Detroit (États-Unis). Ce mardi, des élèves et des professeurs des lycées de la ville portaient le hijab, y compris des catholiques, des protestantes ou des juives, en hommage à Shaima Alawadi, une Irakienne mère de cinq enfants, décédée le 24 mars, trois jours après avoir été frappée avec une clef à pipe à son domicile d’El Cajon, en Californie. Près du corps de cette femme installée aux États-Unis depuis 17 ans (elle et son mari travaillaient pour l’armée), un message l’accusant d’être une “terroriste”. Quelques jours auparavant, la famille Alawadi avait reçu une première lettre de menaces disant : “C’est notre pays, pas le vôtre, terroristes !”
Un crime horrible qui a poussé des internautes à créer une page Facebook intitulée “One Million Hijabs for Shaima Alawadi » (plus de 13 500 “fans”). « Je suis une chrétienne fervente et vais porter le hijab comme une prière durant le mois d’avril” y explique par exemple une internaute californienne, à côté d’une photo où on la voit vêtue d’un voile islamique…
Souvent perçu comme une marque controversée de modestie, d’oppression féminine mais aussi d’affirmation identitaire et religieuse, le hijab serait, si l’on en croit un commentaire enthousiaste du Washington Post, en train de devenir “un symbole universel de solidarité”, autant que le sweat à capuche (“hoodie”) est devenu un signe de soutien à Trayvon Martin, un jeune délinquant noir abattu récemment dans des conditions qui font débat. Des rassemblements “hijab and hoodie” ont d’ailleurs été organisés dans plusieurs universités dont celles du Michigan à Ann Arbor et de Californie à Irvine pour dénoncer le racisme.
Une mode qui ne fait pas l’unanimité. Une enseignante catholique d’un lycée de Detroit nous confiait mercredi regretter que certaines de ses coreligionnaires ne choisissent pas la croix pour rendre hommage à Shaima Alawadi. Cette dernière et son époux avaient quitté l’Irak en 1993 pour Dearborn, dans le Michigan, avant de déménager sur la côte ouest d’où l’écho rencontré par cette mobilisation dans l’État des grands lacs.
Le corps de la malheureuse a été rapatrié en Irak.
Avec notre correspondante permanente aux États-Unis.