Les entrées d’immigrés en France sont sous-estimées, démonstration

Pour l’oligarque Philippe Manière, « la France a un flux migratoire extrêmement ténu ». Pour le consultant Jean-Paul Gourévitch, « la population d’origine étrangère résidant en France s’accroît au rythme de 0,15% par an » (soit environ 100 000 par an). Ces affirmations sont fausses. Elles minorent gravement la réalité. Jean-Yves Le Gallou* en apporte la démonstration.

1 – Ceux qui minorent les flux migratoires ont une excuse : ils s’appuient sur une lecture rapide de certains chiffres de l’INSEE. Cet organisme évalue effectivement « le solde migratoire » à 77 000 en 2011 (entrées nettes d’étrangers corrigées par le flux net de Français partant ou revenant de l’étranger).

Mais quand on utilise des statistiques, il faut faire attention aux… astérisques : l’INSEE précise ainsi qu’il s’agit de « données provisoires », appelées, donc, à être corrigées et qui ont été corrigées par le passé. C’est ainsi que de 1999 à 2005 l’INSEE a fait varier son estimation du solde migratoire annuel entre 62 500 et 92 192 avant de procéder quelques années plus tard à un « ajustement ». En bref, de 1999 à 2005, selon les chiffres définitifs de l’INSEE, la population française a crû de 3 062 000 habitants : 1 784 000 étant dû au solde naturel, le reste se partageant entre un solde migratoire de 617 000 et un « ajustement » de 661 000. Qu’en termes pudiques ces choses-là sont dites : le solde naturel (naissances moins décès) étant connu, « l’ajustement » n’est rien de plus que le nom en novlangue du solde migratoire. Ainsi, de 1999 à 2005, l’INSEE a affiché un solde migratoire annuel moyen de 88 000 avant de le réviser en catimini à la hausse et de le porter à 182 000, soit un doublement.

Source :
> Bilan démographique 2011

2 – Le plus étrange est que l’INSEE affiche à nouveau, à partir de 2006, un solde migratoire moyen modeste à hauteur de 76 000 seulement. Par quel miracle le solde migratoire aurait-il pu diminuer de moitié de 2006 à 2011 par rapport à la période 1999/2005, alors même que la délivrance des titres de séjour est restée stable, que le nombre des demandeurs d’asile a fortement progressé et que chaque année les clandestins bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat augmente de 15% par an ? Gageons qu’il n’y a pas de « miracle » et qu’il suffit d’attendre le prochain « ajustement » de l’INSEE.

3 – Pour se faire une opinion juste de l’évolution des entrées d’étrangers et de la progression de la population d’origine étrangère, nous nous proposons d’analyser l’évolution sur 10 ans du « stock » de populations étrangères et des différents flux d’entrées et de sorties qui l’affectent. Selon les recensements partiels de l’INSEE (Chirac et Jospin ont supprimé les recensements généraux), il y avait 3 771 000 étrangers en France en 2009 au lieu de 3 338 000 en 1999, soit 443 000 de plus en 10 ans, soit 44 000 de plus par an. Dans le même temps, de 1999 à 2009, 1 427 000 étrangers ont acquis la nationalité française et disparu des statistiques comme étrangers. Toujours durant la même période (31 décembre 1999 au 31 décembre 2009), 236 000 étrangers sont décédés (environ 4% du total des décès). Le nombre des étrangers nouveaux s’élève donc à 443 000 + 1 427 000 + 236 000 soit 2 160 000, soit 216 000 par an, soit 0,325% de la population, plus du double de l’estimation de Jean-Paul Gourévitch.

Sources :
Population étrangère et immigrée
Accès à la nationalité française
Décès par sexe et nationalité (voir dans le 2e § du texte le renvoi à  « tableau 66 France »)

4 – Cette augmentation du nombre des étrangers supplémentaires a deux causes : les naissances et le solde des entrées. Durant cette même période 563 000 enfants sont nés étrangers de deux parents étrangers, soit 56 000 par an (les enfants nés d’un parent étranger et d’un parent français sont réputés français). Par soustraction, cela signifie qu’il est entré, de 1999 à 2009, 1 597 000 étrangers supplémentaires durant la même période, soit 160 000 par an, soit 0,025% de la population. Ce chiffre doit évidemment être considéré comme un minimum : il suppose que le recensement de 2009 ait été correctement effectué et extrapolé, ce qui est douteux. Quoi qu’il en soit, ce chiffre est proche de celui de 200 000 que nous avions avancé, à partir des déclarations d’entrées, lors du dernier colloque de l’Institut de géopolitique des populations.

Le grand remplacement de population

5 – Ces chiffres arides ne donnent qu’une idée incomplète du grand remplacement de population en cours. Ainsi, plus du tiers des décès d’étrangers concerne encore des Portugais ou des Espagnols. A contrario, les naissances d’un ou deux parents étrangers concernent à 90% des ressortissants hors Union européenne.

Les statistiques de naissances 2011 de l’INSEE, selon le pays de naissance des parents, sont, elles aussi, éclairantes : sur 823 000 naissances, 604 000 proviennent de deux parents nés en France (Français de souche, Domiens, ou immigrés de deuxième ou de troisième génération) soit 75%. Pour le quart des naissances, les deux parents ou l’un des deux est né à l’étranger : pour 191 000, soit 87%, de ces 219 000 naissances, l’un des deux parents ou les deux parents sont nés hors Union européenne. L’évolution du nombre des naissances de 1998 à 2011 est aussi éclairante : lorsque les deux parents sont nés en France, le nombre des naissances augmente de 2%, lorsque l’un des deux est né en France de 13%, lorsque les deux sont nés à l’étranger de 38%.

Source :
>  Naissances selon la nationalité des parents

L’analyse de l’indice conjoncturel de fécondité pour l’année 2008 complète ce tableau. Le taux moyen de 2,01 par mère est très fortement contrasté : il s’élève à 3,99 pour les femmes étrangères hors Union européenne. Voilà des données à garder en tête quand le gouvernement, l’INSEE, l’INED et les médias se féliciteront des « bons chiffres » de la « natalité française » pour 2012 (cela ne saurait tarder !).

Source :
>  Bilan démographique 2011 / La Fécondité reste élevée

La minoration des chiffres par précaution

Dans la dernière monographie (novembre 2012) de Contribuables associés sur « L’immigration en France, dépenses, recettes, investissements, rentabilité », Jean-Paul Gourévitch réévalue à la baisse – à 17 milliards au lieu de 36 milliards dans sa première étude – le coût de l’immigration. L’étude est intéressante et paraît bien documentée. Son résultat est néanmoins surprenant : en décalage avec les études antérieures de son auteur et les travaux de l’Institut de géopolitique des populations. Polémia va examiner cette étude. D’ores et déjà, il apparaît que sur un point crucial – le nombre d’entrées annuelles d’immigrés – l’étude sous-estime manifestement la réalité comme nous l’avons démontré ci-dessus. Or le coût marginal (en investissement et en charges sociales d’un étranger supplémentaire) est élevé. Les nouveaux chiffres de Jean-Paul Gourévitch sont donc probablement sous-évalués. Dans un domaine où la pression du politiquement correcte est puissante on ne peut exclure l’hypothèse d’une minoration par précaution.

En vérité, là où les statisticiens s’effraient des chiffres qu’ils découvrent, ce sont les écrivains qui aident le mieux à prendre conscience de la réalité. Millet ou Camus nous éclairent davantage que l’INSEE, ou l’INED. Mais cela n’interdit pas de corriger les désinformations. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage !

*Jean-Yves Le Gallou est un intellectuel français. Il préside la Fondation Polémia (site).

Related Articles

12 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • René de Sévérac , 5 janvier 2013 @ 15 h 20 min

    Une étude macroscopique approfondie permettrait d’affiner les résultats suivants :
    . en 1950, la population française est de 40 M,
    . elle évolue assez bien grâce au baby-boom,
    plus entrée en France des “pieds-noirs” et juifs dAFN (environ 1 M au total)
    et accroissement de l espérance de vie (de 70 à 80 ans).

    Il est don raisonnable de penser que la population autochtone est comprise entre 50 et 55 M.
    En conséquence la population allogène (toutes générations confondues) serait alors de 10 à 15 M.

    Notons que l INSEE donne (pour la 10 dernières années) un gain de population de 4 M.
    Il ajoute que l essentiel provient de la différence naissances/décès.
    Mais il y a lieu de penser que les excédents de naissances proviennent de populations allogènes alors que les décès (dans leur quasi totalité) concernent des populations indigènes (de souche).

  • gérard (l'autre) , 5 janvier 2013 @ 15 h 23 min

    Mais … Attali n’a t-il pas dit que 40 millions d’immigrés en Europe était une chance ???

  • hille , 5 janvier 2013 @ 16 h 24 min

    Bonjour,
    Si l’immigration pose problème c est que nos politiciens de droite ou gauche posent un problème certain… voire dangereux
    Lequel ? à votre avis ?…
    Qui donne les ordres pour accueillir limmigration régulière dans les Consulats de France ?…
    A mon sens ce ne sont pas les fonctionnaires de ces consulats mais plutôt les gouvernements successifs …

    Alors bien sûr il est de bon ton de gloser ad libitem !…
    Glosez..glosez… vous êtes emplâtre sur jambe de bois…Française …

    J aimerais que l immigration diminue fortement en faveur de l immigration professionnelle consentie et choisie ( et non de peuplement comme depuis 1981 mais je sais qui a la clef…Vous aussi d ailleurs !……Vous feriez mieux de jouer cartes sur table au lieu d éructer pour ne rien dire

    Bien à vous

  • tirebouchon , 5 janvier 2013 @ 20 h 14 min

    Avant lui il y avait eut Stasi, le bien nommé, et encore avant eux Lionel Stoléru….

    Mais que dire sinon que la volonté des français sexprime dans la situation dans laquelle elle se trouve aujourdhui……………Alors quelques résistants sans armes, sans moyen, qui râlent, mais qui nont aucun moyen d agir, alors qu il suffit de voter pour le FN rien d autre ne pas se poser de question…voter FN et on verra bien…

  • Hu de Bzc , 7 octobre 2013 @ 14 h 21 min

    le camp des saints , jean raspail

Comments are closed.