Le Zemmour du vendredi. “Il nous avait dit : ‘Moi président, on sera tranquille’, Moi Président, on sera peinard’, ‘Moi Président, finies l’agitation, l’excitation, les divisions’, ‘Moi Président, la négociation, les consultations, la pacification’, ‘Moi Président, la vie en rose sur un air d’accordéon. Et puis, on a vu, entendu la fureur et le bruit, les insultes, les quolibets, les invectives, les homos contre les hétéros, les femmes contre les contre, les pauvres contre les riches, les ouvriers contre les patrons, Torreton contre Depardieu, les taxis contre les ambulanciers, les communistes contre les socialistes, les députés incroyants contre les religions, Duflot et Peillon qui réveillent les mannes du petit père Combes et de l’anticléricalisme d’il y a un siècle, Montebourg qui relance la guerre contre les 200 familles, qu’elles soient françaises comme Peugeot ou indiennes comme Mittal… Les socialistes nous promettaient un avenir radieux et plongent dans notre passé le plus poisseux. Ils nous annonçaient la paix universelle et réveillent la guerre de tous contre tous. Il y a longtemps, le grand philosophe Hobbes nous a enseigné que l’État avait été inventé pour mettre un terme à cette guerre-là. Mais Hollande n’est pas l’État. Il ne l’incarne pas. Il ne le fait pas respecter. Il essaye mais n’y arrive pas. Comme s’il était là par hasard, par erreur.
“Pour l’instant, François Hollande n’est qu’un ministre des Impôts.”
Il est vrai que Sarkozy n’y arrivait pas plus que lui. Il compensait son manque d’incarnation par un activisme survitaminé. Il n’était pas Président mais jouait au Premier ministre. Pour l’instant, François Hollande n’est qu’un ministre des Impôts. Sarkozy nous a très vite énervé par son agitation perpétuelle et contradictoire. Son successeur nous énerve déjà par son apathique placidité. Sarkozy excitait les passions, Hollande nous les renvoie. Les socialistes ont retrouvé le pouvoir après dix ans d’absence. L’incroyable amateurisme qu’ils ont montré dans l’affaire du taux d’imposition à 75% prouve qu’ils ont perdu une partie de leur culture de gouvernement. À l’époque, Jospin reconnaissait, penaud, que l’État ne peut pas tout. Ses héritiers découvrent que l’État peut toujours moins. D’où le désarroi des uns et la fureur des autres. Chacun cherche désespérément à dire quelque chose de gauche. Mais Hollande reçoit chaque jour sa feuille de route de Bruxelles : traité budgétaire, fin du monopole de la SNCF, flexibilité sociale… Le rouleau compresseur libéral broie toute velléité d’originalité d’une gauche même convertie à la sociale démocratie. Ils inspire jusqu’aux réformes sociétales que la gauche défend ingénument au nom du progrès. Cette mutation inouïe de la France se fait dans la douleur et la fureur : chacun pressent que l’avenir sera pire, qu’en 2013, la France risque d’apparaître comme l’homme malade de l’Europe, chacun tente de défendre ses positions, ses privilèges, même modestes. Hollande avait promis que tout se ferait dans l’ordre et la justice. Chacun craint désormais que tout s’accomplisse, mais dans le désordre et l’injustice.”
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