Pierre Albaldejo, ancien joueur international de rugby et commentateur pour la télévision et sur Europe 1, a été surnommé « Monsieur Drop » pour son remarquable jeu au pied et totalise 104 points en équipe de France. Il livre ses impressions sur le XV tricolore aux Nouvelles de France.
Quelle est votre analyse sur le parcours de l’équipe de France pendant cette coupe du monde ?
Je pense qu’il y a eu deux équipes de France. Il y a d’abord celle des phases éliminatoires qui a joué de manière très contestable. On ne sait pas bien s’il y avait vraiment de la manière dans ce jeu là. Toujours est-il que les circonstances nous ont permis d’accéder à la finale. En revanche il y a eu une seconde équipe de France qui a réalisé l’exploit de battre les Gallois eux-mêmes ayant accomplis un parcours magnifique. C’est à l’occasion de ce match qu’on a vu que l’équipe de France possédait une volonté, un esprit de groupe dont la devise aurait pu être « vaincre ou mourir ».
Oui mais les Gallois ont joué à 14 les deux tiers du match.
Oui et c’est tout à leur honneur mais ils étaient maître du jeu et c’est justement là qu’il a fallu pour les Français faire preuve de courage, de volonté et de collectivisme.
Qu’avez-vous pensé de la finale contre les Blacks ?
Je dis toujours qu’en sport on a 20% de chance de gagner. Il fallait aller chercher le bonheur avec les dents face aux Blacks. Dans leur mécanisme bien huilé, nous sommes allés les chercher dans leur camp. Quand les joueurs sont rentrés au vestiaire à la mi-temps avec seulement 5-0 pour les Néo-Zélandais, personne n’avait encore gagné le match. Ils ont douté. C’est très latin tout cela. On sait que les Français ne réalisent jamais trois exploits de suite. L’exploit de cette coupe du monde, c’était la finale, même si nous ne l’avons pas gagnée. On ne peut rien reprocher à personne, nous nous sommes mis en position de marquer. Les Français ont, par ailleurs toujours besoin de se mettre dans le match 3 jours avant alors que les Britishs, au contraire, ont un self-control qui leur permet de se concentrer le matin du match.
Une anecdote me revient en mémoire. En 2003, avant la finale Australie-Angleterre, Rob Andrew, le patron du rugby anglais m’a dit : « Pierre, vient me voir à l’hôtel, tu verras les joueurs ». Là j’ai vu, le matin de la finale, des joueurs totalement décontracté, certains étaient même partis faire des achats en ville.
A-t-il manqué un « Monsieur drop » ce soir là ?
Trinh-Duc a essayé mais sa tentative n’est pas passée. Remarquez, Wepu, le buteur Néo-Zélandais n’a pas été dans un grand jour. Nous nous sommes mis en position de pouvoir conclure plus de fois que les Blacks. L’essentiel nous a manqué mais cela fait partie des 20% de chance.
On parle peu des avants, pourtant ce sont eux qui récupèrent les ballons.
Nous avons eu une troisième ligne souveraine mais c’est parce que nous avions cinq gars devant qui ont été irréprochables. Ils ont fait bloc.
Qui a été l’homme du match selon-vous ?
S’il fallait en désigner un, je dirais Dusautoir, un capitaine à la fois lucide et offensif.
Entretien à suivre… lundi sur Nouvelles de France !
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