Voici le courrier d’un lecteur au Droit de vivre, la publication de la LICRA, publié dans le n°640 :
Comprenant que le n° 638 fût mis sous presse presque simultanément à l’affaire Merah, j’attendais de voir le 639, daté de juin. C’est fait.
Force est de constater que la véhémence du 638, fustigeant le vote FN, est remplacée par une grande modération du 639. On aurait pu s’attendre à une page de couverture barrée par un énorme : « TOULOUSE : ET MAINTENANT QUOI ? « Car telle est la vraie question posée à la Licra ; d’ailleurs, indépendamment de l’affaire.
Sans surprise, que nenni : l’affaire est absente de la couverture. Elle est certes mentionnée à l’intérieur, mais presque au passage. Le pois(s)on est noyé dans une multitude de « ismes ».
On aurait voulu « relativiser », on ne ferait pas autrement. Le nom « Merah » n’est pas cité souvent… Un lecteur distrait pourrait croire que l’assassin s’appelait Martin Dupont. D’ailleurs, j’ose à peine imaginer à quoi ressemblerait la couverture du « DDV » si tel était le cas…
N’êtes vous pas en retard d’une guerre ?
La réponse est oui.
Meilleures salutations,
K. Schnur
Réponse d’Antoine Spire :
Vous avez raison, l’affaire Merah est importante, mais elle ne fait pas le tout de la situation de notre pays. Ce n’est pas en passant que je l’ai mentionnée et analysée dans la moitié de mon édito du précédent numéro, et Jacques Tarnero y revient sur deux pages dans ce numéro, à sa manière.
Cela dit, nous avons commencé dans le numéro précédent du « DDV » de prendre la mesure du phénomène islamiste à travers le travail de Gilles Kepel et de son équipe de sociologues. Dans les banlieues, des jeunes qui n’ont pu accéder à une vraie formation – et dont une grande part est au chômage – sont tentés par une dérive islamiste. Sous l’emprise d’un intégrisme dévastateur, ils incriminent la société démocratique et se forgent des convictions qui peuvent les amener à céder à la tentation terroriste.
Mais vous auriez tort de les stigmatiser en fonction de leur origine (parmi eux, il y a des « Dupont » convertis à l’islamisme). Il y a dans une certaine obsession des origines quelque chose de nocif qui vous entraîne à croire que celui qui terrorise est déterminé par sa naissance. Non, il est responsable de ses actes, les commet en connaissance de cause, et c’est pour cela que la Licra le combat.
Bien à vous
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