Pourquoi la loi n’a pas vocation à reconnaître le « mariage » gay

Une réflexion de Jean de Rouen*

Faut-il faire un rappel de bon sens ?

1/ L’être humain est un être sexué : la nature humaine ne se réalise pas en dehors de la masculinité ou de la féminité. Personne en effet n’a jamais vu l’être humain en soi qui, en tant que tel, est une abstraction : ce qui existe, ce sont des hommes et des femmes qui accomplissent distinctement une nature commune.

2/ C’est sur cette donnée anthropologique fondamentale que repose la société : au principe de la société, il n’y a pas deux êtres indifférenciés, mais bien l’homme et la femme. C’est en effet la complémentarité des sexes qui est la condition de la pérennité de la société. Est-il besoin de souligner que l’union homosexuelle, quant à elle, exclut a priori, en raison de sa nature propre, la possibilité de la procréation ?

3/ Le mariage, qui est un acte public, a une fonction sociale : il fonde la famille qui est la cellule de base de la société. La famille est en effet le socle sur lequel repose l’édifice social en ce que, fondée sur l’altérité des sexes – seule source de fécondité – et l’accueil de la vie, elle inscrit la société dans la durée en assurant le renouvellement des générations. La famille est donc le fondement objectif de la société, laquelle apparaît ainsi comme une réalité organique.

4/ La loi est ordonnée au bien commun : elle n’a pas à être détournée de sa fin pour satisfaire des intérêts catégoriels ou même individuels. Il y a là une position de principe.

5/ Défendre le « mariage » homosexuel, c’est donc occulter la dimension profondément politique de l’homme en rejetant l’ordination de la famille à la société et au bien commun dans lequel elle réalise la perfection de ses membres, c’est finalement nier le caractère structurel de la cellule familiale au sein de l’ordre social. Invoquer l’égalité des droits pour y parvenir, c’est catégoriser les citoyens et sombrer dans le consumérisme qui considère que la loi peut être confisquée en vue de l’intérêt individuel ou communautaire. Admettre par ailleurs, fût-ce tacitement, que la loi doit sanctionner le mouvement inexorable de la société en l’accompagnant de sa législation et en entérinant les situations de faits, c’est accepter demain, car nous sommes tributaires des faits, la législation de la polygamie.

En conclusion, la vie privée des personnes ne concerne pas le législateur. La loi est indifférente  aux états de vie des uns et des autres dès lors qu’ils n’engagent pas l’avenir de la société. Et c’est précisément pour cette raison qu’elle n’a pas vocation à être sollicitée ni convoquée pour reconnaître publiquement toutes sortes d’unions qui, par leur nature propre, ne peuvent être au principe de l’ordre social.

*Jean de Rouen est professeur de philosophie. Il est l’auteur de La droite parlementaire est-elle encore de droite ?

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54 Comments

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  • Joseph , 18 septembre 2012 @ 4 h 22 min

    Pas de chance pour vous j’ai été adopté, et je sais de quoi je parle, vous dégainez trop vite cher ami, mon avis est aussi mon expérience, quelle est la votre, “d’enfant adopté”, mes repaires sont aussi mon environnement et mon éducation, merci de vous préoccuper des enfants il est flagrant que vous n’y connaissez rien, n’oubliez pas quand vous vous embrasserez, que l’enfant sera là, à moins que pour vous il ne soit aussi une normalisation de vos rapports, qui justement n’engendre pas la naissance? Joseph

  • Joseph , 18 septembre 2012 @ 4 h 34 min

    2 Pierre 3:3 Sachez tout d’abord que, dans les derniers jours, des moqueurs viendront, qui vivront au gré de leurs propres désirs. Ils tourneront votre foi en ridicule en disant : … Croire vous obligerait à changer, alors vous préférez vivre selon votre nature, même pas selon la nature ! (Vous voulez être respecté, accepté), mais vous même n’acceptez pas la différence, intolérance 10/10, qualité de débat ??? Arguments??? Joseph

  • Joseph , 18 septembre 2012 @ 4 h 44 min

    La non-idéologie, n’est-elle pas déjà un concept ? Réfléchissez, à non, vous affirmez ne pas doué d’idées, vous êtes machiste ou quoi, à non pas de questions, et non plus de réponse! Donc pas de discussion possible. Joseph

  • gerf , 22 septembre 2012 @ 15 h 49 min

    “Hic et Haec, ne venez pas jouer dans une cour qui n’est pas la vôtre”.

    Je ne comprends pas bien pourquoi vous adressez votre petit roman aux hommes homosexuels alors qu’il s’adresse presque entièrement à tous les couples qui veulent avoir un enfant…

    Mais peut-être pensez-vous que, pour une certaine raison, les couples homme-femme n’ont pas besoin d’être conscients de ce qu’exige comme investissement le fait d’avoir un enfant ni du statut d’être humain de leur enfant. Ou alors qu’ils en deviennent miraculeusement conscients par la grâce de leur différence de sexe…

    Vue votre fixette sur les hommes, il s’agit peut-être juste de dire que seules les femmes sont capables d’élever un enfant (et quand je dis élever, je précise que je ne parle pas d’élevage d’animaux ; le verbe élever a un sens parfaitement respectueux de l’enfant, ne vous en déplaise). Permettez-moi de ne pas vous suivre sur ce point.

    “le programme minimum pour songer à prendre en charge l’éducation d’un enfant, est d’avoir atteint psychiquement la capacité d’accueil de la différence”
    On peut en discuter mais pour répondre directement au sous-entendu, ce qui me paraît clair à moi, c’est que beaucoup d’hétéros sont loin de maîtriser cet “accueil de la différence” (quand bien même ils ont “réussi” à se mettre en couple)…

    “Quant au « désir d’enfant ». Pour qui ? Pour lui ou pour vous ?”
    De quoi parlez-vous? les parents font un enfant car ils en veulent un, non pour le désir ou le plaisir de l’enfant (ou alors ils se bercent d’illusions).

    “Vous voulez transmettre ? Quoi ? et à qui ?”
    La même chose que les parents hétéros. Bien sûr, biologiquement cela pose des questions. Mais cela ne justifie pas de remettre en question, par nature, l’engagement et la réflexion des parents homos.

    En définitive, on peut se passer de généralisations orientées. Et on critiquera les comportements effectifs des parents vis-à-vis des enfants et non leur identité sexuelle et ce qu’elle impliquerait selon des clichés infondés.

    Bonne journée.

  • gerf , 22 septembre 2012 @ 16 h 17 min

    À mon humble avis, la “minorité rétrograde” de Dōseikekkon n’est pas constituée par les familles fondées par un couple homme-femme, seulement par les gens qui pensent que leur modèle de cellule familiale est, par nature, le seul qui puisse exister et que l’humain doit et est effectivement totalement limité par la biologie qui concerne ses gamètes. C’est différent.

    Vous repasserez pour la “stupidité crasse”.

  • gerf , 22 septembre 2012 @ 16 h 31 min

    “Quoique puisse dire un gay, l’enfant ne viendra jamais totalement de lui”
    Et donc il sera incapable de l’éduquer? Si c’est votre argument pour lui refuser un statut de parent, il est risible.

    Vous avez l’air de ne parler que des personnes qui adopteraient un enfant sans participer à sa conception. On peut donc reformuler votre phrase en l’étendant à tous les cas comparables “techniquement” :
    “Quoique puisse dire un parent adoptif, l’enfant ne viendra jamais totalement de lui”.

    Et alors? On ne nie cependant pas son droit à l’adoption de ce simple fait. On ne remet pas en question la part qu’il a dans l’éducation de l’enfant de ce simple fait. On ne refuse pas de le considérer comme parent “comme s’il avait réellement participer à la conception de l’enfant” de ce simple fait.
    “Vous n’êtes QUE la mère adoptive? ah, vous n’êtes pas vraiment sa mère alors, cet enfant n’est pas vraiment le vôtre…”. C’est cela que je trouverais passablement triste et irrespectueux de l’engagement sincère et véritable du parent adoptif.

    “triste avenir que de se savoir dès la naissance utilisé avant d’être souhaité”
    Je ne vois pas à quoi vous faites référence.

    Vous parlez d’aller contre nature. Est-ce que cela est “mal” d’après vous? Est-ce que vous rejetez tout ce que l’homme met en place pour résister à la nature?

  • gerf , 22 septembre 2012 @ 17 h 05 min

    Vous basez tout votre raisonnement sur le système de reproduction sexuée comme preuve que la famille fondée par un homme et une femme est la structure sociale fondamentale et qu’elle est nécessaire pour la pérennité de la société.

    Appeler cela une évidence ou du sens commun ne rendra pas votre argumentation plus valide. (NB: le sens commun n’a rien d’une preuve irréfutable…)

    L’être humain doit se reproduire pour perdurer. Formellement, cela veut juste dire qu’il faut que des enfants naissent en quantité suffisante pour que la population ne s’éteigne pas. Et aujourd’hui, il serait faux de dire que cela nécessite une pure procréation naturelle.

    Bien sûr, il n’y a pas de société (humaine) sans humain. Mais c’est votre saut des nécessités biologiques pour la survie de l’espèce aux nécessités sociales pour la survie de la société qui pose problème. C’est cela que ne trouve en aucun cas “évident”. Ne confondez pas l’espèce humaine et la (ou les) société(s) humaine(s).

    Vous parlez de fixer “les règles du jeu” et vous avez l’air de vous en remettre à la nature pour les fixer ou du moins à considérer que l’humain n’a pas les moyens d’y toucher ou pas le droit.
    À nouveau, c’est une opinion qui n’est en rien évidente. Le fait est que l’humain a les moyens de résister techniquement à la nature et les moyens intellectuels d’ajouter ses structures personnelles par-dessus celles de la nature et il le fait constamment.
    Surtout, la nature ne nous dit pas si c’est bien ou mal, elle ne nous dit pas si on a le droit de le faire ou non. D’où viennent vos fameuses “règles du jeu”? Vous me donnez l’impression de dire que ces règles naturelles (biologiques, physiques) sont des règles morales. Est-ce le cas?

    Les capacités intellectuelles et culturelles de l’être humain (qui lui viennent de la nature bien sûr) l’ont amené à mettre en place des structures sociales particulières. Qu’il se soit inspiré de modèles naturels ou non, volontairement ou non, ne change rien au fait qu’il a décidé de le faire par lui-même.
    Je veux dire que la construction des structures de la société dépend des choix que fait l’humain et que de dire à un certain moment que tel choix ne peut pas être fait du fait qu’il s’oppose à un modèle naturel apparent me paraît revenir à accorder une autorité morale à la nature ou du moins à prétendre que c’est la nature qui décide des structures sociales de l’humain. Je ne peux pas vous suivre là-dessus et je répète que cela n’est pas une évidence.

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