par Pierre-François Ghisoni*
Ce quatrième compte-rendu de la réunion du 26 avril traite des besoins fondamentaux d’une personne : comme toujours, une remise en question des évidences, puis des questions très pratiques sur lesquelles se positionner pour le projet d’une île.
Nous employons chaque jour des mots dont le sens précis peut nous échapper. Ne parlons pas des mots savants et compliqués, mais de ceux de tous les jours. D’ailleurs, même pour ces mots simples, il arrive que les spécialistes se querellent.
Il arrive surtout que nous perdions le sens des relations que ces paroles cent fois répétées entretiennent les uns avec les autres.
Nous apprenions à l’école à ne pas additionner trois pommes et deux poires. On oubliait de nous dire qu’il était parfaitement possible de comprendre que nous possédions alors cinq fruits.
Dans les pages suivantes, nous additionnerons des éléments bien plus discordants en apparence.
Mais sont-ils discordants ? Ne sont-ils pas plutôt concordants ? Et comment interviennent-ils dans la grave crise actuelle ?
L’homme des cavernes avait le même souci que nous-mêmes, et peu importe la taille de la caverne, du pavillon, de la grotte, de l’appartement.
L’essentiel est que l’abri existe, qu’il nous abrite bien, des intempéries, des fauves, à deux ou quatre pattes, qu’il satisfasse nos besoins de survie et d’autres niveaux. On peut même penser que cet abri soit élargi : les alentours de la caverne, le chemin qui y mène, notre jardin, le territoire dans lequel nous vivons.
L’essentiel est que nous puissions le trouver, l’acquérir, l’aménager selon nos nécessités, et qu’il serve de base à nos autres projets.
Cela fait, reste à poursuivre notre quête.
Voici quelques questions pratiques :
- Puis-je vivre sous une tente ?
- Combien de temps ?
- Et si on me proposait un habitat tout préparé, quelle serait ma réaction ?
- Quels prix puis-je y mettre ?
- Un grand terrain fait-il partie de mes préoccupations ?
- La question du climat est-elle importante ?
- Ai-je des capacités spécifiques pour construire un habitat ?
- Accepterais-je de travailler en équipe pour une construction ?
- Etc.
En ce sens, une hache néolithique aurait même valeur que le plus perfectionné des ordinateurs.
Il s’agit, encore et toujours de remplir une fonction humaine fondamentale qui nous différencie des animaux : utiliser des outils et mieux encore, les construire, et les développer jusqu’à ce que les outils fabriquent des outils… et qu’ils nous aident à mettre en place une autre de nos caractéristiques humaines : l’activité de travail.
Je parle bien d’activité de travail dans son ensemble et pas simplement d’activité ni de travail. Il s’agit du concept d’ergologie développé par le professeur Yves Schwartz qui associe tout travail réalisé aux décisions actives de l’homme qui l’a réalisé. La liberté et l’humanisation sont à ce prix.
Encore des questions pratiques :
- Mon métier est-il indépendant ou collectif ?
- Me permet-il de m’installer dans tout endroit ?
- Nécessite-t-il de lourdes infrastructures ?
- Peut-il trouver sa place dans une société en construction ?
- Suis-je prêt à en apprendre un autre ?
- Etc.
L’essentiel est de comprendre que le repos physique est nécessaire, mais que le repos intellectuel, moral, psychique, ne l’est pas moins, sinon toute l’économie du corps en souffre.
Le repos prépare à l’activité future. Il n’y a pas de liberté sans repos. C’est tellement vrai que toutes les dictatures s’empressent de former des camps de travail… d’épuisement serait plus juste, et que les sectes les mieux organisées en font de même, en associant études obligatoires, privation de nourriture et autres pressions. Sectes et dictatures, même combat, pourrait-on dire. Enfin, si on ne tombe pas dans l’un de ces pièges, on pourrait continuer ainsi, mais…
Encore quelques questions personnelles qui aident à se décider :
- Comment se passe en général mon temps de repos ?
- Si j’avais plus de temps de repos que maintenant, comment me plairait-il de l’employer ?
- Est-ce vraiment plus de repos que je souhaite ?
- Quels sont mes distractions favorites ?
- S’agit-il d’actions privées ou collectives ?
- Comment vais-je réagir si je ne peux les pratiquer pendant une assez longue période ?
- Quelles autres distractions faciles à mettre en place pourrais-je choisir ?
- Etc.
Une fois de plus, notre projet tient compte des réalités. Il vaut mieux que tous ceux qui souhaiteraient s’y associer commencent à faire un bilan de leurs propres attentes et des inconvénients et avantages potentiels d’une éventuelle implication.
À suivre…
*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.
> partie 1 / partie 2 / partie 3
Pour bien comprendre le projet, lire :
> La France ailleurs et toujours : la possibilité d’une île, par Éric Martin
> Sécession, An I, par Pierre-François Ghisoni
> La France, Louis de Bonald et l’émigration : la vraie patrie, par Philippe de Lacvivier
> La possibilité d’une île : la question monétaire, par Jonathan Schramm
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