Ci-gît le novlangue socialiste

Tribune libre de Sabine Faivre*

Quand la réalité fait défaut, il suffit d’inventer des mots pour faire croire que cette réalité existe. Ainsi nommée, cette réalité prendra corps. Et l’opinion n’y trouvera rien à redire. C’est le novlangue (1) socialiste.

La première victoire des lobbies homosexuels, relayée par le gouvernement dans le combat du mariage «  pour tous », a d’abord été d’inventer un langage. Les mots, les notions, les expressions que l’on entend à longueur de journée dans la bouche des journalistes, des médias, au gouvernement, ont été inventés pour créer cette réalité.

Ainsi, l’opposition entre « couple hétérosexuel » et « couple homosexuel » : cette opposition a pour seul but de faire croire qu’il existe aujourd’hui une division entre deux types de modèles de sexualités, une prétendue «  suprématie » du modèle hétérosexuel. Cette notion n’a aucun fondement. En droit, il est question d’homme et de femme. Il n’est pas question d’opposer des droits de groupes à des droits de groupes.

Jamais le droit n’a consacré un quelconque «  modèle » hétérosexuel. Il est basé sur l’altérité homme-femme, constitutive de l’humanité. Il n’y a dons pas d’hétérosexuels ni d’homosexuels. Il y a des hommes et des femmes sujets de droit.

Faire croire à une lutte entre hétérosexuels et homosexuels est une tromperie, un artifice, un piège à revendications.

Ainsi de la notion d’ « égalité » : on a entendu proclamer la devise républicaine comme porte-étendard de la cause des «  couples homosexuels ». Or la référence à cette notion d’égalité est un leurre : parce que la devise établit l’égalité entre les citoyens, et certainement pas entre des catégories de personnes.

« Le mariage pour tous » : inventé pour diffuser un message de solidarité pseudo-compassionnelle, ne signifie rien lui non plus. Car jamais le mariage ne peut s’adresser à tous, au risque de vider l’Institution de sa substance.

Les « familles homosexuelles », l’homoparentalité : là encore ce sont des néologismes. Ces expressions ne sont fondées sur rien. D’où l’interrogation lancée par Hervé Mariton à la Ministre de la famille : « Veuillez, s’il vous plait, Madame le Ministre, définir ce qu’est une famille homosexuelle ». Est-ce un foyer rassemblant des adultes de même sexe autour d’un ou plusieurs enfants ? Quel est le sens du mot «  famille » dans ce contexte ? Est-ce la présence de deux adultes autour d’un enfant ? On se rend compte à quel point la notion ouvre sur un vide vertigineux.

Les partisans du lobby gay ont compris que pour créer une réalité il suffisait en fait de la nommer. Lumineuse idée dont George Orwell a fait l’un de ses meilleurs romans, 1984. Ainsi ils ont pensé que, pour donner du poids à cette cause, il leur faudrait lui donner, d’abord un langage, ensuite une représentativité. D’où les chiffres mis en avant ces associations, chiffres là encore sortis de nulle part, objets des fantasmes les plus fous et que nul n’a pu, et pour cause, vérifier.

“Dès maintenant, il appartient à chacun de supprimer de son langage toutes les notions inventées par le lobby gay.”

Ce projet monté de toute pièce sur de faux arguments, de faux chiffres et de fausses notions, va donc naturellement être une source d’inégalité pour tous. Les dégâts risquent d’être irrémédiables.

Mais ce que les partisans du mariage entre personnes de même sexe n’ont pas réalisé, c’est que cette réalité pourra être aussi facilement déconstruite, puisqu’elle ne repose sur rien.

Ainsi donc dès maintenant il appartient à chacun de supprimer de son langage toutes les notions inventées.

Désormais nous parlerons de couple, sous-entendant par-là évidemment l’alliance homme-femme. Nous parlerons de famille, sous-entendant par là un père-une mère et des enfants.

Nous parlerons d’égalité entre les citoyens.

Nous refuserons toute évocation au «  couple homosexuel ». Nous parlons en lieu et place, de personnes de même sexe. Nous bannirons de notre langage la référence à l’hétérosexualité.

Nous parlerons en lieu et place d’hommes et de femmes.

Lorsque nous évoquerons le terme de « parents », nous penserons naturellement au père et à la mère. Nous parlerons de « tuteurs » ou de « tutrices » homosexuels.

Que chacun s’applique cette exigence à soi-même, là où il est, dans les lieux où il travaille, dans sa famille, sa chapelle, son parti politique. Partout où il peut.

Les mots ou expressions inventées sont désormais bannis de notre langage.

Nous les enterrons solennellement ici-même. Ici gît le novlangue socialiste. Ad vitam aeternam.


1. Le novlangue (traduit de l’anglais Newspeak ) est la langue officielle d’Océania, inventée par George Orwell pour son roman 1984 (publié en 1949). C’est une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique (et même la seule « idée » de critique) de l’État. Le mot novlangue est depuis passé dans l’usage au féminin par analogie avec langue, lorsqu’il désigne péjorativement un langage destiné à déformer une réalité, hors du contexte du roman.

*Psychologue et enseignante, Sabine Faivre est chargée de recherche sur la bioéthique et la famille pour l’Institut Thomas More.

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52 Comments

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  • scaletrans , 8 mars 2013 @ 20 h 42 min

    Précision: “des noms de lieux connus” (tout au moins dans l’antiquité).
    J’ai l’impression que vous êtes de la gent provocatrice, je me trompe ?

  • Yaki , 8 mars 2013 @ 21 h 38 min

    C’est marrant comme sur ce site, dès qu’on répond au débat, on est un imbécile, ou un provocateur.

    La bible peut être historique sur certains points, mais la Genèse !!

    J’adore comme des croyants peuvent abhorrer l’homosexualité, alors que la Genèse de l’humanité repose sur un fratricide et un inceste…

  • JSG , 9 mars 2013 @ 7 h 08 min

    ” Le « récit » de la Genèse n’a aujourd’hui plus aucune valeur ”
    Ah bon, et pourquoi ?
    C’est tout simplement la base de toute la culture occidentale il me semble ? Au travers de ce récit il y a la culture judéo-chrétienne qui ,que vous le vouliez ou non, a fait ce que vous êtes, ce que nous sommes.
    Le matérialisme n’a jamais résolu la question de savoir ce que vous êtes, ce que je suis ! La science et sa théorie fumeuse du big-bang, tous noirs, super machin n’a jamais résolu le problème de la création, 2000 ans après les ‘légendes’ comme vous dites.
    Tout juste, les ‘scientifiques’ ne sont que des découvreurs curieux qui , certes, sont utiles à la compréhension du présent, mais qui redeviennent comme tout le monde, au sujet de la Création de l’univers.
    Ils ne savent RIEN, et certains veulent tout expliquer avec les résultats que l’on peut constater sur le comportement de l’homme désabusé d’aujourd’hui. L’homme moderne, à qui l’on a expliqué que tout s’est fait tout seul, et qui ne crois plus à rien, pendant que ceux qui prêchent cette idiotie, se précipitent dans une loge pour adorer l’Architecte Universel.
    Ah, bravo les ‘matérialistes’ : trop orgueilleux pour se poser La Vraie Question.

  • Tonio , 9 mars 2013 @ 8 h 39 min

    Tout simplement parce que consciemment ou non le bon peuple sait que du christianisme historique est issu le catholicisme romain et que les chrétiens qui, dès le grand schisme, ne reconnaissent pas Rome, en sont des dérivations; même les sectes protestantes ou réformées sont issues du catholicisme: Hus, Luther, Calvin ont été élevés dans le catholicisme; ils l’ont quitté, non pas aboli. D’ailleurs le seul magistère qui donne de la voix depuis toujours est celui de Rome; on ne critique que le pape pour ses mandements et ses encycliques, jamais les réformés ou les épiscopaliens, car on ignore (ou ils cachent) leur opinion sur les thèmes qui provoquent systématiquement la critique du pape.

  • Tonio , 9 mars 2013 @ 8 h 48 min

    De même que l’ont prétend combattre l’alcoolisme, de peur de désigner ces vrais coupables que sont les alcooliques; on dit lutter contre délinquance, parce que certains milieux (..suivez mon regard) s’en voudraient de “stigmatiser” ( novlangue ?) les délinquants eux-mêmes, les pauvres; ces modes d’expression sont nées à la suite d’une escroquerie sémantique venue des milieux de la gôche américaine, quand vers 1960-70 on s’est mis à dire mal-entendants et non plus sourds, c’est d’ailleurs très, très différents, mal-voyants et non plus aveugles, très différent aussi; et les journalistes bébêtes, courant toujours après ce qui leur paraît neuf ou brillant, et n’est pas or, d’emprunter abondamment ces nouvelles expressions, qui détournent de la réalité, pour mieux égarer la pensée du lecteur; et ça sert encore aujourd’hui: la sophistique n’est pas morte, elle agit autrement.

  • Tonio , 9 mars 2013 @ 8 h 55 min

    @morel -C’est bien ce que condamne l’Eglise: l’avortement est un meurtre; les prétendus scientifiques qui opèrent moult “distinguo” entre le vrai commencement de la vie et la réalité humaine n’ont d’autre dessein que de tromper; d’ailleurs un médecin suisse, J-Jacques GAUTIER, alors président du Conseil National affirmait tout de go que la science ne pouvait pas dire quand commençait la vie humaine, il était évidemment en faveur de la loi dite “des délais”; lâcheté d’un politicien qui ambitionne de durer plus que son temps…

  • Pat64 , 9 mars 2013 @ 9 h 31 min

    Ne confondez pas “catholiques intégristes” et chrétiens en général, surtout vous qui avez dit (je cite de mémoire) : ” un homo menace de perturber des cérémonies religieuses, et vous en faites que tous les homos sont des terroristes….”
    N’est-ce pas une contradiction chez vous ?
    Quant à Darnand et sa milice, il y a bien longtemps que l’affaire à été jugée , au même titre que les crimes de Staline ainsi que les grands criminels nazis, je ne vois pas ce que Darnand vient faire dans cette discussion.Les minorités ne font pas toujours des généralités, surtout quand elles sont minables.

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