Il s’agit d’une exception dans l’Union européenne : Athènes est en effet la seule capitale du vieux continent à ne pas avoir de mosquée. Les musulmans de la ville doivent donc se contenter de sous-sols, de garages et d’entrepôts. Environ 500 000 dans tout le pays (dont 40% vivent à Athènes même) et pour beaucoup d’origine immigrée, ils s’en plaignent régulièrement. Naim Elghandour, président de l’Association des musulmans de Grèce (18 000 membres revendiqués), dénoncent les difficultés logistiques qui en résultent ainsi que l’absence d’imam.
Il semble oublier un peu vite que pour les grecs, l’islam reste le symbole de l’occupation ottomane de plusieurs siècles qu’ils ont subi. De fait, depuis que les Ottomans ont définitivement quitté Athènes en 1833, il n’est plus question d’y édifier une mosquée. La crise économique, l’opposition très nette d’une majorité de la population et celle de la très influente Église orthodoxe y contribuent également. Avant les Jeux Olympiques de 2004, l’Arabie Saoudite (dont la transparence vis-à-vis des mouvements islamistes est tout sauf évidente) avait proposé de financer entièrement une grande mosquée près de l’aéroport d’Athènes, mais le Saint-Synode avait, à force de pressions, fait échouer le projet. De toute évidence, les grecs sont encore majoritairement décidés à préserver leur indépendance et leur identité.
Mais les choses pourraient malheureusement changer. Le maire de Thessalonique, Yannis Boutaris, souhaite fournir une mosquée digne de ce nom aux 5 000 musulmans de sa ville, ainsi qu’édifier un mémorial à la mémoire de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne et originaire de Thessalonique (mais aussi ennemi de la Grèce puisque acteur important de la guerre de 1919-1922). À Athènes même, les autorités étudient la possibilité d’utiliser une ancienne base navale à l’Ouest de la ville pour en faire la première mosquée de la capitale. Mais Elghandour n’en parait pas satisfait : le lieu idéal serait plutôt une ancienne mosquée devenue un temple datant du XVe siècle dans le quartier de Monastiraki. Peut-on espérer, au cas où ce projet de concrétiserait, qu’en retour la Turquie accepte que l’ancienne basilique Sainte-Sophie d’Istanbul transformée en mosquée redevienne un lieu de culte chrétien ?
Source : Southeast European Times.
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