Située au pied du Mont Fuji, la forêt Aokigahara attire chaque année de nombreux Japonais décidés à mettre fin à leurs jours. Les autorités peuvent y retrouver jusqu’à 100 corps par an. La faute au feuillage dense qui facilite les disparitions et complique les recherches mais aussi à un roman paru en 1960, Kuroi Jukai, de Seichō Matsumoto qui met en scène un suicide à cet endroit. En deux décennies, le géologue Azusa Hayano a trébuché sur une centaine de corps ou squelettes habillés. Quand il croise des individus dans la forêt, il arrive à savoir quand ceux-ci sont là pour commettre un suicide et tente alors de les faire changer d’avis. Parfois, il voit une poupée clouée à un arbre : l’expression d’une détestation de la société, décrypte-t-il. D’autres fois, il tombe sur des messages laissés par des personnes qui ont mis fin à leurs jours, comme celui-ci : “Ne me cherchez pas”. A l’entrée de la forêt, un panneau posé par l’Association pour la prévention du suicide, qui dit : “Votre vie est un don précieux de vos parents. S’il vous plaît, pensez à vos parents, à vos frères et sœurs et à vos enfants. Ne gardez pas vos problèmes pour vous, parlez-en.” Certains renoncent finalement, d’autres hésitent (comme en témoignent les tentes vides) tandis que plusieurs dizaines choisissent d’en finir. Au Japon, le suicide est très souvent une conséquence de l’isolement social facilité notamment par Internet. Il n’a plus rien à voir avec le seppuku (ou hara-kiri) des samouraïs.
[Avertissement : certaines images du reportage peuvent choquer.]
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