Tribune libre de Pierre-François Ghisoni*
La guerre sous toutes ses formes, entraîne deux ennemis. A perdu d’avance celui qui n’ose pas considérer son ennemi comme tel ou qui n’ose pas s’affirmer en ennemi de son ennemi.
Les slogans globalisateurs, mondialisants, ou égalitaristes sont des causes de ruine car il n’est de richesse que d’Hommes… d’Hommes divers et non d’esclaves satisfaits de leur sort, de robots névropathes d’assimilation obligatoire, de disques rayés en tenues de « bobos ».
C’est pourquoi ce sont aussi des déclarations de guerre envers des vaincus d’avance, si ces derniers n’osent pas les relever comme tels et s’affirmer contre.
On distingue différentes sortes de guerres. Les plus « simples » viennent de conflits de territoires, de richesse. Si terribles qu’elles soient, elles peuvent toujours se régler par des négociations. Des guerres de « marchands » en quelque sorte.
Elles ont peu de risque de rupture civilisationnelle. Le citoyen du parti perdant paiera ses impôts à une nouvelle administration… et en tirera éventuellement des bienfaits. Sait-on, par exemple, que le système de sécurité sociale français « que la planète entière nous envie » (Triple cocorico !) est un héritage bienvenu attribué à l’Alsace par Bismarck après la guerre de 1870 ?
Bien différentes sont les guerres identitaires : L’ennemi est l’Autre, et pire : l’Autre « est » Ennemi. Le verbe « être » prend ici tout son sens d’identité aussi imprescriptible que les crimes ainsi qualifiés. Pas de quartier ! …sauf de boucherie !
Les civils ne sont pas épargnés, voire deviennent des cibles de choix : représentatives et faciles. Les moyens d’extermination se développent, les propagandes prennent le dessus sur les stratégies militaires. Allons-y pour les camps d’extermination, de rééducation par la famine, l’endoctrinement, les massacres à tout-va célébrés comme des « libérations » y compris par des journaux aussi objectivement faux que faussement objectifs. Les grandes dictatures totalitaires rivalisent d’ingéniosité et les petites leur emboîtent le pas. Il faut couper des bras, des pieds, des nez, violer pour enfanter des êtres impurs, malléables, retournables. Le paradis sur terre se mérite… sauf pour ceux qui ont été déclarés coupables : les Autres. Alors, en très « pure » logique, ils méritent bien leur enfer sur terre. À vomir… si ce n’était interdit par les « Bienfaiteurs de l’humanité ».
Heureusement, tout cela est terminé ! Il n’y a plus d’Autre. La preuve : « Nous sommes tous… ». Que sommes-nous tous ? Peu importe. Nous sommes tous… Vous mettrez ici ce que vous voulez, puisque c’est le leitmotiv de la grande globalisation, du rejet de la « différence » qui n’est le plus souvent que la chute dans la haine de l’Homme.
Une caractéristique de ces guerres identitaires, est leur double polarité, extérieure et intérieure, « nationale » peut-on dire. Autre caractéristique : l’ennemi n’est plus seulement un groupe, mais un individu, le voisin de palier, le passant, le collègue, celui qui ose parler, émettre une critique, ne pas applaudir à tout rompre, demander un peu de bon sens.
Il ne reste plus à celui-ci qu’à se taire, demander pardon, accepter le châtiment des « politiquement-bien-pensants » : au mieux l’étouffoir, ou pire, la vindicte des tribunaux, en attendant l’indignité nationale.
Il lui reste aussi à rechercher des amis, des alliés, des solutions, à se raidir en sa conscience, à défendre ses choix vitaux, et jusqu’à ses idéaux. L’engrenage est en marche, de toutes ses dents.
Alors, le présent parle. Est-on opposé à un mariage entre homosexuels ? On devient homophobe. Pire que cela, exclu, exclu suprême, nazi ! Cela a déjà commencé. Que l’on soit homosexuel soi-même n’y change rien : doublement homophobe ! J’attends que quelque déliquescent en col blanc fulmine une diatribe pseudo philosophique sur la trahison des homosexuels homophobes.
Mais surtout, la guerre identitaire est en marche, la pire, celle des minorités qui ne se supportent pas en tant que telles et veulent imposer leurs choix à la masse de ceux qui ne les partagent pas. Alors, puisant en leurs réserves de colère, elles montent en haine, pervertissent le sens immémorial des lois, au risque d’abattre la longue construction d’une nation.
Oui, ce risque existe… à tous les niveaux de l’État… Un risque normal ?
*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.
10 Comments
Comments are closed.