Tribune libre de Cyril Brun*
Il s’appelle François ! François en l’honneur de Saint François d’Assise, dont le vrai nom est Giovanni di Pietro Bernardone, mais que son père avait ainsi nommé par amour de la France ! Il s’appelle François, comme le premier des Valois-Angoulême qui par dévotion à l’humble frère d’Assise entourait son chiffre F de la cordelette des franciscains. Là, peut-être, s’arrête la comparaison entre les deux hommes. Si le premier des François fut le maître d’œuvre de Chambord, le second préfère les simples deux pièces. Si le Père et Restaurateur des lettres fut un grand mécène de la Renaissance, le nouveau François s’inscrirait-il à son tour, dans la lignée de ses deux prédécesseur, comme le Père et Restaurateur de l’Église ? Comme son saint patron a-t-il reçu la mission de reconstruire l’Église ? Le fera-t-il, avec les mêmes outils que le pauvre d’Assise, par la simplicité et le dépouillement dont le monde a tant besoin ?
On voit bien entendu les signes que l’on veut ! Et les adeptes des prophéties pourront trouver dans le nom de saint François d’Assise, le fameux « Pierre » du dernier pape de Malachie. Mais aussi… François, pour être le témoin dans notre monde d’un autre François honorant par son nom la France au moment même où sont chef se prénomme ainsi ! Quel Français en entendant ce prénom en latin, après la première surprise ne s’est pas immédiatement dit, c’est le premier, comme…. François Ier ? Quel Français ne s’est pas senti lui-même inscrit dans ce nom qui est le sien. France, Fille ainée de l’Église par le baptême de Clovis. France, Fille choisie par l’adoption du poverillo pour porter la reconstruction de l’Eglise. France, Fille consacrée par son Roi Louis XIII pour être à Marie. France, Fille privilégiée par les apparitions de Notre Dame. France, Fille la plus fertile en saints et aujourd’hui honorée par le nom d’un pape connu pour son combat pour la vie et contre la dénaturation du mariage. La France fille ainée de l’Église qui précisément aujourd’hui descend dans la rue pour la vie et la famille, reçoit ce 13 mars, deux mois jours pour jours après cette incroyable mobilisation, le plus puissant des soutiens. C’est comme si le cardinal Bergoglio nous disait, ce combat que j’ai mené depuis Buenos-Aires et que vous « François » vous reprenez aujourd’hui si vivement, nous allons le mener ensemble. Comme Jean-Paul II s’était engagé de toute son âme pour libérer le monde du marxisme en s’appuyant sur son peuple de Pologne, moi François Ier, je me tiens à vos côtés pour un nouveau Marignan. Il semble alors faire comme un discret écho plein d’espérance à une autre stigmatisée, Marthe Robin qui nous avait averti : La France tombera bien bas, mais elle se relèvera plus belle que jamais. Il est du reste saisissant de parcourir le monde chrétien et de constater combien unanimement les fidèles estiment que le renouveau viendra de France. Un brésilien venu en France plein de moyen pour évangéliser répondait à mon admiration pour son dévouement « Vous plaisantez ! Je suis venu ici pour réveiller un géant ! » France, Fille ainée de l’Eglise, souviens-toi de ton baptême, ton heure est peut-être bien venue !
“France, Fille ainée de l’Eglise, souviens-toi de ton baptême, ton heure est peut-être bien venue !”
Oui mais… le souverain pontife nous indique aussi comment nous devons mener le combat : dans l’humilité, la simplicité et la charité. Ce combat, qui au final revient à reconstruire l’Église, n’est pas celui du camp du drap d’or, ni celui de Marignan. C’est celui du martyre au sens le plus strict du terme c’est-à-dire du témoignage. En descendant dans la rue, nous devons montrer comme est bon le Seigneur. En enfourchant nos destriers blancs, nous devons avoir soin de leur blancheur, c’est-à-dire de la pureté de notre vie, chemin de vérité et de libération. Nous sommes appelé, certes à battre le pavé, à convaincre nos concitoyens par la raison (l’œuvre de Benoît XVI ne s’arrête pas), mais aussi à témoigner par notre vie que la loi divine est la source de notre joie. Et cela suppose de notre part une véritable conversion qui s’apparente de très près au martyre par nos renoncements, nos choix renouvelés en faveur du bien et le refus de ces mille compromissions quotidiennes dont nous sommes si friands. Dans ce monde de l’avoir, au cœur de cette course effrénée vers toujours plus, le pape François est à lui seul un signe fort. Le changement, le vrai changement c’est en effet maintenant pour qui veut voir ce signe de contradiction. L’avenir de l’Homme n’est pas dans la recherche des biens mais dans la quête du Bien. En se plaçant sous la protection du pauvre d’Assise, en nous y entrainant avec lui, le souverain pontife veut ouvrir une nouvelle ère et rappeler par son nom comme par sa vie non pas que l’essentiel est ailleurs, mais que toute la vie passe par un autre chemin. Dans ce monde où l’on compense le vide existentiel par le toujours plus, François Ier veut nous réapprendre que la vie se suffit à elle-même et que plus on se dépouille des apparats du monde, plus notre vérité profonde, plus la vérité de l’Homme se révèle au grand jour et plus son bonheur réel redevient accessible.
C’est bien du reste le combat que nous « François »nous sommes appelés à mener tant par nos pieds que par notre cœur, tant dans la rue que dans notre vie, redécouvrir l’Homme véritable pour lui redonner accès au sens profond de sa vie, le seul qui puisse en vérité le combler.
*Cyril Brun est le délégué général de l’Institut éthique et politique Montalembert à Paris.
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