Le Zemmour du mardi. “La femme est l’avenir du maire de Paris. Nathalie, Rachida, Cécile, Anne mais aussi Marielle… de Sarnez et les autres, sont en campagne. La mairie de Paris est leur Graal et semble leur être réservée. Au PS, on dissuade Jean-Marie Le Guen d’affronter l’héritière désignée fort démocratiquement par Bertrand Delanoë et, à droite, les anciens cadors machos de la chiraquie se font tout petits devant des souris qu’ils regardaient naguère avec une condescendance volontiers paillarde. Autrefois, être une femme en politique était un handicap. Aujourd’hui à Paris, être un homme vous met sur la touche. Les Parisiennes ont toujours été les reines de la ville lumière, mais dans les salons du XVIIIe siècle, elles mettaient sur le pavois les Voltaire et Rousseau, tandis qu’au XIXe, elles faisaient la carrière de tous les Rastignac et Bel-Ami qui avaient la chance de leur plaire. Grande victoire des féministes, ce temps du pouvoir occulte est révolu, les femmes sont en pleine lumière. Paris ressemblera bientôt à la Norvège, on se demandera comment un homme peut être maire de Paris. On se demandera aussi ce qui différencie toutes ces candidates. Jadis, les commentateurs politiques tentaient de déceler les points de rapprochement d’adversaires que tout séparait. Désormais, on s’échine à trouver les réelles divergences entre candidates qui sont d’accord sur l’essentiel… et sur tout le reste.”
“Paris ressemblera bientôt à la Norvège, on se demandera comment un homme peut être maire de Paris…”
“Toutes professent les mêmes idées. Droite et gauche sont, avec elles, démodées. Toutes sont modernes, tolérantes, antiracistes, progressistes, féministes, écologistes, libérales en économie (sic) comme sur les mœurs. Elles abhorrent le Front national et le populisme à l’égal du péché, elles sont pour l’Europe, la diversité, le tramway, les crèches dans les entreprises et les Vélib’. Pendant le débat sur le mariage homosexuel, Roselyne Bachelot a prévenu son ancienne collègue du Gouvernement Fillon qu’elle ne pouvait se présenter à Paris sans être gay-friendly. L’avertissement a été entendu : Nathalie Kosciusko-Morizet, balançant entre les nécessités de l’opposition au Gouvernement et ses ambitions parisiennes, s’est courageusement abstenue. Il ne faut pas désespérer le Marais. C’est la loi d’airain des grandes villes dans toute l’Europe : l’insertion des métropoles occidentales dans un univers mondialisé, la liberté de mouvement des capitaux en quête de placements et d’immigrés en quête d’une vie meilleure, a bouleversé de fond en comble leur sociologie, chassant les ouvriers et les employés, remplacés par une population plus riche, plus éduquée, travaillant dans le tertiaire (publicité, médias, banques, etc.) tandis que les îlots qui échappaient encore à cette gentrification, comme on dit, devenaient des ghettos de populations immigrées. L’alliance des très aisés et des très aidés a changé la donne à Paris, mais aussi à Lyon, à Bordeaux, Lille, Toulouse, Strasbourg. La mutation sociologique a entraîné une révolution politique. Nathalie, Rachida, Cécile, Anne… sont les porte-voix de la même classe sociale dominante, les fameux bobos qui font la pluie et le beau temps dans les médias et les salons. Chirac, aujourd’hui, ne gagnerait plus à Paris. Ou alors, il faudrait que ce soit sa fille Claude qui se présente.”
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