Touche pas à mon vote !

Tribune libre de Christian Vanneste*

75 députés socialistes lançaient hier un appel, dans Le Monde, en vue d’ accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections locales. On devine les arrière-pensées de ces militants : à très court terme, le débat idéologique sur les valeurs, ici le lien entre nationalité et citoyenneté, va fort heureusement faire oublier le contexte économique et social, et une bonne partie des médias prendra partie pour cette idée empreinte de modernité ; à moyen terme, lorsque la loi sera votée, un certain nombre de communes seront sauvées pour la gauche, grâce au renfort d’une clientèle supplétive ; à long terme, un pilier idéologique de la droite, la nation aura fini de s’effondrer.

Malheureusement, les évènements récents confèrent à cette initiative un caractère provocateur et irresponsable. Certes, dans l’affaire Merah, le gouvernement annonce une loi anti-terroriste afin de dissuader des Français d’aller s’entraîner au djihad en vue de combattre « leur » pays. Mais la mobilisation de « salafistes », en France, pour manifester contre une vidéo répandue sur Internet par des manipulateurs désireux de jouer avec la trilogie Provocation (de qui ?), Victimisation, Indignation a amplement montré que l’esprit communautaire l’emportait chez certains sur l’esprit national. Soit il s’agit de résidents, soit il s’agit de citoyens, mais dans les deux cas, il est clair qu’ils ne respectent ni la loi, ni les institutions du pays qui est le leur ou qui les accueille. Il s’agissait d’une manifestation non-autorisée contre une ambassade dont le gouvernement n’est en rien responsable de la vidéo incriminée et qui a débordé jusqu’à l’Élysée.

Le problème qui est posé est bien celui de la seule communauté reconnue dans notre pays, la communauté nationale et du lien entre nationalité et citoyenneté qui la fonde. Celle-ci est constituée par les citoyens ou ceux qui sont appelés à le devenir par le droit du sang, en héritant à leur majorité du titre transmis par leurs parents. Elle n’est pas seulement bâtie sur le droit, elle est aussi un attachement affectif, qui réunit les nationaux autour de l’héritage d’un passé qu’ils assument et du projet commun qui les anime. À cette communauté, ne devraient pouvoir s’adjoindre que ceux qui sont nés sur le territoire ou ceux qui y vivent, mais à une condition, c’est qu’ils en aient exprimé la volonté, c’est-à-dire le désir de participer à un destin collectif, issu d’un passé et en marche vers un avenir. L’acquisition automatique de la nationalité ne prouve nullement cette volonté. Non seulement, un certain nombre de Français de droit ne se sentent nullement français et placent leur adhésion à une autre communauté au-dessus de l’appartenance nationale, mais on voudrait maintenant que l’on puisse accéder au droit primordial du citoyen, tout en demeurant étranger.

Le lien entre nationalité et citoyenneté est un fondement de la République, cette Res Publica, ce Bien Commun de ceux qui l’ont constitué et défendu, et sont prêts encore à le défendre. Au premier rang figurent non pas ceux qui sont là ou sont  nés là comme les sujets sur le territoire du Monarque, mais les enfants des citoyens, qui vont le devenir, eux aussi, parce qu’ils hériteront tous à égalité de ce droit de participer aux choix politiques de la Cité, privilège de quelques-uns, auparavant. La nation, le droit du sang, la citoyenneté, le droit de vote réservé aux citoyens sont des conquêtes de la Révolution. Par quel reniement et avec quelle intention perverse la gauche trahit-elle les valeurs auxquelles elle se dit attachée ?

L’immigration est un fait. On peut légitimement le rationaliser en le liant aux besoins économiques. On doit avoir ensuite une politique cohérente  qui vise trois objectifs :

– soit l’immigré entend séjourner en France afin d’y occuper un emploi et de regagner son pays ensuite : l’insertion est nécessaire, avec l’apprentissage de la langue,et le respect de la loi. Mais, les pratiques culturelles qui sont les siennes doivent être admises.

– soit l’immigré souhaite demeurer en France sans acquérir la nationalité. Dans ce cas, il doit y avoir une intégration, c’est-à-dire une compatibilité des comportements avec les pratiques culturelles des Français.

– soit l’immigré désire acquérir la nationalité française, et il doit s’assimiler à la communauté nationale.

Concrètement, cela veut dire que l’étranger qui veut participer à la vie politique nationale doit devenir Français pour être un citoyen. Il ne doit pas se contenter de respecter la loi et de payer ses impôts. Le régime censitaire qui conditionnait le droit de vote et l’éligibilité à la situation fiscale a été heureusement abandonné. La citoyenneté est un engagement moral, non le droit de regard d’un financeur. Elle exige une adhésion spirituelle à la nation, à ses valeurs, à son histoire, une volonté de construire son avenir dans le respect de ses institutions et de sa culture. Personne ne doit obliger quelqu’un qui vit en France à aimer nos valeurs. Il suffit qu’il les respecte pour s’insérer, qu’il n’empêche aucun de ses proches d’y adhérer pour s’intégrer, mais il faut qu’il y adhère lui même pour s’assimiler, pour devenir citoyen, en admettant, par exemple que la liberté d’expression soit un principe démocratique dont toute religion peut bénéficier, mais qu’aucune ne peut combattre par la violence ou l’intimidation. Les élections locales ont une incidence directe (le Sénat) ou indirecte (le poids des élus  et celui des collectivités locales) sur la politique nationale. Elles exigent le titre de citoyen et donc la nationalité française.

Pour conclure, je voudrais laisser la parole à Malika Sorel, une Française de volonté et de bonne volonté : « L’indifférence des élites à l’existence ou à la disparition de leur peuple a quelque chose de glaçant ». Cette première remarque devrait être méditée par nos 75 députés. En voici une seconde : “Cette politique d’intégration… qui revient à placer la charrue avant les bœufs n’a aucune chance d’aboutir. »  Il faut espérer que le gouvernement entende ce jugement d’une femme devenue française par amour de la France et dont la passion devrait servir d’exemple à plus d’un élu.

*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.

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3 Comments

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  • JPL , 19 septembre 2012 @ 10 h 47 min

    Là ou le vote des étrangers sera autorisé je propose aux “Français de souche” de faire la grève du vote soit en ne se déplaçant pas soit mettant un bulletin nul (mais certainement pas un vote blanc).
    C’est la seule arme qui nous reste avant de descendre dans la rue…

  • Chevalier Noir , 19 septembre 2012 @ 12 h 56 min

    Ou… Revenir au droit du sang… Mais quel homme politique aura le courage de le proposer ???

  • flammande , 19 septembre 2012 @ 16 h 49 min

    Il ne s’agit pas de courage… mais de clientélisme et d’opportunisme de la part d’une élite mondialiste rêvant du village global et de citoyens décérébrés par la peur, l’individualisme, la religion, les loisirs ou une absence complète de sens critique !

    C’est leur but : lela substitution de population par des individus “divers”, sans racines, sans projet commun… il faut reconnaître qu’ils sont en passe de réussir !

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