Tribune libre de Christian Vanneste*
J’ai mis à profit ce long week-end de la Toussaint pour participer à deux rencontres très différentes en apparence, et cependant très complémentaires : la première, à Paray-le-Monial était un colloque de chrétiens engagés en politique. J’y étais en tant que Président de Famille et Liberté. La seconde était une intervention du Président du Rassemblement pour la France devant le Bloc Identitaire à Orange. Deux atmosphères opposées : d’une part, des échanges très riches intellectuellement entre des responsables chrétiens de sensibilités diverses, des “poissons roses » socialistes à Civitas, avec la modération dans les propos et la recherche du consensus propres aux croyants ; d’autre part, une salle emplie de militants prompts à réagir par des applaudissements ou des huées aux propos des orateurs.
Et pourtant, le problème principal était le même. L’Europe a renoncé à inscrire les valeurs chrétiennes dans le socle de sa Constitution. En niant de façon aussi aveugle son identité, elle a perdu son âme et s’est réduite à n’être que la machine à produire des directives conformes à la pensée unique de la technocratie. Plusieurs des États qui la composent remettent en cause le fondement même de la famille, le mariage entre un homme et une femme, indissociable de la conception chrétienne de la vie sociale. La France s’apprête à ce coup de force contre l’anthropologie, au nom d’une majorité de circonstance. Les chrétiens dénoncent à juste titre dans ce projet destructeur des modèles du père et de la mère, non un progrès social, mais une entreprise nihiliste davantage mue par la logique de la culture de mort que par la satisfaction des revendications d’une minorité de la minorité. Il ne s’agit pas de répondre à une demande des homosexuels, parmi lesquels beaucoup sont hostiles à cette mesure. Il s’agit de détruire une institution liée à la conception chrétienne de la vie.
De la même manière, l’absurde appel à la repentance et à la pénitence à propos d’épisodes de notre histoire, l’oubli volontaire de ses heures de gloire ont pour but de miner la confiance des Français dans leur pays, de les démoraliser. Le patriotisme est indispensable à un peuple confronté à la compétition mondiale. Il est également nécessaire à l’intégration des étrangers. Des Français accueillants doivent être fiers de leur identité nationale, de valeurs qu’ils doivent d’ailleurs mieux connaître. C’est à ce prix que notre mode de vie peut être attirant et digne d’imitation. Sans lui, l’étranger qui vient en France cherchera à imposer le sien, à multiplier les revendications, voire en écho à une prétendue dette historique à en exiger la réparation. La conséquence de cette attitude sera la frustration et le ressentiment des Français eux-mêmes. C’est en affaiblissant l’image de la France pour ceux qui y vivent qu’on prépare la guerre civile.
De Paray-le-Monial à Orange, avec une halte devant les restes de l’église abbatiale de Cluny, chemin faisant, l’image de la France comme un grand fleuve qui a accueilli de nombreux affluents tout en demeurant lui-même, m’est apparue évidente. Ce fleuve au parcours tumultueux, s’il veut continuer sa route, doit avoir confiance en lui et savoir, non sans fierté, qui il est : un pays chrétien, de culture gréco-latine, dont l’histoire militaire a été riche, mais qui a a beaucoup apporté au monde sur le plan scientifique, médical, culturel. C’est donc bien la même volonté d’affirmer une identité qui animait à la fois les chrétiens de Paray et les militants réunis à Orange. Ils ne le disent pas de la même manière, mais, ils disent la même chose : on ne dessine pas un portrait avec une gomme.
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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