justifie de menacer, de blesser, d’incendier, de tuer ? Et si, comme je l’entends dans la bouche de ces fervents adeptes de l’islam, le Coran justifie ces extrémités, je suis en droit de m’interroger…
Contrairement à ce qui s’écrit dans la presse, ce n’est pas seulement « une profonde détestation de la puissance américaine qui se cristallise dans ces émeutes » (Le Monde), mais une détestation de l’Occident dans sa totalité. Ils sont de plus en plus nombreux à vomir nos valeurs, là-bas comme ici (selon l’Ined, 37% des jeunes Français d’origine étrangère ne se sentent pas français : est-ce sans rapport ?), à exécrer tout ce qui fonde nos sociétés : de la liberté d’expression au respect de la femme et même la liberté religieuse.
Et les propos lénifiants sur le caractère « très minoritaire » de ces sentiments que nous assènent, à chaque flambée de violence, les responsables de la communauté musulmane, ne trompent plus personne.
Que conclut de toutes ces violences Rached Ghannouchi, le chef d’Ennahda, le parti au pouvoir en Tunisie ? « Qu’il doit y avoir une loi incriminant l’atteinte au sacré au niveau international et cela doit se faire à l’ONU. » L’adopter reviendrait à capituler. Une de plus.
P.S. : Vive Charlie Hebdo ! À ceux qui nous expliquent qu’il s’agit d’une « nouvelle provocation » de l’hebdo satirique, je rappelle que personne, à ma connaissance, n’est obligé d‘acheter Charlie. En outre, faire preuve de « responsabilité », comme le recommandent Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius, serait, ni plus ni moins, que donner un blanc-seing aux 250 allumés qui sont allés manifester, prier et crier leur haine des juifs place de la Concorde, en plein cœur de Paris.
Un mot encore, de soutien et sans mégoter, pour Caroline Fourest, prise à partie à la Fête de L’Humanité par une trentaine de militants des « Indigènes de la République », qui l’ont contrainte à annuler une intervention, lui reprochant son « islamophobie ».
*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières.
> Son blog : robertmenard.fr
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